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Camellia Sinensis: vingt ans de thés

Cette année, Camellia Sinensis célèbre ses 20 ans. Vingt années de découvertes et d’expérimentations qui ont culminé avec l’inauguration, le printemps dernier, d’une petite fabrique de thé dans les Nilgiris, en Inde. Rencontre (autour d’une théière) avec l’un des spécialistes de la maison de thé montréalaise, Hugo Americi.

Pouvez-vous décrire, 
vous qui voyagez chaque année en Asie pour goûter toutes sortes de thés, quelles sont les caractéristiques d’un thé de qualité?
Tout part du cultivar. Dans le thé, on a des cultivars, comme un vigneron cultive des variétés comme le cabernet sauvignon ou le merlot. La qualité de la plantation compte aussi, de même que le temps de l’année où on fait la cueillette. Le printemps est un bon moment. En revanche, c’est plus difficile en plein été avec la mousson.

Il faut également regarder la manière dont les feuilles sont cueillies. Une cueillette plus précise où on prend le temps de choisir les petites pousses toutes fraîches est plus lente, mais apporte plus de qualités gustatives. Si la feuille est trop mature, le goût s’efface tranquillement.

Après 20 ans, arrivez-vous encore à faire des 
découvertes?
Les deux ou trois premières années, on revenait toujours d’Asie avec beaucoup de nouveaux thés, mais maintenant que nous en avons 200, c’est plus rare que nous réussissions à en intégrer un nouveau. À Taïwan, je pense que j’ai parcouru toute l’île, et même si je ne dirais pas que j’ai fait le tour, c’est plus rare d’arriver dans une région où je n’ai jamais vu ni goûté quelque chose.

[Il y a quelques semaines], je suis allé pour la première fois en Corée [du Sud]. C’était surtout un voyage d’exploration pour aller voir comment ils fonctionnent là-bas. D’abord, presque tout le monde a viré bio, ce qui est intéressant. Ils ont aussi conservé leurs méthodes traditionnelles et sont très peu mécanisés. Avec leur main-d’œuvre qui coûte cher, on obtient un kilo très dispendieux. J’ai quand même trouvé un thé noir en particulier qu’on pense distribuer à l’automne, et deux ou trois autres nouveautés pour le printemps prochain.

Vous avez installé votre fabrique de thé en Inde. Est-ce qu’il serait un jour envisageable de faire pousser du thé ici, par exemple dans des serres?
Ça ne serait pas rentable. Cela dit, j’ai déjà vu des serres mécaniques au Japon. Ici, il faudrait en faire pousser à l’extérieur parce que sinon, ça coûterait 55$ le petit sac notamment en raison des coûts du chauffage. En plus, on n’a aucune connaissance pour faire la transformation.

Dans des régions comme Hawaii, où le climat permet pourtant que le thé pousse, il manque l’expertise et l’équipement. On se retrouve avec des gens qui ont leur petite plantation et qui transforment ça dans leur cuisine avec des chaudrons. Pour y avoir goûté, ce n’est pas encore au point.

Certaines plantes du Québec peuvent en revanche faire d’excellentes tisanes…
Oui! Il y a le thé du Labrador, le thé des bois et la lavande, par exemple. Le domaine de la tisane prend de l’ampleur et il y en a de très bonnes. C’est intéressant d’infuser de belles feuilles entières au lieu de la petite poudre dans des sachets.

Cela dit, il faut faire attention à la cueillette, en particulier pour le thé du Labrador. Pour notre part, nous n’encourageons que ceux qui ont une démarche respectueuse, sinon ça tue la plante.

Observez-vous davantage d’engouement pour le thé aujourd’hui?
Il y a certainement plus de tourisme du thé qu’avant. On voit ici [dans la boutique du Quartier latin, NDLR] de plus en plus de vrais amateurs qui arrivent de Boston ou de New York et qui nous disent qu’ils nous connaissent parce qu’ils commandent sur l’internet.

Quels thés sont les plus populaires, actuellement?
Le thé vert japonais est dur à détrôner. Année après année, nos importations grossissent. Il y a aussi un gros engouement pour le matcha, aussi bien en latté que nature.

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