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Environnements à échelle humaine

Lors du premier cours que j’ai donné en design urbain, j’ai entraîné mes étudiants dans un de mes quartiers préférés : la Petite Bourgogne, sur la rue Coursol. Notre projet visait à déterminer ce qui rend cet endroit si agréable. Nous avons donc étudié le style des maisons, les grands arbres, les façades personnalisées au fil des ans, les balcons et les escaliers. Mais l’ingrédient essentiel qui fait de chaque environnement un endroit où il fait bon vivre est pourtant souvent oublié. Il s’agit de l’échelle humaine.

Elle fait référence à notre rapport avec les endroits dans lesquels nous évoluons. Par exemple, marcher dans les rues de Bologne ou Sienne, en Italie, est une expérience agréable. En revanche, se tenir debout à la gare de Milan n’est pas très agréable, puisque les plafonds hauts et les imposantes statues donnent au visiteur l’impression d’être tout petit.

L’échelle humaine donne donc le sentiment de faire partie du décor. La largeur des rues, la distance entre les bâtiments et la rue ainsi que leur hauteur l’influencent. La taille des arbres et des lampadaires contribue également à la création d’une bonne échelle. Cet ingrédient indéfinissable a cependant disparu des paysages urbains d’Amé­rique du Nord.
 
Chronique d’une disparition
Au cours de la dernière décennie, nous avons été témoins de sa disparition dans les nouveaux développements résidentiels. Les urbanistes et les promoteurs immobiliers ont construit des communautés à faible densité. Ainsi, la construction de 7 ou 10 unités par hectare est devenue la norme partout en Amérique du Nord.

Avec de basses densités viennent de plus larges rues et des maisons cons­truites moins en hauteur qu’en largeur. Quant aux arbres, ils sont souvent remplacés par du gazon. Et afin de faciliter le passage des camions de pompier et de simplifier les opérations de déneigement, les rues de 40 à 50 pieds de largeur sont devenues la norme.

Recréer des quartier à échelle humaine
Parce qu’on s’inquiète déso­rmais de l’étalement urbain, il est de plus en plus envisageable de ramener l’échelle humaine dans nos quartiers. Il est toutefois impératif de s’assurer que la «densification» ne devienne pas une autre occasion manquée dans le design des nouveaux développements.

Une rue de 20 pieds de largeur est bien assez large. Une promenade à travers les rues de Paris permet de constater l’espace disponible. Les maisons à deux étages peuvent aussi contribuer à recréer une échelle bien proportionnée. De plus, l’espace entre les maisons et les rues devrait être réduit.

Conserver les arbres de­vrait aussi devenir obligatoire. Les nouvelles communautés ont l’habitude de planter de jeunes arbres ou des arbustes qui mettent des années avant d’atteindre la taille idéale.

L’Europe est une des destinations préférées des Ca­nadiens. Nous aimons errer le long des rues étroites de Rome, de Londres ou d’Am­sterdam. Les voyageurs qui ont visité ces villes se demandent souvent pourquoi nous ne sommes pas parvenus à recréer de tels environnements en Amé­rique du Nord.

Le temps et la culture sont des facteurs qui ont sans aucun doute contribué à embellir ces lieux. Mais il y a aussi le gros bon sens qui entre en jeu; de quoi garder l’échelle humaine en tête.

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