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Aviculture urbaine: l’œuf et la poule

Photo: Métro

Contre vents et marées et malgré qu’il soit interdit à Montréal de posséder des poules, plusieurs citoyens se lancent dans l’aviculture urbaine.

C’est le cas de Martin qui a adopté, l’an dernier, deux poules pondeuses qu’il a installées dans sa petite cour du quartier Villeray. «Ma réflexion part beaucoup du désir de s’alimenter soi-même, dit le Montréalais. Je veux être capable de produire un peu ma nourriture et mettre la main à la pâte, à petite échelle.»

Et il n’est pas seul dans cette sitaution, les poulaillers urbains se multiplient dans la métropole. «Les poules urbaines sont là et les gens ont besoin de conseils», dit Catherine Huard, cofondatrice de Plumes et jardins, une entreprise de Laval qui offre l’atelier Poules urbaines 101, pour défaire les mythes liés aux poules urbaines et permettre aux intéressés de commencer leur aventure avicole en connaissance de cause.

«Les gens ont de l’intérêt, dit Mme Huard. Il y a plusieurs personnes qui attendent que ce soit légal et d’autres se lancent malgré tout, en comptant sur la tolérance des villes.»

Pour ces derniers, voici quelques pistes sommaires pour entamer la réflexion et en savoir un peu plus sur l’élevage de poules en ville.

Le poulailler
Ce que ça prend minimalement pour accueillir des poules dans sa cour, c’est une zone de protection clôturée pour les poules, un perchoir et un abreuvoir… C’est assez simple.

«Pour 100 à 150$ de matériel, tu peux le faire toi-même, raconte Martin, qui a fait ses recherches avant de se lancer. Mais moi je me suis acheté un petit poulailler urbain sur l’internet.»

Pour la superficie, ça ne prend pas beaucoup d’espace. Catherine Huard estime qu’une surface (intérieure) de 12 à 16 pieds carrés convient pour accueillir trois ou quatre poules, avec un accès à l’extérieur se dégourdir les pattes, gratter le sol et se coucher au soleil.

«Il faut toutefois les protéger des prédateurs – moufettes, chats, ratons laveurs… – et il faut qu’elles soient dans une section fermée de la cour pour que les oiseaux sauvages ne soient pas en contact avec elles», explique l’entrepreneure lavalloise, qui croit aussi que les volailles ne devraient pas avoir accès à toute la cour, pour éviter qu’elles ne ravagent les platebandes.

En hiver, les poules n’ont pas besoin de chauffage, insiste Mme Huard. «Mais elles doivent pouvoir se protéger du froid, dans un espace plus restreint», ajoute-t-elle.

Les poules
Alors que certains aviculteurs urbains souhaitent voir éclore leurs poussins, d’autres, comme Martin, adoptent les poules au moment où elles sont prêtes à pondre. «J’ai eu les poules dès qu’elles étaient prêtes à manger la moulée de poules pondeuses», dit le résidant de Villeray.

Les poules pondeuses doivent être nourries d’une moulée adaptée pour elles, très riche en calcium. Mais «elles sont gourmandes, dit Mme Huard, elles mangent de tout, n’importe quoi.» Les restes de table, comme les queues de crevettes, les croûtes de fromage ou les pelures de melon d’eau, sont un festin pour les volatiles.

Les œufs
Une poule de race commencera à pondre vers 5 à 6 mois et pondra de 150 à 240 œufs par année. Chaque poule à son cycle de ponte. Les deux poules de Martin lui fournissent souvent un œuf chacune par jour, ce qui est assez pour subvenir à ses besoins.

«Et les œufs sont vraiment incroyables», s’exclame l’aviculteur urbain.

Interdit, mais…

«Aujourd’hui, le cadre applicable c’est qu’il est interdit d’avoir des poules à Montréal et l’administration n’a pas complété sa réflexion à ce sujet», rappelle Réal Ménard, l’élu responsable du développement durable, de l’environnement, des grands parcs et des espaces verts à la Ville de Montréal. Toutefois, «le règlement sur le contrôle des animaux a été délégué aux arrondissements», ajoute-t-il.

«Dans les faits, nuance pour sa part Catherine Huard de Plumes et jardins, c’est toléré tant qu’il n’y a pas de plaintes des voisins» et en cas de plainte, le plaignant a automatiquement raison.

La Ville n’ignore pas que tout un réseau de citoyens et d’organismes sont favorables aux poules urbaines. On en discute, mais pour l’instant la réglementation ne sera pas modifiée.

L’interdiction est en vigueur depuis 1966.

Pour le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, «la santé publique, la santé et le bien-être des animaux et la protection de l’environnement sont des préoccupations majeures […] relatives à la garde de volailles en milieu urbain».

Infos

  • Le prochain atelier Poules urbaines 101 de Plumes et jardins a lieu le 1er juin.
  • Infos, inscription et autres dates: plumesetjardins.ca

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