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Opinion – Le culte de Nintendo doit cesser

Dans toute l’industrie du jeu vidéo, il n’y a pas un nom plus connu que Nintendo. L’entreprise japonaise a largement contribué au succès de ce médium avec des titres indémodables comme Super Mario Bros. qui fête cette année son 35e anniversaire et The Legend of Zelda. Si les années 70 et 80 étaient marquées par l’âge d’or des jeux d’arcade, la Nintendo NES a de son côté démocratisé le jeu dans les foyers du monde entier. Pour cette raison, Nintendo demeurera toujours une pionnière.

Et c’est peut-être là le problème justement. La popularité et ce que représente Nintendo pour l’industrie semblent aveugler ses fans. Pourtant, l’entreprise la plus riche du Japon est aussi l’une des plus archaïques en quelque sorte. Ce qui est assez drôle à écrire pour ne pas dire paradoxal, car ses consoles et à la limite certains de ses jeux ont le mérite d’explorer des idées nouvelles.

Là où ça se gâche, c’est en matière d’infrastructure et de contenu. Je ne vous apprends rien en spécifiant que Nintendo est toujours au moins une génération derrière ses compétiteurs en matière de jeu en ligne. Le service Nintendo Switch Online, par exemple, offre une fraction des fonctionnalités du PlayStation Network (PSN) ou du Xbox Live (XBL). Vous me direz que c’est aussi à une fraction du prix, mais n’empêche, on remarque un potentiel gâché à chaque nouvelle itération de console. Un code ami en 2020, really?

L’autre constat c’est que si vous vous attaquez à Nintendo de près ou de loin et ce, même avec des arguments à l’appui, le résultat est pire que de botter un nid de guêpes. Comme si l’entreprise était à l’abri de la critique, qu’elle avait un statut différent des autres. Tout le monde sait que Mario, Donkey Kong, Kirby, Samus, Zelda et compagnie ont fait leurs preuves. Ce que je déplore, c’est un certain laxisme de la part de Nintendo. Un laxisme défendu bec et ongles par les fans.

Regardons simplement le calendrier des sorties Switch en 2020. On va se le dire, la pandémie liée à la COVID-19 a bouleversé toutes les industries, en passant des petites boutiques physiques de Pierre-Jean-Jacques au tourisme, à la restauration, tout passe au grinder. Pour Nintendo cependant le problème est encore plus exacerbé, entre autres parce que la culture japonaise s’est moins bien adaptée au télétravail.

Nintendo n’a pas de jeux (Nintendo has no games) est l’un des mèmes les plus répandus dans l’industrie. Avec la Switch, on nous promettait une sucession de sorties grandioses pour éviter la catastrophe Wii U. Si ce n’était de l’annonce récente de Super Mario 3D All-Stars, l’année Switch se serait terminée en queue de poisson (à moins de considérer Pikmin 3 Deluxe comme un killer app).

Quand je parle d’un problème lié au contenu, la collection 3D All-Stars est un parfait exemple du pourquoi je considère que trop de gens vouent un culte à Nintendo. Après des mois de disette sans un Direct bien juteux pour nous rassasier, la société a annoncé une collection de (vieux) jeux à peine retravaillés pour la Switch. On parle ici de portages simples sans nouveautés majeures à plein prix (79,99 $). Pour bien remuer le couteau dans la plaie, Nintendo a même le culot de faire un Disney d’elle et nous vendre ce jeu pour une durée limitée!

Les rares voix qui se sont élevées contre une telle pratique ont eu droit à une montée aux rideaux instantanée. Écoutez, même moi j’ai précommandé le jeu, ce que je fais très rarement. Pour le coup marketing, c’est réussi. Mais ça ne veut pas dire pourt autant que la pratique est saine pour l’industrie.

Moi qui se prépare à être brûlé vif par la communauté

Je comprends l’excitation malgré tout. Pour bien des joueurs, ce sera la seule façon de jouer à trois monuments du genre plateforme en 3D avec Mario 64, Mario Sunshine et Mario Galaxy sans passer par l’émulation ou de vieilles consoles. À en croire les statistiques de précommande, les joueurs avaient très soif de nouveauté sur Switch et jes les comprends. Super Mario 3D All-Stars figure déjà parmi les meilleurs vendeurs de 2020 sur Amazon!

Ce qui m’amène à soulever un autre problème de Nintendo, son grand manque de communication. On ne sait à peu près jamais à quoi s’attendre, les capsules vidéo Direct sont annoncées aléatoirement et le tout est enveloppé d’un épais mystère. Où est la trilogie Metroid Prime, si elle existe vraiment? Et que dire de Metroid Prime 4 qui lui semble ne plus exister? Ah et en passant c’était le 30e de Samus en 2016 et Nintendo n’a rien fait.

Vous allez me dire que j’ai beaucoup de rancune à l’égard de Nintendo et c’est en partie vrai. Je crois que l’éditeur s’asseoit sur ses lauriers en ne livrant que le strict minimum. Que sa culture d’entreprise est ancrée dans le passé, ce qui l’empêche d’adopter une vision progressiste. Peut-être que la vieille garde tire encore trop les ficelles. Ce que je peux affirmer hors de tout doute, c’est que Nintendo est un joueur frustrant de l’industrie.

Nintendo me fait penser à Sega. Deux entités qui dorment sur une tonne de propriétés intellectuelles à fort potentiel et qui préfèrent la plupart du temps se limiter aux séries connues. Où est F-Zero? Kid Icarus? Est-ce qu’on pourrait avoir un nouveau WarioWare sur la Switch please? Au moins Nintendo s’est réveillée un peu avec New Pokémon Snap.

Nintendo est à la fois une société géniale et décevante. J’aimerais simplement que ses fans mettent de l’eau dans leur vin quand vient le temps de dresser un portrait critique de son rendement.

Un texte de Michael Bertiaux de Jeux.ca

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