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Opinion – Persona 5 Strikers : plus suite que spin-off

Quand j’ai terminé Persona 5 Strikers, j’ai eu une petite tristesse; cette fois-ci, je devais vraiment faire mes adieux aux Phantom Thieves.

Mais je ne peux pas me plaindre; après tout, j’ai eu droit à une seconde aventure avec mes rebelles préférées, loin du spin-off sans ambition auquel je m’attendais.

Musou, mais pas vraiment

Il faut me pardonner d’avoir cru à un spin-off sans trop de conséquences sur l’histoire principale, parce que c’est souvent le lot de ces musou.

Les musou, si vous n’êtes pas familiers avec ce terme, ce sont ces jeux où vous incarnez un héros qui s’attaque à des dizaines voire des centaines d’ennemis à la fois sur un champ de bataille. Bref, il faut penser à Dynasty Warriors ou Hyrule Warriors.

J’aime beaucoup ce genre de jeux défoulant. Mais après avoir joué à Hyrule Warriors et à Fire Emblem Warriors, il faut avouer que le scénario se contente habituellement de trouver une raison pour réunir tous ces personnages, souvent une histoire d’univers parallèles, afin de laisser place aux combats.

Je m’attendais donc sensiblement à la même chose de Persona 5 Strikers; il y a des démons et basta, allez vous défouler.

Mais Persona 5 Strikers n’est pas tout à fait de la même espèce que ces autres titres. Oui, il y a des inspirations musou, mais ce n’est pas tout à fait ça non plus. En fait, P5S reprend les codes du musou pour en faire un Action-RPG qui peut rappeler Tales of ou Ni No Kuni.

Un accent important est mis sur l’apprentissage de sorts, la fusion de Personas et la gestion des points de magie (SP), tout comme dans un Persona classique.

Vous devez cibler les faiblesses élémentales de vos ennemis afin de les mettre en position de fragilité et pouvoir ainsi lancer des actions de groupe. La composition du party, et par conséquent le développement de chacun des personnages, devient donc essentiel au succès.

Bref, on retrouve pratiquement tous les éléments du système de combat d’un Persona classique… sauf que l’action se déroule en temps réel, et avec beaucoup plus d’ennemis.

Un scénario recyclé mais enlevant

Ce n’est pas seulement au niveau du gameplay que Persona 5 Strikers se démarque. Au niveau du scénario également on a décidé de nous offrir une suite digne de ce nom, pas qu’un simple spin-off non-canonique.

L’histoire reprend un an après les événements de Persona 5. Les héros se retrouvent avec des plans pour profiter de leurs vacances estivales… jusqu’à ce qu’une nouvelle menace apparaisse.

Ce ne sont plus des palais, mais des prisons cognitives qui apparaissent à travers le Japon, dirigées par des monarques qui volent les désirs des hommes pour les contrôler.

Les héros doivent donc partir en campeur aux quatre coins de l’archipel nippon pour arrêter les monarques et démasquer le cerveau derrière l’apparition de ces mystérieuses prisons.

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Sophia, nouvelle membre des Phantom Thieves

On a le droit à une suite en bonne et due forme, confirmée canonique par les créateurs de la série.

Si vous avez joué à Persona 5, les thèmes vous seront familiers : amitié, courage et liberté individuelle. On a aussi l’impression que nos protagonistes réapprennent les mêmes leçons. Mais c’est raconté de belle façon, si bien qu’on se plaît à suivre l’histoire malgré la familiarité.

On apprécie également que l’histoire donne une belle place à Haru, qui arrivait si tard dans le jeu original qu’on l’oubliait. On peut enfin apprendre à la connaître (vous allez voir, est ben smatte).

Une présentation toujours nickel

Le grand point fort de Persona 5, c’est la présentation, et P5S se montre à la hauteur. On réutilise les menus stylés de Persona 5, le look des donjons est encore une fois travaillé, et les nouveaux venus, Wolf et Sophie, ont leur place dans les Phantom Thieves.

La musique continue également la tradition d’excellence de la série Persona (dis-je en tant que gars qui vient de flamber 100 $ pour des vinyles de Persona 5 Royal). On ramène des pièces originales de Persona 5, pour le plus grand bonheur de nos oreilles. D’ailleurs, si vous avez des sauvegardes de Persona 5 et/ou de Persona 5 Royal, vous aurez droit gratuitement aux pièces correspondantes en DLC.

On a également ajouté quelques pièces et remix des pièces originales, et la qualité est tout à fait comparable au jeu de base, ce qui est un grand compliment pour tous ceux qui connaissent le tour de force qu’est l’œuvre de Shoji Meguro.

Quelques faiblesses

Même si je suis dithyrambique jusqu’à maintenant, je dois quand même ajouter quelques nuances : Persona 5 Strikers n’est pas tout à fait au niveau de son illustre prédécesseur (qui est accessoirement l’un de mes jeux favoris de tous les temps).

Si la plupart des mécaniques de jeu sont transposées, l’une des mécaniques les plus essentielles de la série est passée à la trappe; celle des liens sociaux.

Ainsi, impossible d’améliorer vos rapports avec vos coéquipiers. Vous pouvez certes remplir quelques requêtes pour eux, mais vous serez récompensés en objets et autres avancements.

Il n’est pas non plus possible de développer une relation amoureuse avec quiconque, même si on est en plein février. En fait, si vous étiez en couple avec l’une de vos coéquipières dans Persona 5, le jeu choisit simplement d’ignorer complètement votre relation.

On tente aussi de reproduire l’aspect donjon de Persona 5 en demandant au joueur une rigoureuse gestion des SP… sans toutefois se consacrer complètement à l’idée. Il suffit de se rendre à un point de sauvegarde puis de quitter et revenir au donjon, pour être complètement guéri, sans le moindre inconvénient… sauf celui d’avoir perdu de précieuses secondes en temps de chargement.

Pourquoi avoir choisi un tel système? Il aurait été préférable d’ajuster la difficulté des donjons pour qu’on doive les compléter sans pouvoir quitter, ou au contraire, permettre une guérison instantanée dès qu’on atteint un point de sauvegarde. Cet entre-deux étrange ne fait que nous punir en temps de chargement, sans vraiment créer de gameplay intéressant.

Finalement, ceux qui ont complété Persona 5 Royal (la version « améliorée » de Persona 5) seront déçus d’apprendre que les personnages et événements additionnels présentés dans Royal sont complètement ignorés dans Strikers.

C’est compréhensible, puisque Strikers est sorti avant Royal au Japon. Mais il demeure qu’ici, en Occident, ce n’est pas l’ordre dans lequel on a reçu les jeux. J’étais déçu de voir Kasumi reléguée au rang de simple personnage non-canonique.

Une dernière surprise

Malgré ces quelques petits faux pas, Persona 5 Strikers demeure un incontournable pour les fans.

En fait, je le recommanderais même aux fans de jeux d’action, puisque l’histoire est relativement compréhensible en elle-même.

Le soin apporté par les développeurs au titre montre qu’on a voulu élever ce spin-off au rang de véritable suite. Au final, il s’agit d’un Persona 5-2 avec un gameplay différent, tout simplement.

Avec une durée de vie de 40 h (ajoutez 15 h si vous voulez tout faire, sans compter la Nouvelle partie +), Persona 5 Strikers offre également une durée de vie enviable.

Strikers, au final, est un charmant rappel pour Persona 5, un dernier tour de piste pour nos héros avant qu’ils ne laissent leur place à une nouvelle génération d’adolescents qui devront faire face à leurs démons.

Adieu Ryuji, je vais m’ennuyer ?

Note : Un code PS4 nous a été fourni gratuitement à des fins de critique. Nous avons joué sur PS5. Nous ne pouvons attester de la performance sur les autres systèmes.

Un texte de Pier-Luc Ouellet de Jeux.ca

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