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Le dopage affecte aussi les e-sports

Plusieurs joueurs utilisent des substances pour améliorer leurs performances. Photo: Archives Métro

C’est le secret le moins bien gardé du monde du jeu vidéo de compétition: les joueurs utilisent des substances pour améliorer leurs performances. Kory «Semphis» Friesen, ancien de l’équipe Cloud9, a lâché le morceau lors d’un entretien avec Mohan «Launders» Govindasamy la semaine dernière.

Questionné sur la nature «particulière» des échanges que les joueurs de l’équipe avaient entre eux, Semphis a répondu: «Je m’en fous, nous étions tous sous l’Adderall.» Il a aussi laissé entendre que l’Adderall est communément utilisé par les joueurs lors de tournois importants.

Rencontrée lors de l’Electronic Sports World Cup (ESWC) qui se tenait à Montréal, la quintuple championne du monde Stéphanie Harvey abondait dans ce sens: «Tous les joueurs prennent quelque chose. Pour certains, c’est du café ou du Red Bull, mais d’autres vont jusqu’à prendre des médicaments pour être plus concentrés, plus éveillés. […] Il y en en a vraiment beaucoup.»

Un psychostimulant souvent utilisé
«L’Adderall est un médicament utilisé pour traiter le déficit d’attention avec ou sans hyperactivité, explique Olivier Bernard, pharmacien et blogueur (Le Pharmachien). Il est dans la catégorie des psychostimulants. Des gamers et des étudiants l’utilisent pour augmenter leur concentration et rester vigilants plus longtemps. C’est un usage “logique” puisque ça correspond au mode d’action du médicament. Évidemment, ce n’est pas du tout une bonne idée et ce n’est pas sécuritaire. Ça augmente la fréquence cardiaque, cause de l’anxiété, perturbe le sommeil. Sans compter qu’on ne connaît pas trop les effets chez des gens qui n’en ont pas besoin pour des raisons médicales.»

«Pour un usage en gaming, il y a un risque important de développer une dépendance.» – Olivier Bernard, alias Le Pharmachien

Il est difficile pour des organisateurs de tournois de e-sports de déployer des ressources afin de prévenir le dopage. «Si on peut prévenir avec une certaine efficacité les tricheries matérielles et logicielles, on ne peut quand même pas déplacer un hôpital pour venir tester les joueurs dopés», a fait valoir Max St-Onge, responsable des communications pour les tournois organisés par l’École de technologie supérieure (Lan ETS). Le principal problème est là: connaître un problème ne va pas l’éradiquer. Si les e-sports veulent avoir la légitimité qui leur revient, des mesures importantes devront être mises en place.

Les bourses accordées aux gagnants de tournois s’élevaient à 700$ il n’y a pas si longtemps, mais frôleront les 9M$ cet été. Il ne faut donc plus se surprendre que des joueurs choisissent d’utiliser la pharmacologie pour bénéficier d’avantages non négligeables.

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