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Vivre en ville avec les coyotes

Photo: Metro/TC Media

Même si les signalements et les plaintes de citoyens se multiplient, une élue et une spécialiste de la faune s’accordent à dire que les coyotes sont en ville pour longtemps. Il est utile et urgent d’apprendre à cohabiter avec eux.

Les coyotes rencontrés dans la rue sont filmés ou photographiés par des citoyens pour alimenter leur fil Facebook. Celui-ci avait été vu en janvier, près du parc Champdoré, près de Saint-Michel. Photo: TC Media/Archives.

Il ne se passe pas une semaine sans que l’on parle de rencontres inquiétantes avec des coyotes à Ahuntsic-Cartierville. Les animaux sont filmés ou photographiés et emplissent alors les pages sur les médias sociaux. «Ce n’est pas nouveau, il y a toujours eu des coyotes à Montréal», observe Émilie Thuillier, mairesse d’Ahuntsic-Cartierville. Elle est toutefois consciente que la situation inquiète les citoyens.

L’élue est rejointe par Jennifer Marchand, éducatrice-naturaliste chez le Groupe uni des éducateurs-naturalistes et professionnels en environnement (GUEPE), «Les coyotes ne sont pas arrivés cette année à Montréal, ils sont là depuis 40 ans. Toutefois, il est vrai qu’on les voit plus souvent ces derniers temps.»

Pour elle, plusieurs raisons pourraient expliquer cette propension des canidés à sortir des bois. Leur milieu au parc Frédéric-Back, près du centre environnemental Saint-Michel, aurait été perturbé par des travaux d’aménagements. C’est dans ces parages qu’on les a le plus souvent vus. Mais, il y a également les mauvaises habitudes des citoyens qui ont accentué le problème.

«Si l’animal trouve de la nourriture près des zones habitées, cela créera chez lui des habitudes et se rapprochera des quartiers où il a de quoi manger», souligne Mme Marchand.

Le conseil de ne pas nourrir les animaux sauvages se répète par chacune des interlocutrices comme un leitmotiv.

Bonnes pratiques
«Il faut que les citoyens apprennent les bons usages, respecter les jours et les heures de collectes des ordures pour ne pas laisser des déchets à la portée des coyotes», note Mme Thuillier.

Ces conseils sont dispensés de manière régulière à la population. «Nous avons mandaté GUEPE pour généraliser les bonnes pratiques et diffuser la connaissance», assure la mairesse.

Un kiosque d’information de GUEPE sur les coyotes. Photo: Collaboration spéciale/GUEPE.

Six kiosques destinés au large public ont été tenus cet automne et au début de l’hiver.

Mais, c’est auprès des plus jeunes que l’on agit de manière intensive. GUEPE a mis en place un programme de séances d’information dans les écoles de l’arrondissement avec un objectif de 100 classes à visiter durant cette année scolaire.

«On devrait rencontrer autour de 2500 élèves qui assisteront à ces séances. Les enfants sont très enthousiastes. Ils transmettront aux parents et à leur entourage ce qu’ils ont appris», relève Mme Marchand.

Elle a déjà visité une quarantaine de classes. À chaque fois qu’elle se déplace, elle essaye de susciter la curiosité de son auditoire. «Je leur montre un crâne, un morceau de fourrure de coyote pour qu’ils apprennent à mieux connaître l’animal», dit-elle.

Lors de ces séances, elle dispense aussi des conseils pour apprendre à se comporter de la bonne manière devant un coyote.

«C’est un animal timide qui n’aime pas trop la compagnie des hommes. Si on le croise, il ne faut pas se mettre à courir. Il faut lui faire face, ouvrir son manteau, crier ou faire du bruit. On peut aussi jeter des cailloux ou des objets dans sa direction, mais pas sur lui. Cela va l’effrayer et il s’éloignera.»

Il faut savoir que les signalements doivent se faire à SOS braconnage. Appeler le 911 ne sert à rien si on a juste vu un coyote. Les policiers ne se déplaceront que s’il y a un danger imminent et si l’animal est menaçant.


Cinq personnes mordues

Depuis l’été 2017, alors qu’on rapporte la présence de coyotes dans les rues de Montréal, cinq personnes ont été mordues par ces animaux.

Ce recensement fait le 26 janvier 2018, indique un total de neuf incidents, les quatre autres concernent des chiens.

À la même période, 253 signalements de coyotes ont été effectués auprès de SOS Braconnage et de la Ville de Montréal.

Au total, 16 coyotes ont été capturés. Sur ce nombre, 12 ont été déménagés et 4 sont morts des suites de leurs blessures ou ont dû être abattus pour des raisons de sécurité.

«Il y a eu plusieurs signalements concernant des coyotes qui circulent en milieu urbain et présentent un comportement très familier envers l’humain à Montréal, particulièrement dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville», a indiqué Diane Lamarche, conseillère en communication au Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, dans un échange de courriels avec TC Media.

Le ministère est responsable de la gestion de la faune sur l’ensemble du territoire du Québec, y compris l’île de Montréal.  Il soutient la Ville de Montréal et les arrondissements dans la gestion du coyote en milieu urbain par la délivrance de permis de capture, la diffusion d’information et l’intervention d’agents de protection de la faune sur le terrain lorsque cela est nécessaire.

«Toutefois, c’est la Ville de Montréal qui est responsable de colliger les signalements pour son territoire,  d’octroyer les contrats de service envers des organismes spécialisés pour la capture de coyotes et d’élaborer un protocole d’intervention, de suivi et de gestion, en collaboration avec les instances concernées», assure la représentante du ministère.

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