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Fort-Lorette a d’autres secrets à révéler

Marie-Claude Brien, archéologue, donne une conférence sur les découvertes effectuées sur le site du Fort Lorette
Marie-Claude Brien, archéologue, a présenté le 29 septembre une conférence détaillée sur les découvertes effectuées sur le site du Fort Lorette, près de l’église de la Visitation. Photo: Amine Esseghir/Courrier Ahuntsic

S’ils sont certains qu’ils sont sur le site où a été érigé le Fort Lorette en 1691, les archéologues veulent déterminer maintenant sa position de manière précise. Ils veulent aussi retrouver les traces d’un ancien cimetière autochtone qui existait dans les environs et trouver plus d’objets anciens révélateurs de la vie quotidienne dans ce secteur.

Le souci premier des archéologues a été de confirmer la position du fort en cherchant dans le sol tout en se repérant avec les anciennes sources écrites. De toute évidence, le terrain situé à l’ouest de l’église de la Visitation n’a pas encore révélé tous ses secrets.

Marie Claude Brien Archélogue présente les résultats des fouilles Fort Lorette
Marie-Claude Brien, archéologue, lors de sa conférence le 29 septembre. Photo : Amine Esseghir/Courrier Ahuntsic

«En 2017, c’était vraiment un coup de poker, s’exclame Marie-Claude Brien, l’archéologue qui a mené deux campagnes de fouilles sur le site. On voulait déterminer où se trouvaient les bâtiments plus récents, puis bang! Nous sommes tombés sur une tranchée de la palissade et un mur de maçonnerie ancien. C’était un coup du joyeux hasard.»

Les traces des anciens murs ont permis de positionner le fort dans le sens est – ouest. «Nous ne l’avons pas encore positionner précisément l’axe nord-sud», dit-elle. Mais elle a bon espoir de déterminer exactement les limites du fort entre la rive de la rivière des Prairies et la rue lors d’une fouille à venir.

«On a trouvé un petit bout de tranchée qui serait celui de la position sud, mais il y a d’autres interventions à faire pour le confirmer», souligne-t-elle. La chercheuse voudrait aussi confirmer la présence de l’ancien cimetière autochtone dans le voisinage du fort. «Nous voulons au moins confirmer où il se trouvait», convient-elle.

Artefacts

Les recherches des murs ont permis aussi de trouver des objets. Les archéologues ont eu de quoi remplir huit boites à archives pleines. Une récolte respectable, alors que le site n’a pas été fouillé en entier, les spécialistes n’ont fait que suivre les traces des murs. «Le site a été très bien nettoyé, croit Mme Brien. Les objets ont été jetés dans un remblai de comblement après l’enlèvement de la palissade et que les pieux aient été retirés.»

En 1717, le Fort Lorette a été démantelé. Un autre fort en pierre a été construit sur les bords du lac des Deux-Montagnes. Les Missionnaires voulaient éloigner encore plus les autochtones de la vie de la ville.  Toutefois, les objets trouvés révèlent quelques aspects de la vie quotidienne de l’époque.

Il y avait près de 200 personnes qui y vivaient. «Nous avons une idée du nombre de personnes qui habitaient là. Il y avait 32 cabanes abritant de 3 à 4 foyers, il y avait deux sœurs, un missionnaire et des fermiers», énumère-t-elle.

Des restes de bols et de terrines pour faire la cuisine ont été trouvés. «On a retrouvé aussi des restes de céramique française ou européenne, de la vaisselle de service avec un statut plus élevé, utilisée par les sœurs et les missionnaires. Ce n’est pas les fermiers ou les autochtones qui les utilisaient», soutient Mme Brien.

D’autres objets comme des petits tubes en argilite qui permettaient de fabriquer des pipes. Beaucoup de perles en coquillages aussi. «Ce sont des objets fabriqués par les autochtones. On a su aussi que des perles ont été façonnées avec un outil métallique. On peut à ce moment-là parler d’échange ou de transfert de technologie entre les autochtones et les eurocanadiens», observe-t-elle.

Une fois les recherches terminées, le site qui est classé patrimonial devrait être aménagé pour en faire un lieu de destination qui raconte l’histoire de ce coin de Montréal.  «Il y a de la panification à faire, confie Marie-Geneviève Lavergne, archéologue conseillère à l’aménagement à la ville de Montréal. Aucun calendrier n’est encore en place et l’échéance n’est pas connue.»  Toutefois, on pourrait faire des aménagements éphémères pour permettre une visite intelligente du site avant d’avoir un projet définitif.

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