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Une maison shoebox centenaire risque la démolition à Ahuntsic

Maison shoebox centenaire qui pourrait être démolie
Une shoebox centenaire risque de disparaître alors que son nouveau propriétaire veut construire à la place trois logements en rangée. Photo: Amine Esseghir/Courrier Ahuntsic

Une demande de démolition d’une vieille maison de type shoebox se heurte à l’opposition de citoyens et des services techniques de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. Bien que ce cas ne soit pas unique à Montréal, il souligne l’importance de déterminer avec précision ce qui est patrimonial et ce qui ne l’est pas.

La petite maison de l’avenue Péloquin, située près de la rue Sauriol, a été construite en 1917. Le propriétaire actuel souhaite la mettre à terre afin d’y bâtir trois logements en rangée, de trois étages, dotés d’un garage en sous-sol.

La demande de démantèlement, présentée devant le comité de démolition le 4 décembre, s’est butée à l’opposition de deux citoyens. De plus, la direction du développement du territoire de l’arrondissement a émis un avis défavorable, rappelant au passage qu’elle a déjà refusé une demande similaire pour une maison du même type dans le quartier.

Une valeur patrimoniale ?

Il y a 243 maisons shoebox à Ahuntsic-Cartierville, selon l’inventaire qu’a fait l’arrondissement cette année. Plusieurs ont plus d’un siècle. Est-ce qu’elles doivent toutes être préservées ?

«On ne peut pas appliquer une politique mur à mur. Il faut étudier et analyser chaque demande, au cas par cas», assure Jérôme Normand, conseiller de la Ville du district Sault-au-Récollet et président du Comité consultatif d’urbanisme de l’arrondissement.

Cette demeure représente un pan de l’histoire du quartier, et sa disparition serait une perte pour la communauté, prévient l’historien Stéphane Tessier. «Ces maisons sont typiques de l’époque du tramway qui arrive dans le nord alors qu’une population ouvrière vient s’installer dans le coin», raconte-t-il.

Sebastian Campanella, l’architecte qui accompagne les propriétaires, réfute d’emblée la caractérisation shoebox de la bâtisse puisqu’elle a été transformée depuis cent ans.

«L’ancien propriétaire a tout refait à son goût, il a refait les intérieurs, les salles de bain, il n’y a plus rien d’origine», assure l’architecte.

La galerie en bois qui lui donne son cachet a été ajoutée il y a une vingtaine d’années. La symétrie des fenêtres, caractéristique typique des <@Ri>shoebox<@$p>, a été altérée après le remplacement des fenêtres.

Débat nécessaire

Avant ce projet de démolition, le débat public sur la préservation de ce type de maison n’avait jamais été soulevé dans l’arrondissement. Cependant, les élus d’Ahuntsic-Cartierville y réfléchissent depuis mars 2019, alors que l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie adopte son règlement pour déterminer dans quelles conditions ces demeures peuvent être démolies et remplacées.

Bien qu’aucun règlement n’a encore été adopté à Ahuntsic-Cartierville , Jérôme Normand demeure convaincu que le processus actuel offre la souplesse nécessaire pour sauver ce qui doit être préserver. «Il faudra prendre une décision selon les qualités architecturales et de construction, la localisation dans l’arrondissement et autres critères », explique-t-il.

Pour la Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville, cette situation rappelle qu’il faut être prudent avant de raser un vieux bâtiment.

«On a le droit de jouir de son bien comme on le désire, convient Yvon Gagnon, coprésident de la SHAC. Mais avant de démolir, on doit prendre le temps de réfléchir et permettre d’évaluer la valeur patrimoniale de cette maison.»

Le propriétaire a dit prendre en considération les aspects patrimoniaux de la bâtisse et s’est dit ouvert à revoir son projet à la lumière des critiques et en discuter avec le voisinage.

Une fois la décision du comité de démolition rendue, un délai de 30 jours sera accordé aux contestations. Elles devront être adressées aux élus de l’arrondissement.

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