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Cultiver en ville pour l’autonomie

Jean-Philippe Vermette dans une des serres en ville. Il défend l'agriculture urbaine
Pour Jean-Philippe Vermette, directeur au Laboratoire d’agriculture urbaine (AU/Lab), les toits des immeubles peuvent fournir les espaces pour des serres chauffés en hiver qui produiraient en ville des fruits et des légumes. Photo: Collaboration spéciale

L’achat local prôné depuis les dernières semaines passe aussi par cultiver des fruits et des légumes en milieu urbain pour être en mesure d’en avoir à l’année. Il s’agit d’installer des serres, comme déjà plusieurs entreprises le font, notamment à Ahuntsic-Cartierville.

Pour produire des fruits et des légumes en hiver, sous serres, il faut de la chaleur. «Où sont les sources de rejets thermiques, elles sont en ville», affirme le directeur au Laboratoire d’agriculture urbaine (AU/Lab), Jean-Philippe Vermette.

Pour celui qui est également président de la Centrale agricole, une pépinière d’agriculteurs urbains installée dans une tour à bureaux d’Ahuntsic, les serres sur toit sont un moyen efficace pour produire à bas coût.

«Dans certains immeubles, il y a des centres de données où les serveurs informatiques produisent énormément de chaleur», soutient-il. En bonus, cela rapproche les producteurs des consommateurs.

L’agriculture étant un secteur stratégique au même titre que la santé, comme l’a laissé entendre le premier ministre François Legault lors d’un de ses récents points de presse quotidiens, le Québec devrait être en mesure d’assurer une certaine autonomie pour son approvisionnement, notamment en hiver, en cultivant en serres.

Vital

Ce discours devrait permettre d’accélérer la reconnaissance de l’agriculture urbaine comme une activité économique viable. «On ne devrait plus la voir comme du jardinage en cour arrière. Les fermes Lufa ont démontré que ce n’est pas le cas depuis longtemps», affirme M. Vermette.

Cette entreprise a créé les premières serres urbaines à Montréal en les installant au-dessus d’un immeuble industriel d’Ahuntsic. En pleine pandémie, elle est considérée comme un service essentiel.

Les fermes Lufa non seulement continues de cultiver, mais aussi d’assurer la livraison de ses produits, tout en revoyant son organisation afin de bien appliquer les mesures d’hygiène, déjà strictes, et de distanciation.

Énergie abordable

Chez Les Producteurs en serre du Québec (PSQ), une fédération qui regroupe des cultivateurs de tous types, dont les Fermes Lufa, le développement peut prendre diverses formes et représente une partie de la solution pour atteindre une pleine autonomie.

«Ce qui a changé, c’est que ça prend de plus en plus de place, ça devient public et nos produits coûtent moins cher», précise le président du regroupement, André Mousseau.

Toutefois, l’enjeu pour des produits frais abordables demeure la fourniture de l’énergie à bas prix. Les PSQ soutiennent qu’un prix de 3,4 cents le kilowatt permettrait d’offrir un produit compétitif sur le marché.

«Dans nos calculs, dans la proposition faite au premier ministre, si nous doublons nos surfaces de production en serre, on pourrait combler jusqu’à 85% de ce qui est importé durant l’hiver», assure M. Mousseau.

La surface de production de fruits et légume pourrait être multipliée par deux dès cet automne en convertissant les serres ornementales à la production maraîchère.

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