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L’orgue de la Visitation réduit au silence pour les messes dominicales

Orgue silencieux durant les messes dominicales à la Visitation
L’orgue de la Visitation a été réduit au silence faute d’argent. Photo: Collaboration spéciale

À cause de difficultés financières, l’église de la Visitation a suspendu la musique lors des messes dominicales. Une aberration dans cet édifice religieux patrimonial qui dispose d’un orgue réputé à Montréal.

L’organiste Marc-André Doran n’a pas de mots pour qualifier la situation qui dure depuis le 26 juillet. «L’église est en silence depuis ce temps-là et les paroissiens trouvent ça mortuaire», regrette-t-il.

Après plusieurs semaines sans musique, M. Doran est allé jouer bénévolement le 13 septembre les deux messes dominicales. Normalement, il reçoit moins de 150$. D’autres cachets sont toutefois payés aux chanteurs.

Le père Louis-Marie Butari, administrateur paroissial et curé de la Visitation, assure qu’il a les mains liées. «Les marguillers disent qu’il n’y a pas d’argent, mais ce n’est pas une grosse somme qui est demandée pour deux messes», mentionne-t-il.

Il a été décidé que seules les quêtes des messes dominicales dimanche payeraient la musique. «La fabrique, comme la plupart des entreprises, a eu des choix déchirants à faire, et commence à peine à réintégrer ses employés de façon progressive», indique une des marguillères, Francine Legrand.

Des mises à pied temporaires du personnel pastoral avaient été décidées en mars.

Déficit

Mme Legrand assure aussi que les revenus qui proviennent principalement des quêtes aux messes dominicales, de la dîme, des mariages, des funérailles et des locations ont fortement baissé.

Au 31 août, ils étaient de 73 228$, alors qu’à la même période l’année passée, ils atteignaient près de 181 000$. Les dépenses sont évaluées à 98 626$. Toutefois, l’organiste se demande si mettre l’église en silence est la meilleure décision à prendre.

«Le problème, c’est qu’avec la COVID, cela reprend difficilement. Les paroissiens doivent mettre un masque, ils doivent circuler d’une certaine manière. Les gens reviennent moins et les quêtes ne sont pas hautes», observe-t-il.

Pour respecter la distanciation physique, la Visitation ne peut accueillir plus de 75 personnes à la fois sur une base de premier arrivé, premier assis. Des fidèles ont dû être refoulés à la porte.

«Si en plus on ne leur met pas de musique, alors j’ai l’impression que c’est encore moins attirant», remarque l’organiste.

Outre l’orgue, qui contient des pièces qui ont près de 180 ans d’âge, des choristes de l’Orchestre symphonique, de l’Orchestre métropolitain ou de l’Opéra de Montréal animaient les messes.

Séduction

La marguillère Francine Legrand conçoit que la Visitation est réputée pour la qualité de ses musiciens et chantres, mais il y a des urgences. «Nous sommes très fiers de la musique aux messes dominicales, mais nous avons décidé, pour le moment, d’accorder une priorité, aux services aux paroissiens , les funérailles, les inhumations, les baptêmes et pour ce faire la réintégration du secrétariat était essentielle», souligne-t-elle.

«La messe en elle-même est un acte religieux, mais c’est aussi une prestation. Cela est d’autant plus vrai pour des gens âgés qui ont l’habitude de venir écouter l’orgue», relève Marc-André Doran.

«La musique et les chants sont importants pour les fidèles quand ils viennent se mettre entre les mains de Dieu», croit le père Louis-Marie Butari.

Pour le dimanche 20 septembre, la musique devrait revenir au sein de l’église. Un paroissien a offert 500$ pour payer la note. Pour les autres messes, la situation est toujours incertaine.

Le 20 septembre, Marc-André Doran accompagnera la soprano Anne-Marie Beaudette dans les chants liturgiques et pour O Salutaris de Clémence de Grandval ainsi qu’un motet d’Antonio Vivaldi. Il interprétera aussi la Toccata et fugue BWV 565 de Bach.

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