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Sept mois à l’hôtel pour des sinistrés de Cartierville

Les sinistrés du 11945 rue Lachappelle attendent de retrouver leurs logements
L’immeuble est sur une des artère principale de Cartierville. Photo: Amine Esseghir

Des résidents de Cartierville n’ont pas fini de subir les conséquences de l’incendie qui a ravagé leur immeuble au printemps. Ils sont toujours sinistrés, logés à l’hôtel, malgré les travaux effectués. C’est que l’édifice n’est toujours pas aux normes et les groupes de défense craignent un cas de rénoviction en raison du chantier qui s’éternise.

Le feu avait pris naissance dans le garage de la rue Lachapelle, le 7 avril. Une dizaine d’appartements sur les 40 que compte l’édifice ont été endommagés. De plus, tout le système électrique devait être changé.

Les travaux achevés fin septembre n’ont pas permis d’être mis aux normes. La dernière inspection du Service de sécurité incendie de la Ville de Montréal (SIM) effectuée le 15 octobre conclut que le bâtiment demeure inhabitable.

«Nous avons exigé que le propriétaire fournisse la certification du système d’alarme incendie et que l’intégrité des murs coupe-feu soit remise en état», a indiqué la direction du développement du territoire de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville.

Les locataires sinistrés ne sont donc pas autorisés à réintégrer leurs logements avant que ces deux exigences soient satisfaites. «J’ai demandé un suivi il y a quelques jours, explique la conseillère de Bordeaux-Cartierville, Effie Giannou. Je trouve que cette situation dure beaucoup trop longtemps surtout que l’hiver arrive.»

Mauvaise information

Mme Giannou avait pourtant eu l’assurance que 29 logements pouvaient être réintégrés. Une information qui s’est avérée incomplète puisque des sinistrés avertis par l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM), qui paye leur hôtel, sont allés vérifier. Ils n’ont jamais pu rentrer chez eux.

«Les portes sont fermées et on nous demande un papier de la Ville pour pouvoir rentrer chez nous», affirme un des locataires, Amounou Johnson qui habite à cette adresse depuis trois ans.

Tant que l’immeuble n’est pas habitable, l’OMHM continuera de payer. Toutefois, la vie de sinistré n’est pas de tout repos.

«Cela fait sept mois que nous sommes à l’hôtel. Cela devient invivable», déplore M. Johnson.

Il souligne que certains ont des enfants qui vont à l’école, l’organisation de la vie de famille est donc très difficile. Les locataires ne peuvent pas cuisiner et doivent acheter des plats prêts à manger.

Le propriétaire, Constructions Longpré, aurait reçu environ 5 000$ en avis d’infractions et la Ville pourrait lui demander de rembourser les frais d’hébergement rétroactivement depuis le 1er juillet.

Ruse?

Les défenseurs des locataires craignent que ces travaux qui s’éternisent ne soient qu’un prétexte pour exaspérer les résidents et pouvoir remettre les logements rénovés sur le marché locatif à un prix plus avantageux. Il est vrai que certains 3 ½ sont loués à moins de 700$ par mois.

Une dizaine de locataires sont en contact avec le Comité logement Ahuntsic-Cartierville (CLAC) pour espérer réintégrer leurs logis rapidement.

«Il y a des courriers dans lesquels le propriétaire propose une indemnité et un mois de loyer pour que les gens aillent habiter ailleurs», souligne la coordinatrice du CLAC, Karina Montambeault.

Quelques-uns ont d’ailleurs déjà trouvé une autre location. Mais pour elle, dans un contexte de pénurie et de flambée des prix des loyers, il est impensable pour certains de changer de logement.

L’immeuble a connu en 2017 un autre important incendie. Une quarantaine de personnes ont dû être évacuées le temps de l’intervention en plein après-midi en juillet. Une famille a dû être relogée.

Il a été impossible de joindre Constructions Longpré pour avoir son point de vue.

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