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Annie Côté: les médias sociaux pour illuminer la vie

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Photo: 123RF

Annie Côté, une ancienne ambulancière, a créé sa page Facebook Résilience Flash tes lumières-COVID19 pour passer le temps et encourager les gens à traverser la pandémie. Le but était de donner un rendez-vous quotidien pour allumer les lumières et se réunir virtuellement. Elle s’est retrouvée à gérer, avec quelques bénévoles, un réseau de plus de 300 000 membres de partout au Québec. Depuis, elle ne cesse de découvrir l’ampleur des drames vécus cette année. À la veille du temps des Fêtes, elle assure qu’il est plus que temps de flasher ses lumières.

Flasherez-vous vos lumières pour Noël?

On pense à cela depuis juin, mais on attendait les directives de la Santé publique pour voir ce qui allait arriver. On a commencé à encourager les gens à faire des décorations de Noël le plus tôt possible et on se prépare pour que de la deuxième semaine de décembre jusqu’au 3 janvier, on ait des petites choses à faire.

Quelles activités allez-vous proposer?

La première semaine est sous le thème «féérique et magique». On suggère aux gens de participer aux guignolées, de faire leur sapin. On propose une recette chaque jour.

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer une telle page?

J’étais dans mon salon le 17 mars et j’écoutais les nouvelles à la télévision. J’étais découragée parce que je devais recevoir un chien d’assistance et je réalisais que les campagnes de financement étaient terminées ou presque. Il y avait aussi beaucoup de mauvaises nouvelles et je me suis dit; ‘‘tu n’as plus le contrôle sur rien en dehors de ce qui est dans ta tête’’. Donc, comment passer le temps et se changer les idées et trouver du courage? J’ai juste décidé de me mettre à jour et d’apprendre comment fonctionne Facebook. Jusque-là, je n’avais qu’un profil pour dire bonjour à ma famille. J’étais dans des groupes Facebook, mais je ne faisais que regarder. Je ne savais pas comment ça fonctionnait. Je me suis dit qu’en 2020, il était temps de s’y mettre.

Où avez-vous trouvé le nom?

J’avais vu les Italiens qui chantaient en confinement pour remercier le personnel médical. J’ai trouvé cela super beau. Mais je me suis dit que ça ne marcherait pas au Québec. On a trop d’arbres, trop de champs blé d’Inde, on est trop distancié.

Au moment de créer ma page, mon conjoint m’avait dit qu’il fallait trouver des mots pour être référencés sur Facebook et Google. Je me suis dit que ça prendrait un titre comme dans l’émission de Jean-Marc Parent. Il nous faudrait flasher nos lumières et je riais toute seule. J’ai juste écrit «flash tes lumières» et ajouté COVID-19, et c’est parti en fou.

Quel était le genre des premières publications?

Au début, c’était les décès. Les gens demandaient des prières ou de bonnes pensées. J’ai décidé qu’on aiderait les gens et qu’on ne serait pas négatifs. Cela ne voulait pas dire qu’on n’allait pas publier des choses tristes. Mais les membres supportaient ces gens-là et pour moi c’était positif.

Puis rapidement, on s’est retrouvé à gérer de la détresse humaine en messages privés de manière hallucinante. On a eu trois suicides dans le groupe. On a aidé quatre personnes à éviter de mettre fin à leurs jours. Il y’en a eu une que j’avais réussi à avoir au téléphone et je lui parlais quand les policiers sont entrés chez elle.

Il y a eu aussi les avis de disparitions. Je ne pensais pas qu’il y’en avait autant. Quand les deux petites filles, qui se sont fait assassiner cet été par leur père, ont disparu [affaire Martin Carpentier à Saint-Apollinaire NDLR], on avait les parents parmi nos membres. La maman m’avait écrit alors que l’alerte Amber n’avait pas été encore lancée. On était en veille durant des jours pour voir si le père n’allait pas écrire quelque chose.

On souligne souvent que les médias sociaux sont des vecteurs de diffusion de fausses nouvelles et de théories du complot. Avez-vous reçu ce genre de publications?

La page est constamment envahie par ça. Les affaires de complots et de sans-cœurs agressifs, je les kick-out sans même poser la question. Une journée, j’ai mis à la porte 2000 personnes.

Combien de modérateurs êtes-vous?

Depuis trois ou quatre mois, nous sommes 12. Ce sont des gens qui se sont proposés ou que j’ai découverts. Ils sont âgés de de 18 à 60 ans et ils sont de partout au Québec. De l’équipe de départ, il n’y a plus qu’une personne. J’ai été obligé de me départir de ceux qui ont été méchants avec les membres. Je m’amusais à dire aux gens, on est un groupe de Calinours, des gentils qui vivent dans la joie. On est comme ça et on s’assume.

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