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Les inégalités persistent dans les tâches ménagères

tâches ménagères
Les femmes en font toujours plus dans les ménages hétérosexuels. Photo: Archives

Confinés et en télétravail, les hommes en font peu à la maison. Une étude récente de Statistiques Canada sur le partage des tâches domestiques dans les ménages dans les premiers mois de la pandémie a conclu que ce sont toujours les femmes qui en font davantage.

L’étude a porté sur les couples hétérosexuels et se fonde sur une série d’enquêtes sur les perspectives canadiennes, qui s’est déroulée du 15 au 21 juin 2020.

«Avant la pandémie, quelle que soit leur situation d’emploi, les femmes consacraient plus de temps que les hommes aux tâches domestiques, et ce sont elles qui adaptaient le plus souvent leur horaire aux besoins de leur famille», indique la rédactrice de l’étude de Statistique Canada, Clémence Zossou.

Depuis la COVID, la situation est à peu près identique. Les femmes ont fait moins de lessives et ont préparé moins des repas. Sinon, «aucun changement significatif n’a été observé en ce qui concerne leur participation aux autres tâches domestiques», souligne l’étude.

La tâche la plus également partagée est la vaisselle dans 44% des couples. Toutefois, pour plus du tiers d’entre eux, les femmes continuent à assurer cette mission.

Elles sont aussi dans plus de la moitié des cas responsables de la lessive et dans plus de 47% des situations, elles assurent la préparation des repas.

Même dans les cas où les hommes travaillent à domicile, ils sont moins susceptibles de participer aux travaux domestiques.

Ils sont à peine 25% à faire la vaisselle et 20% à préparer les repas. Or les femmes qui ont travaillé à l’extérieur durant la pandémie étaient 54% à lancer les lessives, 43% à entretenir la maison et 31% à faire la vaisselle.

Cela étant, les femmes sont plus heureuses à 80% quand leur conjoint s’occupe des travaux domestiques et elles sont à 82% plus satisfaites quand les tâches sont également partagées. Dans la moitié des cas, elles sont insatisfaites de voir le travail reposer uniquement sur leurs épaules.

Crise

«On peut s’attendre quand deux conjoints d’un couple hétérosexuel se retrouvent à la maison que la répartition équitable des tâches aille de soi», indique la doctorante en histoire et spécialiste d’études féministes, Camille Robert.

Elle admet cependant que les situations de crise ne constituent pas forcément des points de rupture avant des changements de fond.

«L’historienne Denise Baillargeon avait observé que durant la crise des années 1930, quand beaucoup d’hommes avaient perdu leur emploi et se sont retrouvés à la maison, que cela n’avait pas changé la répartition des tâches», relève-t-elle.

Pour Jessica Ciadella du Centre des femmes solidaires et engagées, les statistiques permettent de brosser un portrait général, mais ne rendent pas compte des expériences personnelles.

«Pendant la pandémie, nous avons reçu des appels de femmes proches aidantes qui étaient sur le bord du burn-out, qui n’avaient absolument aucun répit. La charge mentale et le travail invisible portés par les femmes peuvent entraîner de graves conséquences sur leurs conditions de vie, des problématiques de santé mentale ou même de pauvreté», observe-t-elle.

Changements

Camille Robert souligne tout de même que la pandémie a été un révélateur de l’importance du travail qui est fait par les femmes «ce qui reste à faire c’est de la valoriser réellement.» Elle est convaincue que les politiques publiques ont un rôle majeur à jouer dans ce cas.

«Le gouvernement s’attend toujours à ce qu’il y ait une femme à la maison pour garder les enfants quand les écoles sont fermées», illustre-t-elle.

Le changement viendrait aussi d’une éducation qui redéfinirait les rôles classiques des sexes dans la société.

«De manière inconsciente, on perpétue ce que doit être une femme ou ce que doit être un homme quand ils forment une famille. On ne peut pas s’attendre à ce que tout d’un coup il n’y ait plus de différence de genre», convient la sociologue et démographe, professeure à l‘Institut national de la recherche scientifique, Laurence Charton.

Par ailleurs, l’étude révélait que les hommes sont majoritairement responsables des finances du ménage.

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