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L’art, au-delà de la guerre

Nizar Sabour art
Quelques sarcophages de Nizar Sabour, le musicien Abed Azrié, le poète Adonis, la romancière Colette Khoury, le peintre Fateh al-Moudarres et la poétesse Maram Al Masri. Photo: Gracieuseté - Arte Arta

La galerie d’art en ligne montréalaise Arte Arta présente une collection d’œuvres d’art syriennes de l’artiste syrien de renom, le Dr Nizar Sabour. Un rappel de l’apport culturel de ce pays qui vit les affres de la guerre depuis dix ans.

L’artiste a réalisé des œuvres inspirées des sarcophages anthropoïdes phéniciens anciens, très connus en Syrie et au Liban. Mais au lieu de sculptures, il a peint les visages de personnages auréolés comme des saints.

Il a voulu ainsi rendre hommage à des personnalités, décédées ou vivantes, qui ont marqué la littérature, la poésie, les arts visuels ou le théâtre et qui ont contribué largement à la richesse de la culture syrienne.

Sur ses sarcophages, Nizar Sabour a repris des extraits de poèmes, de romans ou de fragments de peintures.

Il y a 55 sarcophages, mais la liste pourrait être plus longue.

«Il disait qu’il aurait pu en faire 300. C’est dire l’importance de la culture en Syrie», assure Nour Chamoun. Elle est la cofondatrice de la galerie Arte Arta, qui propose des expositions en ligne.

Même si les sarcophages renvoient à la mort, pour la galeriste c’est plutôt à la renaissance.

«Le fleuve de la mort est parallèle au fleuve de la vie, et l’un n’est pas plus grand que l’autre. La valeur de la vie vient de ce que l’on fait lorsque l’on est vivant, de nos contributions et de notre générosité d’esprit. C’est ce sur quoi je me concentre toujours», avait déclaré Nizar Sabour quand il avait été interrogé sur la signification de son oeuvre.

La collection est proposée à la vente, mais l’artiste ne veut pas la fragmenter.

«On souhaite qu’une institution, un musée, puisse acquérir l’ensemble pour que tout le monde puisse la voir», indique Mme Chamoun.

Virtuel

La galerie Arte Arta a été créée en 2019, bien avant la pandémie.

«J’ai pris un risque à ce moment-là et beaucoup de gens me disaient on préfère voir les arts dans une galerie. Moi j’ai vu que c’était l’avenir. Je pensais que cela allait prendre du temps avant que les gens s’habituent. Finalement, la pandémie a tout accéléré», confie Mme Chamoun.

Cette approche a permis aussi de présenter beaucoup d’artistes syriens.

«Depuis 10 ans on ne parle que de la guerre, des réfugiés, de la laideur et des problèmes», soutient-elle.

Dans un contexte aussi imprégné par l’actualité, elle avait observé que les Syriens eux-mêmes commençaient à oublier d’où ils venaient. Les nouvelles générations ignoraient leurs marqueurs culturels.

«Les Syriens ne sont identifiés que par des clichés. J’ai voulu changer cela, même si la réalité de la guerre est là. Nous avons beaucoup d’autres choses à montrer», relève Mme Chamoun.

Cette façon d’exposer de l’art permet aussi à la galerie d’aller chercher des artistes de partout ailleurs dans le monde et diffuser leurs œuvres, notamment en Amérique.

«C’est une chance pour les artistes de Syrie ou d’ailleurs. Cela nous permet de voir ce qu’ils font», mentionne-t-elle.

Art phénicien

Les sarcophages anthropoïdes représentent l’art des Phéniciens au 5e et 4e siècle av. J.-C. Ce peuple originaire du Liban et de la Syrie a fondé diverses cités en méditerranée à travers de l’antiquité.

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