Soutenez

100 ans d'histoire à la prison de Bordeaux

Le 18 novembre 1912, les premiers prisonniers de la nouvelle prison de Bordeaux ont été amenés du centre de détention du Pied-du-Courant. Chef d’œuvre d’architecture, pièce importante du patrimoine d’Ahuntsic, l’histoire de la prison imaginée par Charles-Amédée Vallée, a été scrutée par Chantal Bouchard et Sébastien Bossé.

«L’idée d’étudier l’histoire de la prison nous est venue il y a trois ans, se souvient M. Bossé, chef d’unité au centre de détention de Montréal. À l’époque, nous traversions une période difficile dans l’établissement et nous sentions que ça pesait lourd sur le personnel. Un midi, j’ai suggéré à Chantal de faire quelque chose pour le centenaire et c’est comme ça que tout a commencé.»

M. Bossé et Mme Bouchard, qui est agente de probation, s’entendent pour affirmer que le projet d’une histoire de la prison avait initialement pour but de créer un sentiment d’appartenance envers l’établissement. Absorbés par leurs recherches, ils ont parallèlement écrit un livre, qui paraîtra au printemps 2013 aux éditions Au carré.

Une prison moderne pour l’époque

Le personnage de Charles-Amédée Vallée, instigateur du projet de construction d’une nouvelle prison sur le territoire montréalais et premier directeur de Bordeaux, accentue le caractère mythique de ce centenaire. «Il était un ancien militaire, meneur d’hommes, travailleur acharné et expert autodidacte des sciences pénitentiaires. Préoccupé par la désuétude des prisons, Vallée a voyagé beaucoup aux États-Unis et en Europe afin d’étudier les différents modèles de prison alors en vogue», indique M. Bossé.

Après un séjour à Philadelphie où il a analysé l’architecture du Eastern State Penitentiary, M. Vallée a développé une vision très claire de la prison à bâtir à Montréal, «allant même jusqu’à superviser le travail de l’architecte et toutes les étapes de la construction qui a débuté en 1907», ajoute Mme Bouchard.

Charles-Amédée Vallée a été très influencé par le système carcéral dit pennsylvanien, soit une panoptique en forme d’étoile. Ce système prône l’isolement cellulaire dans le but de favoriser la réflexion.

«Juste et ferme, M. Vallée n’était toutefois pas prêt à sacrifier la dignité des détenus, réformant les conditions d’emprisonnement en intégrant à chaque cellule une ampoule électrique et une toilette avec chasse d’eau», rappelle Mme Bouchard. À l’époque, cela avait créé tout un scandale, la majorité des résidents du quartier de Bordeaux n’ayant pas accès à tel luxe.

Au cœur de l’imaginaire collectif

«Il est étonnant que la prison de Bordeaux soit connue de tous les Québécois, alors même que ça n’a jamais été son nom», souligne M. Bossé à propos du Centre de détention de Montréal. Il est vrai que les évasions spectaculaires comme celle de Paul Rivard a marqué les esprits et contribuent au mythe, tout comme celle de Richard Blass en 1969.

Pour sa richesse patrimoniale, Sébastien Bossé et Chantal Bouchard jugent que l’histoire carcérale québécoise a sa place dans la mémoire collective. «De belles choses ont été faites ici et le centenaire est l’occasion de les célébrer», conclut Mme Bouchard.

Pour le centenaire, les cloches sonneront à nouveau. «La dernière fois que celles-ci ont été entendues, c’est en 1960 à l’occasion de la dernière pendaison. C’était la 82e de l’histoire de Bordeaux et non la 85e comme il l’a été suggéré dans d’autres médias», précise Mme Bouchard.

 

À lire:

Confidences de prisonniers

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.