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Bernard Pépin: «c’était un homme sans âge»

Bernard Pépin
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François Carabin - Les Nouvelles Hochelaga-Maisonneuve

Hochelaga-Maisonneuve a perdu l’une de ses figures marquantes. Décédé des suites de la COVID-19, Bernard Pépin fut un père, un bénévole et un ouvrier qui «dépensait son énergie sans compter». Portrait d’un enfant du quartier qui a vécu avec un objectif: être «profondément humain».

Bernard Pépin, 97 ans, s’est éteint le 2 mai, à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.

Hébergé dans une résidence pour personnes âgées de Montréal, Il avait récemment dû être transféré dans le centre hospitalier après avoir testé positif au coronavirus.

C’est la fin de semaine dernière que sa famille a été avertie du décès. «C’est ma tante Lynn, sa fille, qui l’a accompagné le plus souvent dans les derniers moments, observe le petit-fils de M. Pépin, Alexandre. Mon grand-père a toujours été bon vivant. Donc c’est sûr que se retrouver à l’hôpital l’affectait moralement.»

Mais la longue vie de l’ex-ouvrier, amorcée le 16 novembre 1922, laissera des traces, comme un «bon livre qu’on a beaucoup aimé», évoque Alexandre N. Pépin.

«On tourne la dernière page, mais il y a de belles images qui vont nous rester en tête», illustre-t-il.

Le père de six enfants ne «laissait personne indifférent», selon Lynn, l’une de ses filles. «Il allait vers les autres. Aussitôt que quelqu’un le rencontrait, il était tout de suite marqué par l’accueil de mon père», confie-t-elle avec émotion.

«Même à l’hôpital, les infirmières me disaient toujours: votre père est tellement agréable», ajoute Lynn Pépin.

Le travail dans le sang

Longtemps après ses 90 ans, Bernard Pépin, qui n’a jamais possédé de voiture, arpentait les rues d’Hochelaga-Maisonneuve à vélo. Rien de surprenant pour un homme qui n’a jamais manqué d’énergie, souligne son petit-fils Alexandre.

«Mon grand-père répétait qu’il fallait respecter le travail, se rappelle-t-il. Selon lui, le travail, ça amenait à l’accomplissement personnel.»

Bernard Pépin a œuvré une bonne partie de sa vie dans les Shop Angus, au Nord d’Hochelaga. Si bien qu’il est devenu «l’un des derniers travailleurs» de ce quartier industriel de l’Est montréalais.

En 1983, il a participé à l’élaboration du «Boulot vers…», une entreprise d’insertion au travail des jeunes de 16 à 25 ans, basée en plein cœur d’Hochelaga-Maisonneuve.

C’est une décennie plus tard que M. Pépin a rencontré Jeanne Doré, aujourd’hui, directrice générale de l’organisme. «Le Boulot vers… fait prendre conscience aux jeunes de l’importance du travail pour la réalisation de soi, pour gagner sa vie. Ça, c’était dans les valeurs de base de Bernard», affirme-t-elle au bout du fil.

L’ouvrage étant devenu un point central de sa vie, Bernard Pépin en a retiré une grande force physique, raconte Mme Doré.

«Quand on lui donnait la main, on se demandait toujours s’il allait perdre cette force-là. Quand je l’ai vu en janvier, il était aussi fort que quand je l’avais vu la première fois, il y a 25 ans.» – Jeanne Doré, directrice général du Boulot vers…

«Un bâtisseur» d’Hochelaga-Maisonneuve

L’implication de Bernard Pépin dans Le Boulot vers… n’occupe qu’une infime partie de son attachement à «son quartier».

En 2012, celui qui a résidé presque toute sa vie dans le secteur apparaissait dans Le soleil se lève à l’Est, un film du cinéaste Paul Carvalho, qui faisait l’éloge d’HoMa. C’est que dès son enfance, Bernard Pépin est tombé en amour avec le quartier.

«Hochelaga-Maisonneuve, c’était chez lui. Il connaissait le quartier comme le fond de sa poche», lance Lynn Pépin.

Au point où Bernard Pépin a été déstabilisé quand il a déménagé dans sa résidence de Rivière-des-Prairies, vers la fin de sa vie, observe son petit-fils Alexandre.

«Je le vois comme un bâtisseur d’Hochelaga-Maisonneuve.» – Lynn, fille de Bernard Pépin

Au cours de ses 97 ans, le secteur est devenu «un morceau de lui», observe Jeanne Doré.

«Il avait cette fierté du vieux quartier ouvrier, poursuit-elle. Ce quartier qui a aidé au développement d’une ville. Bernard portait ça en lui.»

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