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La pénurie de personnel s’accentue dans les hôpitaux de l’Est

Nouveau traitement développé par par l’Institut universitaire d’hémato-oncologie et de thérapie cellulaire (IUHOTC) de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont
En 2019, la ministre de la Santé et des Services sociaux de l’époque, Danielle McCann, a désigné l’HMR comme Institut universitaire en hémato-oncologie et en thérapie cellulaire. Photo: Zoé Magalhaès / Métro Média

Alors que les cas de COVID-19 augmentent au Québec ces dernières semaines, l’est de l’Île de Montréal connaît une pénurie de personnel soignant grandissante. Le Syndicat des professionnelles en soins de l’Est-de-l’Île-de-Montréal appelle le gouvernement à agir.

«La pénurie d’infirmières et d’infirmières auxiliaires n’arrête pas d’augmenter dans le CIUSSS de l’est. Cela engendre de plus en plus de souffrance, en particulier chez les employés des centres hospitaliers Maisonneuve-Rosemont et Santa Cabrini», explique Denis Cloutier, président du Syndicat des professionnelles en soins de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.

Inquiet à l’approche de l’automne et d’une possible deuxième vague, M. Cloutier a envoyé une lettre au ministre de la Santé et des Services sociaux Christian Dubé. Il demande ainsi au ministre de mettre en place rapidement des mesures qui permettront de lutter efficacement contre le manque de personnel et les départs.

En effet, d’après les données du CIUSSS de l’est-de-l’Île-de-Montréal, 249 employés ont démissionné entre le 15 mars et le 31 juillet. Pour combler le manque de main d’œuvre, M. Cloutier dénonce un recours systématique au temps supplémentaire obligatoire (TSO) pour combler des quarts de travail.

«C’est devenu un mode de gestion, déplore-t-il. Et c’est une des raisons les plus évoquées par les infirmières qui démissionnent. Un quart de 16 heures de travail à l’hôpital c’est très fatigant, mais quand en plus vous ne pouvez pas refuser, c’est d’une grande violence.»

À titre d’exemple, le nombre de quarts de travail de 16 heures en TSO aux urgences de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) est passé de 173 en 2018 à 447 en 2020, alors même que les urgences étaient désertées pendant le confinement.

Appelé à réagir, le député solidaire de Rosemont, Vincent Marissal, s’insurge lui aussi contre cette pratique qu’il juge contre-productive et inhumaine.

«La CAQ s’était engagée à mettre fin au temps de travail supplémentaire obligatoire, je demande donc au gouvernement de tenir ses engagements», a-t-il déclaré.

Le CIUSSS se défend pourtant d’une telle pratique «systématique» et ne croit pas voir une vague de démissions, notant au passage que 240 embauches ont été effectuées depuis la mi-mars.

«Le temps supplémentaire obligatoire est une solution de dernier recours. […] Nous travaillons d’ailleurs en étroite collaboration avec le syndicat pour éviter que ce genre de situation survienne, mais, comme tout employeur, nous ne sommes pas à l’abri d’absences imprévues», explique Christian Merciari, conseiller en communication au CIUSSS de l’est.

Un manque d’incitatifs

De plus, en vertu de l’arrêté ministériel 007 adopté en mars, les employés des CIUSSS ne bénéficient plus des avantages liés à leur convention collective, souligne M. Cloutier. Un état de fait qui crée une certaine tension entre la main d’oeuvre régulière et la main d’oeuvre indépendante qui, elle, peut refuser de travailler dans les centres hospitaliers.

Pour rééquilibrer la balance, le syndicat suggère de mettre en place des incitatifs qui revaloriseraient le travail à l’hôpital.

«Ce qui manque vraiment, c’est une prime pour travailler dans les hôpitaux. La pénurie ne se ressent pas seulement aux urgences, mais dans tout le continuum oncologie, mère-enfant, chirurgie etc.», plaide M. Cloutier.

Des hôpitaux vétustes

Outre les incitatifs et la régulation du TSO, le syndicat demande que les hôpitaux de l’est de Montréal ne soient plus désignés pour faire face à la COVID-19. Vétustes et en manque de main d’oeuvre l’Hôpital Santa Cabrini et l’HMR ne soient pas adéquats pour lutter contre la pandémie selon M. Cloutier.

«On a au Québec des hôpitaux flambants neufs, comme le CHUM, qui sont mieux équipés et qui ont plus de personnel. On devrait utiliser nos meilleurs hôpitaux pour la deuxième vague», insiste-t-il.
Un avis que partage le député Marissal pour lequel cette situation de pénurie doit aussi rappeler au gouvernement l’urgence de construire un nouvel HMR.

«Il suffit de voir l’état actuel de cet hôpital pour comprendre, a-t-il lâché. Quand le gouvernement va-t-il se décider à faire construire un nouvel HMR? Ce centre hospitalier couvre tout l’est de Montréal, il est urgent d’agir.»

Au moment de publier ce texte, le ministère de la Santé et des services sociaux n’avait pas répondu à nos questions.

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