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Bars et restos : se réinventer…encore

François Audette, copropriétaire du restaurant Les Canailles, compte reprendre le système de commande de rue qu’il avait élaboré cet été. Photo: Naomie Gelper/Métro

Résilience. C’est le mot d’ordre chez les restaurateurs et tenanciers de bars de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve qui devront fermer ou réduire leurs services pour 28 jours.

«On savait qu’on s’en allait vers ça, même si on gardait un petit espoir», confie François Audette, copropriétaire du restaurant Les Canailles.

Comme tous les restaurateurs en zone rouge, il devra fermer sa salle à manger jusqu’à la fin du mois d’octobre, au minimum.

«Avec tous les efforts qu’on a faits depuis des mois, on aurait pu croire que le gouvernement serait moins drastique, se contenter de diminuer les groupes autorisés à deux ou trois, par exemple…», ajoute-t-il.

Coup de massue donc, mais pas un choc.

«On a vu le laisser-aller de la clientèle face aux mesures sanitaires depuis quelques semaines, c’est humain et on ne peut blâmer personne après tant de mois à faire attention», dit Camille Dufour Thériault, directrice générale de de L’Espace Public.

Injustice

Si la nouvelle n’est guère surprenante, elle provoque tout de même un sentiment d’injustice.

Adda Raphaël, copropriétaire du restaurant La Dinette dans Mercier-Ouest, croit que c’est toute l’industrie qui paie pour les erreurs de quelques propriétaires négligents. «S’il y avait eu deux ou trois pas fins dans les gyms, c’est les gyms qui seraient fermés.»

Ce sentiment d’iniquité est répandu chez les entrepreneurs de la restauration, selon Viviane Caron, directrice générale de l’Association des commerçants de Tétreaultville,

«Ils se demandent tout de même c’est quoi la raison puisque ça n’a pas été prouvé qu’il y avait des éclosions dans ces milieux-là», dit-elle. Elle ajoute néanmoins que les propriétaires de bars et de restaurants membres de son association comprennent la situation.

Se réinventer…encore!

Il n’y aura eu que deux jours entre l’annonce de François Legault et l’obligation de fermer. C’est peu de temps pour encaisser le coup. Pourtant, les propriétaires d’établissements s’affairaient dès le lendemain à repenser leurs activités des prochaines semaines.

«J’ai vu mon chef cuisinier ce matin pour réfléchir au menu qu’on proposera en take out», explique François Audette. Le restaurant Les Canailles adaptera sa carte avec une offre «casse-croûte» pour ravitailler sa clientèle à domicile en octobre.

Adda Raphaël va lui aussi implanter un service de livraison compte tenu de la situation. «Notre menu est déjà adapté au <@Ri>take out<@$p>, dit-il. C’est sûr que maintenant on envisage faire de la livraison avec des partenaires comme Uber.»

À la brasserie L’Espace Public, les propriétaires comptent sur leurs activités parallèles – production et vente de bières en cannette – pour éponger les pertes des prochaines semaines. «Si les bars pouvaient vendre à emporter, ce serait déjà moins compliqué. On veut se réinventer, mais avec des lois aussi archaïques qui nous mettent des bâtons dans les roues, c’est difficile», dit Camille Dufour Thériault, directrice générale de L’Espace Public.

Le gouvernement a indiqué que des mesures d’aide seraient déployées pour les commerçants affectés, sans en dévoiler les détails.

Viviane Caron est impatiente d’en savoir plus. «Ce qui serait génial, c’est que ce ne soit pas des prêts. Si l’entrepreneur va chercher des prêts, il devra les rembourser et cette perte économique ne se rattrapera pas», explique-t-elle.

En attendant, la Société de développement commercial d’Hochelaga planche sur de nouvelles façons d’aider les commerçants affectés. Une campagne de sociofinancement semblable à celle de J’achète local MHM, lancée au printemps, pourrait être annoncée prochainement.

Un article co-écrit avec la journaliste Naomie Gelper.

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