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Khiêm: l’épopée de trois générations de femmes vietnamiennes

Ce sont bien Yasmine et Djibril Phan-Morissette
Yasmine et Djibril Phan-Morissette, auteurs et protagonistes de Khiêm Terres maternelles Photo: Jason Paré/Métro Média

La bande dessinée Khiêm Terres maternelles raconte l’épopée de deux femmes qui ont quitté le Vietnam pour refaire leur vie au Québec.

En plus de sa mère et de sa grand-mère, Yasmine Phan-Morissette y relate sa propre histoire, ce qui permet de faire le pont entre ces trois générations, le tout mis en images par son frère Djibril, un illustrateur qui a travaillé entre autres sur la série Archie et des comics de Marvel. Les deux bédéistes ont été élevés à Montréal-Nord, mais habitent maintenant dans Hochelaga-Maisonneuve.

Le projet a pris forme lorsque Trang, leur mère, a décidé de traduire en français les écrits de Khiêm, leur grand-mère, rédigés à l’origine en vietnamien. Elle souhaitait que Yasmine et Djibril puissent les lire.

«À partir de là, ça tout déboulé, se souvient Djibril. On a commencé à penser au concept, la manière qu’on voulait aborder ça.»

L’idée de narrer cette histoire sur trois générations est venue assez rapidement. «On trouvait que l’idée de faire ça à travers les yeux de trois générations, de trois femmes, de trois milieux différents, à trois époques différentes, était quelque chose d’unique et pertinent», souligne Djibril Morissette-Phan

La première partie consacrée à Khiêm, explique les raisons qui ont poussé leur grand-mère à mettre leur mère et leur oncle sur un bateau. Le deuxième chapitre aborde le changement géographique, social, culturel et politique vécu par leur mère.

Adoptée à l’âge de 15 ans par un couple de Québécois, Trang a trouvé difficile son intégration à sa société d’accueil.

«Quand elle est arrivée ici, on s’attend de toi que tu sois grateful, que tu apprécies tout ce qu’on te donne, que tu prennes les choses sans les questionner, raconte Yasmine. Elle n’a pas pu avoir une crise d’adolescence, se révolter contre ses parents».

Une adolescence qui a été sacrifiée au Vietnam pour faire vivre sa famille, puis ici, puisqu’elle consacrait son temps et son énergie à faire venir les siens au Québec.

Enfants métissés

Le troisième chapitre, «c’est notre ancrage à nous, notre génération, à Montréal en tant que personnes métissées qui ont une histoire familiale autant enracinée ici qu’enracinée ailleurs, explique Djibril. L’aspect géographique était très important d’où le titre Terres maternelles».

Leur père, Serge, né en Abitibi, a aussi passé son enfance dans Montréal-Nord.

«D’avoir une double identité, ça nous permet d’avoir une perspective sur une culture à travers les yeux de l’autre. Il y a toujours une interaction qui se fait entre les deux.» -Yasmine Phan-Morissette

Cette identité double leur a permis d’avoir un point de vue privilégié sur les deux cultures, selon Djibril. Il ajoute que leur père et leur mère se sont retrouvés ensemble et ont fondé une famille, parce qu’ils avaient des valeurs communes. «Qui dépassaient la culture», ajoute Yasmine

Leurs parents viennent tous deux d’un milieu défavorisé et marginalisé. «Tous les deux ont pu s’en émanciper et s’en sortir. Ils se sont retrouvés là-dedans», explique Djibril.

En parallèle à la sortie de Khiêm, 50 planches originales de la bande dessiné, faites entièrement à la main, seront mises en encan afin d’amasser des fonds pour L’Hybridé, un organisme à but non lucratif pour les personnes adoptées à l’international. Une cause qui tient à cœur aux Phan-Morissette, peu importe la génération.

 

 

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