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Prostitution à Hochelaga: de 42 arrestations à 0

Photo: Archives TC Media

Au cours de l’année 2014, le poste de quartier (PDQ) 23, situé dans Hochelaga, n’a effectué aucune arrestation reliée à la prostitution, alors qu’en 2013, il y en a eu 42 et 72, en 2012. Les policiers de Hochelaga-Maisonneuve ont troqué la répression pour la sensibilisation et la collaboration. Une idée qui n’est pas mauvaise, mais qui ne règlerait pas le problème, estime la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLÉS).

«Les arrestations n’ont jamais mis fin au problème. Lorsque les filles sortaient de prison, elles retournaient dans la rue. Il faut travailler en concertation avec les organismes et les citoyens pour tenter d’aider ces femmes à s’en sortir», souligne l’inspectrice du PDQ 23, Sophie Roy.

Un avis partagé par la CLÉS. «Lorsque les policiers donnaient des amendes aux prostituées, celles-ci devaient prendre plus de clients pour les payer. De plus, si elles ont des dossiers criminels, elles pourront difficilement réintégrer une vie normale», fait valoir Éliane Legault, responsable des communications à la CLÉS.

Au cours de la dernière année, 24 des 33 PDQ de Montréal ont effectué des arrestations reliées à la prostitution, dont celui de Mercier (12) et de Dorval, l’île-Dorval et Pointe-Claire (8).

Le PDQ 23 était en attente de la décision de la Cour suprême qui a invalidé trois articles de loi interdisant le proxénétisme, la sollicitation et la tenue d’une maison de débauche, en 2013, et de l’élaboration du nouveau projet de loi, en 2014. «Nous étions dans une zone grise alors nous avons décidé de ne pas faire de répression auprès des prostituées et de privilégier une approche plus psychologique», explique l’inspectrice Roy.

Les policiers ne sont pas restés inactifs dans ce dossier pour autant, précise Mme Roy. Plusieurs opérations ont été organisées pour diminuer les méfaits et les incivilités reliés au travail du sexe.

«Nous avons une équipe de patrouilleurs à pied qui font le suivi des cas problématiques. Ils oeuvrent davantage sur la nuisance que sur l’ensemble du travail du sexe, comme les seringues et condoms qui traînent ou lorsque les gens troublent l’ordre public.»

Pas encore assez
Même si elle approuve le changement d’approche des policiers, la CLÉS croit que la vraie solution est dans la décriminalisation totale de la prostitution.

«Il faut agir sur la demande. Il faut décourager les clients d’utiliser les services d’une prostituée par des lois et de la sensibilisation. S’il y a une plus grande surveillance, la demande diminuera et de ce fait, la traite et le trafic d’humains également», soutient Mme Legault.

La corporation croit qu’il faut aussi augmenter les services offerts aux travailleuses du sexe. «Il faut leur donner une alternative à la prostitution. Elles vont souvent dans ce domaine, car elles n’ont pas vraiment d’autres options», avance la responsable.

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