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«La violence ne prend pas de vacances»

Une mêlée de presse pour dénoncer la violence conjugale.
La mêlée de presse s’est tenue à Verdun le dimanche 4 juillet. Photo: Corinne Laberge

Le déconfinement a toutes les raisons d’être accueilli avec gaieté, or les marqueurs pointant vers un bilan des cas de violence conjugale et d’exploitation sexuelle qui pourrait s’alourdir cet été viennent assombrir le tableau. La députée de Verdun et porte-parole de l’opposition officielle en matière de Condition féminine, Isabelle Melançon, était accompagnée de ses collègues Kathleen Weil et Christine St-Pierre en mêlée de presse pour sonner l’alarme. Les élues demandent au gouvernement d’agir rapidement en prévention afin de protéger les filles, les femmes vulnérables et leurs enfants.

Bien que le gouvernement ait en main des centaines de recommandations, dont celles déposées par le comité transpartisan sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale, l’opposition déplore que les mesures concrètes tardent à venir. 

«Aujourd’hui, on vous a convoqué pour vous rappeler que, malheureusement, la violence ne prend pas de vacances», a lancé Isabelle Melançon en ouverture. Un message martelé tout au long par les trois députées.

Le Québec en entier est récemment passé en zone verte, ce qui place les femmes vulnérables dans une position dangereuse face à leur bourreau qui perd son emprise. 

«Dans la dernière année, un conjoint qui est violent,  avait la mainmise sur la conjointe victime. Cet homme-là perd le contrôle actuellement avec le déconfinement. C’est pourquoi on demande au gouvernement de la CAQ d’appliquer rapidement les recommandations des différents rapports qu’il a reçus dernièrement», a souligné Mme Melançon.

Filet de sécurité 

La députée de Verdun est revenue notamment sur les 190 recommandations déposées en décembre par le comité transpartisan, dont certaines sont tournées vers la prévention.

Mentionnant d’abord l’augmentation de l’aide financière destinée aux premières lignes telles que SOS violence conjugale, qui ont besoin de soutien pour mieux répondre à la demande.

Les cellules de crise qui ont été annoncées ne devraient également pas se limiter seulement aux régions administratives ciblées, estime l’élue. «On demande que ce soit l’ensemble du Québec qui puisse avoir des cellules de crise. On parle d’un filet de sécurité pour les femmes qui sont victimes de violence sexuelle ou de violence conjugale.»

En outre, les recommandations en lien avec les programmes pour les conjoints violents doivent être appliquées, soutient Mme Melançon. «Il faut mieux encadrer ces programmes pour pouvoir arriver à dire qu’ils sont fonctionnels partout.»

La députée de Notre-Dame-de-Grâce et porte-parole de l’opposition officielle en matière de Protection de la jeunesse, Kathleen Weil, a pour sa part soulevé les ravages causés par la violence sur les enfants.

«Comme les études le montrent, l’impact sur les enfants affecte les capacités à l’école, la santé mentale et la santé physique», a-t-elle rappelé. Elle a tenu à attirer l’attention sur deux recommandations du rapport Laurent issu de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, dont désigner une personne responsable du dossier de la violence conjugale dans chaque Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) afin d’assurer une liaison efficace entre les différents partenaires. 

«Aussi, en matière de prévention, s’il y a bien une mesure primaire c’est d’aider les hommes violents. Ceux qui ont reçu cette aide disent que ça a changé complètement leur vie, qu’ils ont pu comprendre d’où venait cette colère intérieure qui les habitait, a indiqué la députée. La recommandation est d’assurer des services d’aide, d’accompagnement et de suivi adaptés aux pères lorsqu’une situation de conflits familiaux risque de dégénérer ou dégénère.»

Que ce soit pour des situations de violence conjugale, mais aussi de ruptures de couples qui deviennent violentes, «nous demandons au gouvernement caquiste d’agir rapidement pour mettre en œuvre des mesures concrètes de prévention qui ne nécessitent aucune modification législative. C’est important de le dire, ce ne sont pas des recommandations qui touchent les lois», a précisé Mme Weil. 

Enfin, la députée d’Acadie et ancienne vice-présidente de la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs, Christine St-Pierre a orienté sa prise de parole autour de ce fléau à combattre.

«Avec cette entrée en zone verte, on va voir que l’exploitation sexuelle va reprendre de plus belle. Montréal a le triste record d’être la plaque tournante de l’exploitation sexuelle au Canada, a-t-elle insisté. Ce n’est pas un titre dont on devrait être fier.» 

Le rapport déposé il y a sept mois contient 58 recommandations qui font le tour du sujet, en matière de prévention, mais aussi pour soutenir les victimes d’exploitation sexuelle. Des femmes qui doivent aller au front témoigner contre leur proxénète devant les tribunaux.

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