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Vie de camionneurs: amoureux et copilotes

Sébastien Desaulniers et Marie-Christine Marchand. Photo: Éric Martel

En couple, deux camionneurs d’une entreprise de Lachine parcourent des milliers de kilomètres avec dans leur camion des kilos de denrées qui sont distribuées dans les épiceries. Ces amoureux adorent le style de vie que leur offre leur emploi.

Vendredi, Sébastien Desaulniers et Marie-Christine Marchand de l’entreprise Trans-West s’apprêtaient à quitter vers Calgary, un périple de plus de 700 kilomètres.

Leur mission: livrer de la nourriture, comme des fruits et légumes, pour ensuite en ramener à bon port. Un rôle qu’ils considèrent essentiel.

«Parfois, les gens nous disent que si on avait des serres dans lesquels on pouvait faire pousser ce que l’on voulait, nous n’aurions pas d’emploi, explique Mme Marchand. Mais ils oublient que les usines qui emploient leur beau-frère ou leurs voisins survivent grâce à nous.»

Avant de devenir camionneurs, il y a près de sept ans, Mme Marchand était conseillère à l’emploi et M. Desaulniers, mécanicien. Les deux adoraient déjà faire de la route, au point de faire des aller-retour au Colorado pour faire des voyages de ski lorsqu’ils profitaient d’une semaine de congé.

«On regardait les camions autour de nous avec jalousie, en constatant qu’eux étaient payés pour faire la route. On a songé à faire comme eux longtemps avant de faire le saut», avoue la conductrice de 37 ans.

Après avoir suivi un cours au Centre de formation Charlesbourg de Québec, le couple s’est trouvé un employeur à Montréal, puisque les entreprises de camionnage sont rares en Mauricie, là où ils habitent.

Dans leur processus de sélection, ils devaient trouver un emploi qui allait leur permettre de faire de longues routes, nécessitant deux conducteurs pour être complétées. Ils parcourent donc maintenant la côte ouest canadienne et américaine, allant fréquemment en Californie, à 11 000 kilomètres de Montréal.

«Au début, on était déçus d’être pressés, de manquer de temps pour voir les paysages. Maintenant, on prend plus le temps d’en profiter, de regarder autour, de s’émerveiller. Voyager, c’est notre quotidien», explique Mme Marchand.

Préparation

Bien que plaisants, ces voyages demandent une préparation stricte. Le duo cuisine tous ses repas à la maison avant de prendre la route, en plus de préparer tous leurs effets personnels.

Leur routine est toujours la même: Mme Marchand conduit de 15h à 3h jusqu’à ce que M. Desaulniers prenne la relève. Pas question de distribuer les heures de conduite autrement, en raison des règles de sécurité imposées par l’employeur.

«Ça se résume essentiellement à conduire et dormir, dit M. Desaulniers. On ne dort pas comme chez soi, alors on prend tout le temps qu’on peut pour se reposer.»

Le couple passe donc la majorité de temps à un mètre l’un de l’autre. Tandis que l’un s’assoupit sur le lit disposé à l’arrière du siège conducteur, l’autre conduit. Le temps passé ensemble se limite toutefois aux repas.

Malgré le stress des délais serrés, la météo qui peut jouer des tours et la longueur des routes, la chicane ne les a jamais importunés.

«Ça serait facile de s’engueuler, admet M. Desaulniers. Mais j’ai toujours dit que si ça allait bien à la maison, ça ira bien dans le camion.»

Puis ce mode de vie a ses avantages: un mois par années, les deux skieurs partent au Japon profiter des pentes. Du moins, c’était lorsqu’il était encore possible de voyager à l’étranger.

En contexte de pandémie, ils ont cependant dû se limiter à un séjour dans l’Ouest canadien, un territoire qu’ils commencent à bien connaître.

3612

3612 kilomètres séparent Montréal de Calgary, un trajet que connaît bien le couple Desaulniers-Marchand.

Contexte différent

Avec la pandémie, les camionneurs font partie d’un groupe sélect admis à traverser la frontière américaine. Alors que la plupart des Américains étaient confinés, les routes étaient désertes, une réalité qui a grandement facilité leur travail.

«Traverser Los Angeles, c’était comme rouler à Trois-Rivières», ironise M. Desaulniers.

Avec le déconfinement des dernières semaines, les automobilistes ont regagné les routes à un rythme plus normal, constatent-ils. «Toutes ces belles valeurs de valorisation du transport en commun, de réduction de l’utilisation de la voiture, je peux vous garantir qu’elles n’ont pas duré longtemps», se désole M. Desaulniers.

Le couple se rappelle fréquemment la chance qu’ils ont d’avoir pu conserver leur emploi, contrairement à bon nombre de Québécois.

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