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Apprentis de la technologie

Photo: TC Media - Vicky Michaud

De plus en plus envahis par la technologie, les enfants modernes ne sauraient vivre sans leur tablette ou leur téléphone intelligent. Une école primaire de Lachine, Paul-Jarry, a compris l’importance de ce nouvel outil d’apprentissage et est devenue la première école de l’île de Montréal à offrir à tous ses élèves des cours de programmation informatique, ou codage.

« La programmation est en train de devenir un langage en soi et nous croyons qu’il est tout aussi important que les enfants maîtrisent cette langue comme toutes les autres au curriculum », explique la directrice de l’école, Christine Jost.

Bien que le codage ne soit pas une matière en soi, tous les enseignants sont d’accord pour accorder les deux heures libres qu’ils ont, hebdomadairement, au développement de cette nouvelle connaissance.

« On peut facilement intégrer d’autres matières, comme les mathématiques et le français, lors de ces périodes, explique l’enseignante en deuxième année, Isabelle Boisvert. On peut aussi intégrer des notions de logique et de chronologie. Les enfants s’amusent et ne se rendent même pas compte qu’ils apprennent. »

Socialisation
Les élèves fonctionnent en atelier. Les plus vieux sont installés en équipe dans le gymnase. Ils développent ainsi des aptitudes sociales, selon leur enseignant de sixième année, François Cournoyer Normandeau, chose qu’ils ne pourraient faire s’ils assistaient à un cours magistral.

« On observe que des jeunes qui, habituellement, se mêlent difficilement au groupe, soit parce qu’ils sont en difficulté d’apprentissage ou de comportement, sentent qu’ils peuvent apporter à leur équipe. Ils interagissent vraiment plus facilement », fait-il valoir.

Le niveau de difficulté est différent selon le groupe d’âge. Les petits du premier cycle doivent exécuter des scénarios en dirigeant les personnages de leur histoire avec des commandes: haut, bas, gauche, droite. Ils peuvent aussi les faire discuter entre eux.

« Cette année, pour la première réunion de parents, mon groupe de 2e avait fait des petits vidéos d’accueil pour leurs parents. Ils sont restés bouches bée lorsque je leur ai annoncé que c’était la création de leurs enfant », raconte Mme Boisvert.

Le défi est plus complexe pour les 9-12 ans. Ils doivent programmer un robot qui devra suivre un trajet, changer de couleur ainsi que faire tomber des obstacles, pour ensuite se diriger vers sa « maison ».

Dès le 17 octobre, les élèves prendront part à une compétition internationale de robotique, la Wonder League Robotics Competition, où ils affronteront près de 3500 équipes. Cette année, ils devront, à l’aide de leur robot, sauver des animaux dont l’habitat est menacé.

« Comme ils sont les seuls à Montréal à pouvoir le faire, le niveau de motivation et d’entraide est très élevé. Ils veulent être les meilleurs », constate M. Cournoyer Normandeau.

Partage de connaissances
Ce genre de programme n’est pas gratuit. Il est devenu possible à l’école, qui dessert une clientèle provenant en majorité de milieux défavorisés, d’acheter une vingtaine de tablettes ainsi qu’une dizaine de robots, lorsqu’elle a remporté une bourse de 35 000$ de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys.

« Ce n’est pas dispendieux après la mise initiale. Le logiciel Scratch et Scratch Junior sont fournis gratuitement aux écoles. Par la suite, c’est une question d’organisation, pour savoir qui veille à ce que le matériel soit rechargé à la fin de la journée », soutient Christine Jost.

En plus de développer leur sens des responsabilités, les élèves ont maintenant l’occasion de partager leurs connaissances avec les adultes.

Tous les enseignants ont suivi une formation pour être aptes à guider les élèves. Mais Mme Boisvert admet apprendre souvent de certains élèves plus doués. Une élève a même confié que sa mère se fiait maintenant sur elle pour régler les bogues informatiques à la maison.

Puisqu’il est impossible pour l’instant d’évaluer l’impact de cette formation sur les enfants, le titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les TIC en éducation, Thierry Karsenti, s’intéresse au projet et prévoit en faire l’étude.

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