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Jeune héros

Photo: Photo : Gracieuseté - James Hajjar

Plus de 700 personnes sont en attente d’une transplantation pour assurer leur survie au Québec. La famille d’Édouard Grondin, gravement blessé dans un accident de la route en septembre, a dû prendre la décision déchirante de faire don de ses organes. Le jeune athlète de 18 ans du cégep André-Laurendeau continue d’une certaine façon d’exister à travers cinq personnes.

Si le décès d’un enfant ne peut jamais s’accepter, Valéry Couture est convaincue que leur décision apaise la douleur de moitié. «C’est notre héros. Il a sauvé plus de vies en une seule fois que moi en 15 ans dans les services ambulanciers, et mon mari, qui a été pompier pendant 25 ans», précise-t-elle.

Tout a basculé le samedi 9 septembre. Édouard s’est possiblement endormi au volant en se rendant au club de golf de Knowlton, en Estrie, où il s’entraînait et travaillait avec son frère aîné pour l’été.

D’abord stabilisé à Granby, le jeune homme a été transféré à l’Hôpital de Sherbrooke. Lorsque les portes de l’ambulance se sont ouvertes, Mme Couture et son conjoint ont vu leur fils, intubé, et ont eu le sentiment immédiat que c’était fini.

Ayant subi un important traumatisme crânien, l’étudiant-golfeur du Boomerang a été maintenu en vie artificiellement pendant un peu plus de 24 heures.

Don de vie
 «Peu après son anniversaire en août, nous avions rapidement discuté du don d’organes. Il ne voyait aucun problème à le faire, mais il n’a jamais signé sa carte», précise sa mère. Dans les heures qui ont suivi l’accident, ils ont spontanément pris la décision.

Le test d’apnée a été déterminant. «Ça permet de voir s’il va respirer par lui-même. Si après 10 minutes rien ne passe, ils déclarent le décès», indique Mme Couture.

Édouard n’a jamais bougé. «C’était difficile, mais ça faisait déjà longtemps qu’on était avec lui, on ne s’attendait plus à ce qu’il revienne», raconte son frère, Victor, aussi à son chevet.

Tout s’est ensuite précipité. «Le dimanche, sa mort était déclarée, le mardi soir il partait au bloc opératoire pour la transplantation. Le mercredi, les tissus étaient transporté vers Héma Québec, et a finalement été incinéré le jeudi», retrace Valéry Couture, précisant qu’un intervenant de Transplant Québec les a accompagnés à chaque étape du processus.

Aux dernières nouvelles, les transplantations ont été un succès puisque les cinq receveurs, tous des hommes, sont toujours vivants.

La partie la plus difficile à accepter pour la mère a été le prélèvement de la peau et des os de son fils. «Ça faisait beaucoup. On a accepté, car on veut que les gens vivent le plus longtemps possible grâce à notre Édouard», confie-t-elle.

La vie continue
Depuis toujours, Édouard et son frère pratiquaient le golf ensemble. Malgré la tragédie, Victor demeure au sein de l’équipe du Boomerang. «Si ça m’était arrivé, je n’aurais pas aimé qu’il abandonne, j’aurais voulu qu’il continue. C’est une façon de l’honorer», dit le jeune athlète de 21 ans.

Il s’est fait tatouer le nom de son frère sur le bras tout comme quatre autres membres de l’équipe avec qui Edouard évoluait. Une autre façon de sentir sa présence, Victor porte une casquette blanche frappée de son surnom, Eddy.

À la veille de la Semaine du don d’organe, du 22 au 28 avril, la famille Grondin espère que son histoire sensibilisera d’autres personnes au don d’organes.

«Je vois comment cela aide mes parents à passer à travers le deuil et je me dis qu’il n’y a aucune raison de ne pas le faire», indique Victor.

En 2017 au Québec, 510 personnes ont reçu un don d’organe, soit 50% de plus par rapport à 2012.

 

 

182
Le dernier rapport annuel de Transplant Québec indique une augmentation du nombre de donneurs, passant de 170 en 2016 à un record de 182, en 2017. L’organisme espère atteindre 220 donneurs en 2021.
Un donneur peut sauver jusqu’à huit vies.

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