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Nouvelle configuration dénoncée

Photo: Photos: TC Media - Pascaline David

Emily Ramdass tient l’une des plus anciennes épiceries de nourriture ouest-indienne du Canada, Aliments Ramdas, qui serait aujourd’hui au bord de la faillite. Avec d’autres commerçants voisins, elle estime que cela est dû à la reconfiguration de l’avenue Dollard, en 2016, et a lancé une pétition dans l’espoir de faire réagir l’arrondissement.

L’artère commerciale a subi une transformation en 2016, avec notamment l’élargissement des trottoirs, l’ajout de bandes cyclables et l’interdiction des virages à gauche.

«L’entrée du parking de la plaza a été bloquée et les gens qui roulent vers le sud sur Dollard n’arrivent plus à y accéder simplement, lance Mme Ramdass. Ils sont obligés de faire un demi-tour.»
Mme Ramdass a lancé une pétition, le mois dernier, demandant que soit retirées les barrières pour accéder au stationnement, ainsi qu’une compensation financière immédiate.

Elle estime que ses ventes ont chuté drastiquement depuis ces travaux, et doit avancer elle-même les fonds pour payer le loyer du magasin, ses employés et remplir ses tablettes. «Le peu de clients qui se déplacent physiquement au magasin voient les étagères presque vides ou demandent des produits qui ne sont plus disponibles, c’est très mauvais pour notre réputation», ajoute-t-elle.

Le gérant du Magasin Junior Variétés situé dans la même plaza, Emos Joseph, dit qu’il fait face à la même problématique que Mme Ramdass. «Les clients m’appellent tout le temps pour se plaindre, raconte-t-il. Je ne sais pas combien de temps nous allons pouvoir continuer comme ça, c’est très difficile pour nous.»

Même son de cloche au restaurant Lincoln’s cuisine. «Nous avons beaucoup moins de clients qu’avant, explique la gérante, Victoria Thomas. Certains trouvent même que le nouvel aménagement routier est dangereux.»

Sécurité
L’arrondissement ne prévoit pas recommencer des travaux d’aménagement ou répondre favorablement à la demande d’aide financière des commerçants.

«La reconfiguration était nécessaire pour la sécurité des piétons et des cyclistes, car c’était l’une de nos rues les plus accidentogènes», explique la mairesse Manon Barbe.

Dans une étude préliminaire, 139 accidents avaient été dénombrés de 2011 à 2015 sur l’avenue Dollard, entre De la Vérendrye et Newman.

Pour Mme Barbe, les difficultés de ces commerces ne peuvent être liées seulement aux nouveaux aménagements. «Cela voudrait dire que les commerces sur Newman, par exemple, feraient tous faillite», ajoute-t-elle.

Elle souligne également qu’un processus de consultation publique avait été tenu à l’époque, permettant aux propriétaires, aux locataires commerciaux et aux résidents de l’avenue Dollard de voter pour le scénario qu’ils souhaitaient.

«Le seul désagrément avec lequel un automobiliste ne pouvant plus couper le trafic et les piétons doit composer, est d’allonger de quelques secondes son trajet, dans le confort de son véhicule», répond le directeur d’arrondissement adjoint, Pierre Dupuis.

S’adapter
Mme Barbe suggère aux conducteurs de s’adapter et de trouver de nouveaux circuits pour accéder aux magasins.

«C’est sûr, les gens s’adaptent. Ils ne reviennent plus chez nous. Ce n’est pas une vraie solution», lance Emily Ramdass. Elle s’interroge sur la volonté de l’arrondissement de transformer les magasins en condos.

«L’avenue Dollard a toujours été une artère commerciale, on a besoin de commerces dans tous les coins de LaSalle et il n’a jamais été question de développement immobilier», conclut la mairesse.
Mme Ramdass souhaite continuer à se battre pour éviter de mettre la clef sous la porte. Au moment de mettre sous presse, sa pétition avait recueilli plus de 1300 signatures, sur internet et sur papier.

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