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Vaincre ses phobies avec la réalité virtuelle

Photo: Messager LaSalle - Pascaline David

Des personnes qui souffrent de kinésiophobie, c’est-à-dire la peur du mouvement, peuvent utiliser la réalité virtuelle pour réapprendre à se mouvoir. C’est ce que proposent les professionnels de la santé de la clinique de réadaptation du travailleur, à LaSalle, qui les accompagnent tout au long de leur démarche.

Doté d’un casque de réalité virtuelle, le patient entre en immersion dans un jeu vidéo, où il doit se mouvoir pour réussir la partie. Accompagné par un ergothérapeute ou par un psychologue qui analyse son comportement et sa progression, il sera ensuite incité à répéter les mêmes mouvements, mais dans la vie réelle.

Très souvent, le patient a inconsciemment développé la peur de bouger après un accident de travail ou un faux mouvement. S’il s’est fait mal et a été immobilisé pendant plusieurs semaines, il pourrait craindre de souffrir à nouveau, même après la guérison.

Des personnes qui ont eu un accident de la route et paniquent à l’idée de s’asseoir derrière un volant peuvent aussi être référées par les médecins de la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) pour utiliser un programme de réalité virtuelle.

«L’idée est d’abaisser les barrières psychologiques en simulant différents contextes de conduite, afin de préparer le patient à retourner sur la route», indique Myriam Cyr-Proulx, kinésiologue et coordonnatrice de la clinique.

Chemin de la douleur
Ces barrières peuvent être franchies grâce à la réalité virtuelle, selon plusieurs études. «Des facteurs psychosociaux affectent parfois la douleur, c’est pourquoi il faut d’abord analyser le cas pour comprendre s’il s’agit seulement d’un problème mécanique ou si un support psychologique serait requis», explique Matthew Chan-Fee, physiothérapeute à la clinique.

M. Chan-Fee prend l’exemple des bleus que l’on remarque parfois sur notre corps, sans savoir ce qui les a provoqués. Ces marques constituent une preuve de blessure physique, sans que l’on en ressente la douleur. À l’inverse, lorsque l’on a des maux de tête, on souffre sans avoir de preuve tangible de la blessure.

La douleur n’est donc pas nécessairement représentative d’une blessure, mais constitue plutôt une alarme qui indique la présence d’un danger ou d’un potentiel danger. Elle va sonner dans les deux cas.

«C’est là où la réalité virtuelle intervient, soutient M. Chan-Fee. Le patient n’associe plus mouvement et douleur puisqu’il se retrouve dans un environnement nouveau et ludique, où il est concentré sur ses objectifs.»

Réapprendre
Celia Escobar travaillait dans un salon funéraire où elle a subi deux accidents, l’un a affecté sa cheville puis, quelques mois plus tard, l’autre lui a valu une commotion cérébrale, une entorse cervicale dorsale lombaire et un problème sévère au bras.

En glissant sur une surface huileuse, elle s’est cognée la tête et a depuis de nombreuses pertes de mémoire et des problèmes de concentration. «Durant les séances d’ergothérapie, j’avais de la misère à bouger correctement mon bras et mon dos», raconte la résidente de Châteauguay, qui a vécu 23 ans à LaSalle.

Après quelques séances de jeu en réalité virtuelle, elle a senti une différence. «C’était plus facile de bouger, car je n’avais pas l’impression de travailler, estime-t-elle. Cela m’aidait au niveau de la motricité et de la concentration.»

Toutefois, elle a dû arrêter quelque temps, car la réalité virtuelle lui a procuré des maux de tête et des étourdissements.

Plusieurs études démontrent que cela peut arriver pour des patients qui ont subi une commotion cérébrale. Des troubles de la vision ou nausées, appelés cyber malaises et apparentés au mal des transports, peuvent également advenir chez certains utilisateurs.

Clinique
Située sur le boulevard Newman, à LaSalle, la clinique de réadaptation du travailleur a pris un virage en 2017, après avoir été rachetée par de nouveaux propriétaires.

Les ergothérapeute, physiothérapeute, kinésiologue et psychologue y travaillent dorénavant de manière interdisciplinaire. «On combine nos différentes approches et on communique entre nous pour soigner le patient, explique Myriam Cyr-Proulx, ergothérapeute. Le but est d’utiliser les forces de chaque discipline et d’impliquer le patient au maximum dans sa propre rééducation.»

Les gestionnaires ont fait le pari de la réalité virtuelle en janvier cette année et se disent satisfaits de leur investissement jusqu’à présent, puisque les patients auraient globalement bien réagi.

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