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Affaire Camara: «Il n’a rien à se reprocher»

Sylvain Caron fait le point sur l'affaire Camara.
Sylvain Caron Photo: Métro

Alors qu’il faisait face à des accusations graves de tentative de meurtre sur un policier le 28 janvier, et après avoir passé cinq jours et six nuits en prison, Mamadi III Fara Camara est maintenant libéré de tout soupçon.

Dans une courte déclaration en fin de journée vendredi, le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Sylvain Caron, a fait savoir que le chercheur de Polytechnique de 31 ans «n’a rien à se reprocher».

«Nous avons obtenu les résultats d’expertises [d’ADN] des laboratoires qui nous permettent de disculper M. Camara sur des bases objectives», a-t-il précisé.

Ces informations ont été transmises au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).

M. Caron a communiqué dans le courant de l’après-midi avec celui qui, jusqu’alors considéré comme un témoin important, pour lui annoncer la nouvelle. «J’ai pris entente avec M. Camara pour une rencontre dans les prochains jours pour des excuses les plus sincères à lui et à sa famille pour les inconvénients des derniers jours, a dit le directeur. Nous sommes humains, nous compatissons avec lui.»

Il a de plus offert publiquement ses excuses pour l’arrestation erronée, comme il s’était engagé à le faire la veille.

Processus

Pour l’instant, ni le suspect ni l’arme de service du policier n’ont été retrouvés.

Plusieurs informations qui ont circulé depuis la tentative de meurtre sur le patrouilleur, qui compte une vingtaine d’années d’expérience, auraient été fausses selon l’avocat de M. Camara, Me Cédric Materne. Il a notamment nié que des traces de sang avaient été retrouvées sur son client et dans sa voiture.

Par ailleurs, la police aurait agi trop rapidement, selon lui, en procédant à l’arrestation de son client qui, depuis le début, clamait son innocence.

Le SPVM tiendra une séance dédiée à la population et aux médias pour leur expliquer les processus judiciaires. Les dates seront communiquées ultérieurement.

Entre-temps, l’enquête se poursuit. De nouveaux éléments de preuve sont analysés quotidiennement afin de faire la lumière dans cette affaire.

Perquisition

Plus tôt vendredi, une perquisition a eu lieu à LaSalle. Une voiture suspecte, qu’une «tierce personne» aurait utilisée après avoir agressé et désarmé l’agent Sanjay Vig, a été retrouvée.

La Hyundai Elantra rouge a été déclarée volée, nous rapporte la relationniste du Service de police de Montréal (SPVM), Caroline Chèvrefils. On ignore toutefois où et quand par rapport à l’agression du 28 janvier sur le boulevard Crémazie, dans Parc-Extension.

La voiture a été fouillée sommairement et ensuite remorquée vers le centre d’expertise du SPVM pour d’autres analyses. De «possibles autres perquisitions sont à venir», ajoute Mme Chèvrefils.

Un poste de commandement a été érigé devant un immeuble à logement de la rue Jean-Brillon. Les enquêteurs des crimes majeurs étaient sur place afin d’interroger des témoins.

Les bandes vidéo des bâtiments à proximité seront examinées.

Un large périmètre de sécurité a été mis en place une bonne partie de la journée. Il a été levé vers 14h.

Mise au point du DPCP

Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a fait le point dans le dossier de Mamadi III Fara Camara. Il a été libéré mercredi alors qu’il devait subir son enquête sous caution.

Avant d’autoriser le dépôt d’une accusation, le procureur doit être convaincu qu’il existe une perspective raisonnable de condamnation à la lumière du dossier qui lui est soumis par les policiers.

C’était le cas le matin du 29 janvier, au lendemain de l’agression, «avec la preuve disponible à ce moment, notamment des témoignages et les informations relatives à la scène de crime», explique la porte-parole Audrey Roy-Cloutier par voie de communiqué.

Toutefois, de nouveaux éléments lui ont été transmis tout juste avant la comparution de M. Camara au palais de justice de Montréal.

«À la lumière de l’ensemble de la preuve alors disponible, le DPCP en vient à la conclusion qu’il n’est plus possible de soutenir les accusations à l’égard de monsieur Camara. En conséquence, ce même jour, un arrêt des procédures est ordonné, permettant la libération immédiate de monsieur Camara», ajoute Mme Roy-Cloutier.

Jeudi, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, s’est dite «désolée de ce qui est arrivé à M. Camara» sans toutefois offrir d’excuses officielles. Elle a du même coup demandé une enquête «neutre» pour faire la lumière dans cette arrestation erronée.

Vendredi, en point de presse, le premier ministre Justin Trudeau, aussi député de Papineau où a eu lieu la tentative de meurtre, a également demandé à ce que tout soit mis en branle pour «avoir des réponses claires afin de restaurer la confiance envers nos institutions et les policiers.»

-Avec la collaboration de Carl Sincennes

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