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«Quartiers sous tension», un film qui cherche des solutions à la gentrification

Mile End, quartier gentrifié Photo: Charlotte Lopez | TC Média

Hausse de loyers, expulsion de locataires, fermeture de commerces, la transformation sociale et économique que l’on appelle gentrification touche plusieurs arrondissements de Montréal, notamment Le Plateau-Mont-Royal. Le documentaire «Quartiers sous tension» de Carole Laganière laisse place à la recherche de solutions afin d’en diminuer les effets négatifs.

Le Comité des citoyens du Mile End et Montréal Pour Tous ont organisé lundi la projection du film «Quartiers sous tension» au Théâtre Rialto, afin de créer une discussion autour de ce sujet épineux. Ce long-métrage d’environ 50 minutes présente d’un côté les moins fortunés qui doivent quitter leur logement faute d’argent pour payer leur loyer, et de l’autre, ceux qui considèrent que les nouveautés revitalisent l’image du quartier.

Dans le Mile End, cela fait déjà plusieurs années que l’on voit des résidents évincés de leurs logements, ou des commerces fermer les uns après les autres, comme récemment le Café Cagibi, situé à l’angle des rues Saint-Laurent et Saint-Viateur.

Le documentaire met en avant cette amélioration des quartiers de Montréal, qui a pour conséquence des loyers qui doublent, voire qui triplent. Dans le paysage du Mile End, on voit ainsi s’ajouter soit des boutiques luxueuses, soit des locaux vides, appartenant à des propriétaires en attente de gros locataires, tels que des chaînes ou des multinationales.

L’embourgeoisement urbain ne date pas d’hier dans ce quartier. Depuis les années 1970, l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal fait lentement face à cette gentrification.

Logements sociaux et coopératifs

Carole Laganière, réalisatrice du film Quartiers sous tension

La gentrification soulève beaucoup de questions, mais aussi des possibilités de solutions comme la création de logements sociaux et coopératifs, souligne Carole Laganière, réalisatrice du film.

«Comme citoyens on peut faire bouger les choses, mais ça appartient au gouvernement de choisir de créer de tels logements. En Scandinavie, il existe près de 15 à 20% de logements sociaux ou coopératifs. Au Québec, on parle de 5%, donc c’est certain que dans notre pays le logement est considéré comme un produit avec lequel on peut faire du profit», lance-t-elle.

Selon Richard Ryan, conseiller de ville pour le district du Mile End, la création de logements sociaux fait également partie des solutions pour contrer les effets négatifs de la gentrification. «Évidemment c’est insuffisant, mais c’est important, car ces unités de logement sortent alors du marché et sont à l’abri de la spéculation et de la pression immobilières», commente-t-il, en faisant référence au projet d’habitation sociale de 92 logements de la coopérative d’habitation Mile End qui verra le jour l’été prochain sur l’avenue de Gaspé.

Le Mile End est aujourd’hui un quartier presque totalement gentrifié qui a connu dans les années 1970-80 un attrait très fort pour ses beaux et grands logements, d’après Carole Laganière. «Désormais, il ne reste plus beaucoup de locataires à faibles revenus, alors que les quartiers gentrifiés comme celui-là doivent rester mixtes», ajoute-t-elle.

Conscientiser la population

«On est tous des gentrifieurs à un moment donné, pas seulement celui qui a de l’argent, mais aussi celui qui transforme le quartier et qui va le rendre attractif pour d’autres joueurs. C’est là que la pression immobilière commence, dès qu’il y a une plus grande qualité de vie», précise Richard Ryan.

Ruelles vertes, saillies de trottoirs, verdissement, dos d’âne, la gentrification a aussi une connotation positive qui est également l’amélioration d’un lieu, qui va avec une revitalisation d’un quartier souvent dévitalisé.

La projection du film «Quartier sous tension»  est une façon de conscientiser les citoyens selon Isabelle Anguita, porte-parole du Comité du Mile End. «On veut essayer de voir comment les citoyens peuvent s’impliquer à leur niveau et se rendre compte du rôle que chacun peut avoir là-dedans. L’idée de rencontrer les résidents et de faire bouger la réflexion, voir qu’individuellement on a chacun des choses à faire», souligne-t-elle.

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