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Des artisans réclament une aide au loyer directe

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Photo: Courtoisie

Dans l’impasse après que leur propriétaire a refusé de demander l’aide au loyer, des artisans et artistes de Rosemont et du Plateau unissent leurs voix pour demander au gouvernement fédéral d’en modifier le processus de demande.

Selon les locataires du Centre Industriel de Rosemont (CIR) et des Lofts Cadbury, le principal problème du programme d’Aide d’urgence du Canada pour le loyer commercial (AUCLC) est qu’il ne permet pas de déposer une demande sans passer par son propriétaire.

«Cette aide est la bienvenue, mais elle est mal faite. Si on supprimait l’intermédiaire que représente le propriétaire, les choses seraient beaucoup plus simples», témoigne Madly Fuss, designer et ébéniste locataire au CIR.

Faire face au refus

Comme elle, plusieurs locataires déplorent un système qui repose entièrement sur le bon vouloir des propriétaires et qui ne permet pas de faire une demande à titre de locataire. Aux Centres Industriels de Rosemont, de Fullum et Guimond, les artisans et petites entreprises se sont vu refuser l’aide au loyer par leur propriétaire.

Après plusieurs tentatives de négociation, ils ont reçu une lettre dans laquelle le propriétaire explique qu’il ne fera pas la demande auprès de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

Pour justifier cette décision, le propriétaire souligne notamment “[qu’il] s’agit avant tout d’un prêt qui peut être convertible en subvention après plusieurs mois, sous certaines conditions très strictes”.

«On est plus en guerre avec le propriétaire, mais on veut que le programme soit révisé. La situation est suffisamment stressante et c’est frustrant parce que c’est hors de notre contrôle», explique Mathieu Pellerin, lui aussi ébéniste.

Assouplir les critères

Mais, au-delà de l’implication du propriétaire dans le processus, les locataires souhaitent aussi que les critères d’admissibilité soient assouplis. Plusieurs d’entre eux, qui ont perdu moins de 70% de leur revenu, se trouvent en difficulté mais ne peuvent pas bénéficier de l’AUCLC.

«Certains artisans ont trouvé des moyens de continuer à faire un peu de vente en ligne, cite par exemple Mme Fuss. Aujourd’hui ils ont très peu de revenu mais n’ont pas droit à l’aide.»

La designer dénonce aussi un double discours du gouvernement fédéral qui dit vouloir favoriser l’achat local, mais ne permet pas aux artisans de se maintenir à flot. Malgré qu’elle ait obtenu un prêt, elle a dû trouver un second emploi à temps partiel pour avoir un revenu suffisant.

«Personne n’aime travailler pour rembourser de la dette», témoigne également M. Pellerin qui doit rembourser deux mois de loyers à son propriétaire alors que plusieurs de ses employés ne travaillent plus.

Encadrer les loyers commerciaux

Interpellé à ce sujet, le député de Rosemont-La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice s’est dit tout à fait d’accord avec les revendications des locataires. Comme eux, il constate aussi une hausse des loyers commerciaux impressionnante et qui devrait être mieux encadrée.

«Les pressions pour les hausses de loyers commerciaux étaient déjà significatives, même avant la pandémie. Le problème a été exacerbé par la crise et il faut s’y attaquer. L’arrondissement et la Ville travaillent dans ce sens», précise-t-il.

Concernant le programme d’AUCLC, il lance un appel au ministre du Patrimoine canadien et député de Laurier-Sainte-Marie, Steven Guilbeault pour qu’il fasse pression afin de le faire modifier.

Citant le prêt d’urgence, la PCU et plusieurs autres mesures fédérales, le bureau du ministre du Patrimoine canadien affirme que tout est en place pour venir en aide aux entrepreneurs.

«Ce programme est une option parmi un large éventail de mesures de soutien que notre gouvernement a adopté pour aider les entreprises dont la viabilité a été touchée, sans nécessairement avoir perdu 70 % de leurs revenus», écrit-il.

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