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L’histoire du virage cyclable du Plateau

Vélo Québec
La présidente-directrice générale de Vélo Québec, Suzanne Lareau Photo: Mathias Marchal/Collaboration spéciale

Après 35 ans à Vélo Québec, dont 19 ans en tant que présidente-directrice générale, Suzanne Lareau, a annoncé qu’elle quitterait l’organisation fin décembre. À travers une balade de deux heures dans les rues du Plateau, elle nous a détaillé les immenses progrès réalisés sur la scène cycliste et ce qu’il reste à accomplir. En selle!

On débute à la Maison des cyclistes, quartier général de l’organisation, le long de la piste de Brébeuf construite en 1984 sous l’administration Drapeau/Lamarre. Cet axe marque l’essor des pistes cyclables utilitaires, après des années dédiées au vélo récréatif.

«À l’heure de pointe, avec jusqu’à 6000 cyclistes par jour, c’est désagréable d’y circuler. Aujourd’hui, ça ne se ferait plus, sur des axes aussi achalandés, de construire des pistes bidirectionnelles», mentionne Mme Lareau. Elle se félicite toutefois que l’axe de La Roche, juste à l’ouest, incorpore désormais des bollards et une double bande anti-emportiérage ce qui a permis d’en améliorer l’attractivité et de désengorger par ricochet la piste De Brébeuf. «Espérons qu’ils la garderont pour l’hiver et après la pandémie.»

Piste de la rue Rachel

Difficile d’imaginer qu’il y a environ trois ans cette dernière s’arrêtait rue Marquette pour reprendre rue Dorion en passant par la rue Gauthier, alors que la piste avait été construite en 1989 sous le maire Jean Doré. «On craignait à l’époque que ça ne gêne le virage à droite des automobilistes sur Papineau. Il aura fallu attendre près de 30 ans pour corriger cela.» Pas facile de reprendre de la place à l’auto!

On est désormais sur cette piste qui longe désormais le parc La Fontaine sans y pénétrer. Les élus ont gagné sur Vélo Québec qui rechignait à l’idée de sortir la piste du parc. «Le résultat est meilleur que ce que je pensais. On a réduit la taille de la rue sans retirer de place de stationnement et réglé la plupart des conflits de circulation au coin de la rue Cherrier», se félicite Mme Lareau. Elle remarque avec grand plaisir qu’après des années de demandes, l’asphalte a enfin été refait sur la piste Cherrier.

Piste de l’avenue des Pins

La PDG de Vélo Québec souligne que, même si la rue doit être refaite au complet très bientôt, les autorités municipales ont peint en 2019 des bandes cyclables unidirectionnelles de chaque côté : «Ça ne coûte pratiquement rien et ça donne de très bons résultats, on l’a vu sur la rue Laurier», dit-elle.

Ici et à d’autres endroits comme sur la rue Milton, le retrait des places de stationnement s’est fait sans hauts cris. «52% des Montréalais sont aussi des cyclistes, ils voient que ça diminue les risques pour leurs enfants.»

La monture de la PDG de Vélo Québec : un vélo montréalais Opus de 2012 qu’elle apprécie pour son confort et son moyeu interne à sept vitesses, qui lui permet de changer de vitesse à l’arrêt.

Des pistes à contresens

On y arrive justement rue Milton : une rue à sens unique où les cyclistes sont autorisés à circuler à contresens grâce à une bande cyclable permise par le code de la sécurité routière depuis 2005, sur recommandation de VQ.

«Au début, les gens disaient « Voyons, donc, c’est bien trop dangereux! » maintenant, c’est rentré dans les mœurs», souligne Suzanne Lareau. Elle note que cette pratique permet de réaliser les raccordements manquants entre les grands axes.

Cette dernière vit actuellement une nouvelle révolte avec le déploiement du Réseau express vélo, rue Saint-Denis. «C’est décourageant d’entendre des arguments vieux de 30 ans avec tout ce qu’on connaît sur les crises climatique et de santé publique.»

On remonte la rue Clark, à contresens, et Mme Lareau évoque ce qui manque encore : un axe cyclable le long du boulevard Saint-Laurent. Selon elle, cet axe est absolument nécessaire compte tenu du volume de circulation cycliste. «Avec 6000 et jusqu’à 9 000 passages par jour, le bout de piste qui passe sous le viaduc Saint-Laurent est le plus emprunté de Montréal», lance-t-elle.

Celle qui indique ne pas encore savoir où elle atterrira ensuite, pourrait aussi vous jaser de la Vélorue «mystère» sur la rue De Mentana, sur l’importance du déneigement hivernal et de la possibilité de circuler sur les trottoirs sous les viaducs, mais le temps file. Elle quitte en émettant un vœu : qu’on trouve enfin une peinture au sol capable de résister aux hivers. Eh oui, le diable se cache parfois dans les détails!

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