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Ruelle verte: le Marché Laurier risque de perdre des fournisseurs

Le propriétaire du Marché Laurier, Guy Allaire, avec son fils, Philippe Allaire, dans la ruelle en question. Photo: Dominic Gildener/Métro Média

Le propriétaire du Marché Laurier, Guy Allaire, a récemment lancé une pétition s’opposant à la fermeture de la ruelle se trouvant derrière son commerce. Celle-ci sera bientôt transformée en ruelle verte. Ce changement rendrait l’accès au marché difficile, voire impossible, pour les camions de livraison, selon M. Allaire.

Si le projet de transformation de la ruelle, initié par l’arrondissement, va bel et bien de l’avant cet été, les affaires de l’épicerie de quartier pourraient être menacées. Plusieurs des fournisseurs du commerce ont déjà averti le propriétaire et son fils qu’il ne serait plus possible pour eux de continuer à leur acheminer leurs commandes lorsque le réaménagement prévu sera effectué.

Les livreurs auraient à parcourir de plus longues distances en stationnant leur camion sur la rue Drolet plutôt que dans la ruelle. Par exemple, les dirigeants de Sobeys, l’un des principaux fournisseurs du Marché Laurier, ne voient pas cette option comme viable. Il serait dangereux pour leur personnel de faire rouler un transpalette de plus de 2000 livres sur une distance d’environ 60 pieds.

En cas d’averses ou de pluie, la sécurité des employés des fournisseurs serait encore plus en péril, estime M. Allaire. Pendant l’hiver, il serait impossible de procéder avec les nombreuses tempêtes de neige et avec la chaussée souvent glissante.

«Durant l’hiver, on dégage l’entrée arrière du commerce, qui fait 10 pieds sur 10 pieds, pour que les livreurs puissent y accéder. Toutefois, on ne pourra pas entretenir une ruelle de 120 pieds», souligne M. Allaire.

Plaintes de riverains

En 2018, des voisins du commerce se sont plaints à l’arrondissement du bruit engendré par les nombreuses livraisons ayant lieu du lundi au vendredi. Des résidents du quartier s’étaient aussi plaints d’autres nuisances, telles que la pollution et les risques pour la sécurité des piétons. De plus, des camions avaient endommagé deux propriétés.

En 2019, l’Ombudsman de Montréal a commencé à accompagner le dossier. Après plusieurs mois de consultations et de réflexions, l’arrondissement a annoncé aux résidents ses intentions d’aménagement en avril.

«Un corridor permettra les livraisons à pied, à vélo cargo ou par transpalette. Quant aux camions, ils pourront utiliser les zones de livraison qui sont des deux côtés de Drolet», mentionne l’arrondissement dans un courriel.

Le fils du propriétaire du Marché Laurier, Philippe Allaire, remet en question la solution proposée. Plusieurs ruelles à Montréal sont utilisées par des commerces pour les mêmes raisons, donc pourquoi s’en prendre à celle-ci en particulier, se demande-t-il. En 27 ans, mis à part les deux dommages aux immeubles causés par des camions de livraison, il ne relève aucun autre incident majeur. La sécurité des riverains n’est donc pas en danger, selon lui.

Dangereux

En se stationnant dans la rue plutôt que dans la ruelle, les livreurs vont provoquer plus de congestions et nuire à la circulation puisque certains d’entre eux arrivent parfois en même temps. Pour ce qui est du bruit, il sera toujours présent et dérangera encore le voisinage, mais simplement pas les mêmes personnes, avance-t-il.

Le temps de livraison de chaque fournisseur sera doublé, voire triplé, puisque les produits devront être transportés sur une distance beaucoup plus importante afin de se rendre au commerce, fait remarquer M. Allaire. De plus, ses employés et les livreurs s’exposeraient à des risques en traversant la rue avec la marchandise, étant donné que plusieurs véhicules y circulent.

À l’heure actuelle, le propriétaire du marché demande aux fournisseurs d’éteindre le moteur de leur camion une fois stationné. Il sera plus difficile de contrôler cet aspect s’ils se stationnent dans la rue, pense-t-il.

Le propriétaire du Marché Laurier, Guy Allaire, avec son fils, Philippe Allaire, dans la ruelle en question.

Pétition et procédures légales

Récemment, Guy et Philippe Allaire ont lancé une pétition. Celle-ci a circulé auprès de 84 des citoyens ayant un accès direct à la ruelle en question. Au total, 76 de ces personnes s’opposent à la fermeture de la ruelle.

Dans la pétition, les deux hommes mentionnent qu’ils doivent vider deux conteneurs de déchets qui pèsent une demi-tonne chacun. La Ville aurait proposé à l’épicerie de les pousser jusqu’à la rue Drolet. Cependant, cette option contreviendrait aux normes de la Commission des normes, de l’équité et de la sécurité au travail en plus de mettre leurs travailleurs en danger, soutiennent-ils.

La pétition a été remise à la Ville et à l’arrondissement. Selon la réglementation, les opposants doivent prouver que plus de 50% des résidents riverains sont contre le projet pour le remettre en question. Selon les résultats obtenus, 90% s’y opposeraient. Toutefois, la Direction du développement du territoire aurait répondu ceci par courriel:

«À noter que nous avons fait l’analyse de la pétition et que celle-ci s’avère peu significative par rapport aux données dont disposait déjà l’arrondissement.»

Philippe Allaire reproche à l’arrondissement de faire preuve de peu de transparence et de mauvaise foi.

Pour la suite, les deux propriétaires du Marché Laurier restent en contact avec leur avocat. Ils espèrent que ce dernier les aidera à influencer l’arrondissement à faire demi-tour et abandonner le projet de ruelle verte.

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