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Marché public pour redynamiser Prince-Arthur: accueil mitigé

Photo: Mélanie Pinto/TC Media

Le projet de marché public sur une portion de la rue Prince-Arthur, lancé par la Ville de Montréal, reçoit un accueil mi-figue mi-raisin auprès des commerçants du secteur. Certains applaudissent l’effort pour attirer de nouveaux clients, d’autres y voient plutôt de la poudre aux yeux.

D’après les commerçants, Prince-Arthur ne ressemble en rien à la célèbre rue piétonne des années 1980-1990, époque à laquelle elle était pleine de restaurants grecs à formule apportez votre vin où les passants s’arrêtaient pour écouter un groupe de musiciens de rue.

Aujourd’hui, la rue est plus morose, surtout la portion entre le boulevard Saint-Laurent et l’avenue Coloniale, où de nombreux locaux attendent un locataire. Pour redonner un nouveau souffle, la Ville organisera un marché public chaque jeudi, de 15h à 19h, jusqu’au 15 octobre.

«Deux millions de dollars vont être injectés pour redynamiser la rue. C’est un projet pilote, rien n’est définitif et nous sommes en pleine réflexion des différentes animations que nous pourrons offrir», assure Alex Norris, conseiller de ville de Projet Montréal pour le district de Jeanne-Mance.

En plus de la vente de fruits, de légumes et de produits du terroir, il y aura des kiosques de dégustation pour les restaurateurs du secteur.

Or, tous ne sont pas convaincus de l’utilité de la chose.

«C’est bien et ce n’est pas bien», lâche Gino Feknous, propriétaire depuis 25 ans d’un magasin d’artisanat varié.

«Ce sont les restaurants et les artistes qui constituent l’âme de cette rue. Ils veulent vendre des patates et des tomates, mais il y a deux ans, il y avait une fruiterie au coin de la rue. Elle a fermé, ça ne marchait pas. Je pense qu’il faut surtout aider les commerçants qui veulent ouvrir leur business.» Il suggère de créer un espace pour les jeunes artistes.

Pour la Casa Grecque, l’un des seuls restaurants grecs de la rue qui a survécu à la vague de fermeture, le problème est ailleurs. «Faire un marché public, c’est bien si ça ramène du monde, mais ils vont se garer où?», questionne Pavlo Joannides, patron du restaurant depuis plus de trente ans.

Selon lui, la crise qui a poussé les restaurants à fermer, c’est la multiplication des places de stationnement sur rue réservé aux résidents, installées il y a bientôt deux ans. «Les clients ne peuvent plus se garer sur la rue. Même s’ils réservent, quand ils arrivent aux alentours sans trouver de place, ils repartent», soutient le restaurateur.

L’association des commerçants dit «oui»
Sheila Arrias et Leonardo Nieto, patrons du Café Mezcal et le restaurant O Noir, sont plutôt contents et enjoués par le futur marché public.

Ces jeunes commerçants viennent tout juste d’y ouvrir leurs portes: trois mois pour Sheila et quelques semaines pour M. Nieto, qui a déménagé son restaurant de la rue Sainte-Catherine.

«La rue Prince-Arthur a beaucoup de potentiel, le marché va aider à faire venir les clients. J’aimerais retrouver la rue d’avant. Moi, j’y crois et je suis très engagé dans cette rue», espère M. Nieto, le nouveau président de l’Association des commerçants de la rue Prince-Arthur.

Mais il en faudrait un peu plus pour garantir le succès de la rue.

Lui et Mme Arrias, secrétaire de l’organisme, ont pensé à des festivités pour la rendre plus attractive: «on aimerait créer un festival de musique, comme sur la rue Duluth, installer des toilettes publiques, de la signalisation pour les vélos et des aménagements de rue», proposent les deux commerçants.

«Il faut casser l’image de la rue Prince-Arthur, la rue des Grecs. Ce n’est plus le cas. C’est une rue avec de la gastronomie très diversifiée. Entre commerçants, on s’entend bien. S’il me manque quelque chose, je vais voir le voisin», raconte la Mexicaine qui propose des tacos maison. Un message qui devrait plutôt bien passer auprès de la Ville qui «espère que les commerçants nous solliciteront avec des idées innovantes».

Le projet de marché public entre dans le cadre du projet Rêver Prince-Arthur, mis sur pied pour le 375e anniversaire de Montréal.

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