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MHM: un plan de verdissement qui laisse perplexe des environnementalistes

Les élus de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve lors de la dernière séance du conseil d'arrondissement qui s'est tenue hier. Crédits : Naomie Gelper Photo:

L’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve annonce un plan majeur de verdissement de son territoire. Mais certains groupes environnementaux dénoncent une contradiction compte tenu du fait que l’administration compte raser deux boisés dans le cadre d’un projet de développement résidentiel.

Lors du dernier conseil d’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, l’administration a dévoilé que près de 1 M$ des 66 M$ du budget de fonctionnement 2020 seront investis dans le verdissement et dans la protection des espaces verts. Cette somme s’ajoute d’ailleurs au 1 M$ octroyé aux initiatives de verdissement via le Programme triennal d’immobilisations.

Le maire de l’arrondissement, Pierre Lessard-Blais, estime que le verdissement est une méthode simple et efficace de s’attaquer aux impacts des changements climatiques. « Avec notre offensive de verdissement, on veut évidemment augmenter l’indice de canopée, qui est beaucoup trop faible, ce qui va notamment nous permettre de créer des îlots de fraîcheur et de contribuer à améliorer la qualité de l’air », a-t-il expliqué. 

Il est prévu que l’arrondissement nomme un responsable du verdissement et de la coordination des ressources et des projets de l’arrondissement ainsi que ceux du milieu. L’implantation d’une escouade composée de ressources dédiées au verdissement sur le terrain, avec pour mission l’intensification de projets de verdissement, l’entretien des espaces verts et la mobilisation citoyenne est aussi prévue. 

Un choix « incohérent » ?

Du même souffle, les membres du conseil d’arrondissement ont adopté les premiers projets de résolution d’un projet particulier autorisant la construction de plusieurs bâtiments dans le secteur couvert par le Programme particulier d’urbanisme (PPU) Assomption Nord. Ce projet autorise des constructions immobilières sur le site des boisés Beni-Hana et de Marseille, donc la destruction de près de 200 arbres matures d’environ 40 ans. Deux carrés de 1,8 hectars chacun seront rasés.

Le Conseil régional en environnement (CRE) de Montréal a fait parvenir une lettre aux élus de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve expliquant leur déception face au projet. « Quand on apprend qu’on veut défricher des boisés qui présentent un bon degré de maturité pour les remplacer par des parcs de plus petite superficie, on pense qu’on va y perdre au change », affirme le responsable des dossiers développement urbain et durable du CRE-Montréal, Charles Bergeron. 

Un boisé est un écosystème avec une biodiversité complexe qui contribue à la connectivité écologique, à la biodiversité, à la lutte aux îlots de chaleur et à la gestion des eaux pluviales, explique M. Bergeron.

Une recherche du directeur du Centre des sciences de la biodiversité du Québec, Andrew Gonzalez, démontre que la valeur des boisés est équivalente au jardin botanique en terme de priorité de conservation.

Pour Charles Bergeron, l’engagement qui a été pris par l’arrondissement concernant le verdissement est cohérent avec les grandes lignes de Projet Montréal. « Je suis plutôt surpris qu’on mette en opposition logement social et préservation des milieux naturels », indique-t-il. Selon lui, il y a manière de réconcilier les deux objectifs.

« Pour ce qui est du secteur Assomption Nord, nous avons également des objectifs ambitieux en matière de verdissement, et la déclaration d’action adoptée hier constitue un bon point de départ », pense Pierre Lessard-Blais. Il invite les citoyens à prendre part à l’assemblée de consultation publique qui se tiendra le 24 octobre prochain à la salle du conseil de la mairie d’arrondissement.

Julien Bourbeau du collectif citoyen Les AmiEs du parc nature Ruisseau de la Grande Prairie juge qu’aller de l’avant avec le PPU Assomption Nord est une décision incohérente avec la motion de verdissement. « On a demandé au conseil un report d’adoption, explique M. Bourbeau. Les élus nous ont dit qu’il y aurait des consultations, mais quel sera notre réel pouvoir ? L’adoption de ces projets autorise déjà les promoteurs à aller de l’avant. »

Charles Bergeron espère pour sa part que les arguments présentés le 24 octobre prochain pourront modifier la forme que prendra le projet immobilier sur secteur PPU Assomption-Nord.

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