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Reconfiguration de la rue de Marseille: Un projet qui divise

La rue de Marseille deviendra sens unique pour y implanter des voies cyclables bidirectionnelles.
La rue de Marseille est devenue un sens unique pour permettre l'implantation de voies cyclables bidirectionnelles. Photo: Naomie Gelper/Métro

Qualifiée de «rattrapage» par le maire d’arrondissement, l’importante reconfiguration de la rue de Marseille ne fait pas l’unanimité chez les résidents et les commerçants de Mercier-Ouest. Certains applaudissent l’aménagement d’une nouvelle piste cyclable tandis que d’autres déplorent un manque de consultation.

Mise à sens unique, aménagement de voies cyclables bidirectionnelles et relocalisation de zones de stationnement: l’objectif de la reconfiguration de la rue de Marseille est de créer un lien cyclable est-ouest de trois kilomètres qui connectera les trois quartiers de l’arrondissement et de sécuriser les déplacements.

«Les rues Hochelaga et Sherbrooke sont trop dangereuses et la rue Pierre-de-Coubertin est bloquée par le CN, donc il ne reste que la rue de Marseille. Et elle est déjà beaucoup utilisée par les cyclistes», explique le maire d’arrondissement, Pierre Lessard-Blais.

Ce dernier souligne que cet aménagement cyclable répond aux nombreuses demandes citoyennes formulées lors des consultations publiques tenues dans le cadre de l’élaboration du Plan local de déplacement (PLD).

«De Marseille, on en parle depuis le PLD de 2008. On fait vraiment un rattrapage avec cette action-là, ça fait 12 ans que ça traîne.»

Consultations

Des résidents et commerçants de la rue de Marseille consultés par Métro déplorent tout de même le manque de consultation en dehors du forum citoyen du PLD.

Seul un responsable du centre commercial Domaine a été rencontré en visioconférence par un ingénieur de l’arrondissement, confirme la chargée de communication Jeanne Fournier.

«On se fait un peu imposer le projet. Personne n’est venu nous voir pour nous dire: « On pense aménager la rue de Marseille, qu’est-ce que vous en pensez? » », soutient la copropriétaire de la Crèmerie Mix, Nay Theam.

Mme Theam pense que l’impact de la reconfiguration sur son commerce de la rue de Marseille sera moindre.

Toutefois, elle a l’impression que sa voix ne compte pas. «La piétonnisation de la rue Ontario a été faite en collaboration avec la Société de développement commercial Hochelaga-Maisonneuve et beaucoup de projets sont faits avec l’Association des commerçants de Tétreaultville. Nous, on tombe dans un flou, mais on existe quand même.»

Appelé à réagir, le propriétaire du magasin de vélo Marseille Bicycle et Sport, Kenf Dalaroy, avoue ne pas avoir été informé des futurs aménagements. «On a été mis au courant en voyant la pancarte de sens unique, mais je ne savais même pas qu’il y avait une piste cyclable», dit-il.

Cependant, M. Dalaroy accueille favorablement le projet. «Une piste cyclable amène plus d’achalandage. Les commerçants vont être plus visibles de la rue par les cyclistes et les piétons, contrairement à un automobiliste qui passe rapidement», pense-t-il.

De son côté, le maire Lessard-Blais est confiant que l’axe commercial se portera bien, notamment en raison de l’emplacement de la station de métro Langelier et la construction de nouveaux développements résidentiels.

Réactions mitigées

Au-delà du processus de consultation, c’est la nature même du projet qui divise les citoyens du secteur, selon des témoignages recueillis par Métro.

Résident de la rue Beauclerk, Jean-Sébastien Guénette, pense que l’implantation d’une piste cyclable sur ce tronçon est inutile. «Le trajet se fait super bien sans piste cyclable autant pour moi que mes enfants, dit-il. Je n’ai jamais eu de crainte pour ma sécurité.»

Comme d’autres, M. Guénette estime que la mise à sens unique causera bien des maux de têtes. «Les déplacements que nous aurons à faire dans le quartier en voiture seront tous un peu plus compliqués», affirme le père de famille.

«Les gens devront passer devant des écoles sur Pierre-de-Coubertin, ce qui augmentera le risque de percuter un enfant», renchérit Chantal Lambert.

D’autres citoyens sont plutôt d’avis que les changements rendront la rue plus sécuritaire et plus conviviale pour le transport actif.

«Sur la rue de Marseille, quand il y a deux autos de stationnées de chaque côté avec la circulation en contresens, le vélo n’a pas de place. Je le fais régulièrement», raconte Christian Jacques.

Ce dernier a récemment déménagé en ville où il peut faire le choix d’un moyen de transport plus écologique. «Les mentalités ne changeront pas du jour au lendemain, mais quand les infrastructures sont là, ça amène plus de gens à utiliser autre chose que l’auto pour se promener, aller travailler et faire des courses.»

Même son de cloche du côté d’Amina Sanchez: «J’écris depuis des années au maire (ancien M. Ménard, maintenant M. Blais) pour faire un projet comme celui-là. Au lieu de devoir aller au centre d’achats en auto, je vais plutôt encourager mon épicerie de quartier et les commerces sur ma rue en vélo.»

Les travaux de transformation de la rue de Marseille débuteront à la mi-septembre et devraient se terminer un mois plus tard.

Une somme de 50 000$ a été affectée du surplus budgétaire de l’arrondissement pour la réalisation du sens unique et de l’aménagement des voies cyclables sur la rue de Marseille.

250

Environ 250 places de stationnement seront retirées sur la rue de Marseille. Les espaces de stationnement réservé (vignettes) seront relocalisés sur les rues adjacentes (Dickson, Bossuet et De Cadillac et sur l’avenue De Repentigny).

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