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Promenade Ontario: Papaye et Mangue met la clé sous la porte

Les tablettes vides de la fruiterie Papaye et Mangue. Photo: Jason Paré, Métro

La Librairie Z vient de réduire radicalement ses jours d’ouverture – elle n’est maintenant plus ouverte que du vendredi au dimanche – en raison, selon le propriétaire, des pertes financières occasionnées par la piétonnisation de la promenade Ontario. Contrainte de fermer ses portes, la propriétaire de la fruiterie Papaye et Mangue pointe également du doigt la piétonnisation.

Rencontrée lundi quelques minutes avant la fermeture définitive de son établissement, Paula Deyoung a expliqué qu’elle se battait depuis quatre ans avec d’autres commerçants contre la piétonnisation de la rue Ontario, mais qu’ils ont chaque fois perdu.

C’est en regardant ses chiffres jeudi dernier que la femme a décidé de mettre la clé sous la porte de sa fruiterie qui avait pignon sur la rue Ontario depuis 13 ans. «Je suis tombée enceinte il y a 13 ans et je viens d’avorter, a-t-elle déclaré, affligée par la situation. Je pleure depuis que j’ai vu mes chiffres jeudi dernier.»

L’enfer est piétonnisé de bonnes intentions?

Lors du passage de Métro lundi dernier, la sœur et la fille de Paula étaient présentes afin d’aider cette dernière dans ces moments difficiles. Des résidentes du secteur sont également venues dire au revoir à la propriétaire de la fruiterie, qui a l’impression de perdre sa famille.

Si la pénurie de main-d’œuvre, la multiplication des sens uniques et les travaux dans le secteur ont été évoqués, Paula Deyoung a soutenu que c’est principalement la piétonnisation qui explique ses pertes de revenus – autour de 130 000 $ – pendant la période estivale.

«Il y a plus de monde ici lorsqu’il y a de grosses bordées de neige l’hiver que quand il fait beau l’été», a affirmé la fille de Paula.

Pas d’amalgame

Interrogé par Métro, le directeur général de la Société de développement commercial (SDC) Hochelaga-Maisonneuve, Patrick Legault, souhaite qu’on ne fasse pas automatiquement un amalgame entre la fermeture d’un commerce et la piétonnisation, même s’il admet que ce n’est pas nécessairement avantageux pour certains établissements.

Patrick Legault mentionne en revanche que d’autres commerces tirent leur épingle du jeu. Il ajoute qu’un service de livraison par vélo-cargo et des subventions à l’aménagement sont disponibles, et mentionne que le taux de vacance des locaux commerciaux est peu élevé sur la rue Ontario.

Le directeur général de la SDC Hochelaga-Maisonneuve ne comprend cependant pas pourquoi les travaux sur la rue de Rouen prennent autant de temps et croit que cela a un impact négatif sur l’artère commerciale.

«C’est un gros fail», dit-il, invitant Métro à questionner l’Arrondissement qui, au demeurant, est responsable de la mise en place de la piétonnisation de la rue Ontario.

Hausse de loyer

Exemple de commerçante qui apprécie la piétonnisation: Chanelle Maratta, propriétaire d’Hellvis, une boutique de bières et de confiseries. Le commerce doit déménager, mais Chanelle Maratta assure que cette relocalisation n’a rien à voir avec la piétonnisation. Cette décision est plutôt due à une augmentation de loyer s’élevant à 2000 $. Si le commerce demeurera sur la rue Ontario, entre les rues Saint-Germain et Darling, il ne se trouvera cependant plus dans la zone piétonne, ce que regrette la propriétaire. «J’aimerais qu’il ferme la rue jusqu’où je vais déménager», dit-elle.

Réponse de l’Arrondissement

Il n’a pas été possible de parler avec les élus de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, le maire Pierre Lessard-Blais et ses deux conseillers étant actuellement en vacances.

N’empêche, l’Arrondissement indique que depuis la première édition de la piétonnisation de la rue Ontario, il a mis en œuvre «de nombreuses mesures pour répondre aux problématiques soulevées», notamment en la mettant en place dès la fête de la Saint-Jean-Baptiste et jusqu’à la fête du Travail, «pour s’arrimer avec les vacances».

«[La piétonnisation] anime ainsi les semaines estivales les plus tranquilles de l’année et augmente l’achalandage sur la rue», soutient l’Arrondissement.

De plus, pour une première fois cette année, les espaces temporaires réservés sur les rues adjacentes combleraient à 100% les pertes de stationnements dues à la piétonnisation, affirme l’Arrondissement.

Enfin, l’Arrondissement mentionne que les travaux sur la rue de Rouen, entre les rues Darling et Aylwin, devraient être terminés dans les prochains jours. «D’ici là, des détours sont mis en place pour la circulation automobile et des aménagements permettent la circulation piétonne, l’accès aux bâtiments et la circulation cycliste.»

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