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Incertitude pour une école d’alphabétisation de Montréal-Nord

L’ambiance était malgré tout à la fête lors de l’anniversaire d’Apprendre et grandir, jeudi dernier. Photo: TC Média

Présente depuis 30 ans à Montréal-Nord, l’«école Apprendre et grandir» risque de ne pas souffler sa 31e bougie, si elle ne trouve pas rapidement un nouveau local.

L’année 2017 devait être synonyme de célébration pour Apprendre et grandir qui passe le cap de la trentaine. Animée par deux enseignants de la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSPÎ), cette «classe alternative» permet à des adultes du quartier de suivre gratuitement des cours de francisation et d’alphabétisation.
«Il y a encore cinq ans, je ne pouvais même pas lire le nom des rues, mais aujourd’hui je me débrouille même avec le journal», se félicite Michel Lamoureux, un septuagénaire qui étudie à Apprendre et grandir.
Comme lui, une soixantaine d’adultes s’y inscrivent chaque année. Mais depuis le printemps dernier, une épée de Damoclès est suspendue au-dessus de leurs têtes.
«L’immeuble que nous occupons va être vendu et nous pourrions nous retrouver à la rue si nous ne trouvons pas d’entente avec les nouveaux propriétaires ou un autre local pour nous accueillir», déplore Diane Champagne, enseignante à Apprendre et grandir.

Quand tout s’écroule
Lancée à la fin des années 80, cette classe repose sur un partenariat entre la CSPÎ et la Société Saint-Vincent de Paul (SSVP), organisme qui est encore propriétaire de la bâtisse située au 11624-6 avenue l’Archevêque, pour une cinquantaine de jours.
Au rez-de-chaussée et au premier étage, la SSVP offrait un service d’aide alimentaire.
«Nous hébergeons gracieusement Apprendre et grandir au deuxième, en échange la CSPÎ nous rembourse les frais d’opérations pour contribuer à la tenue des classes», explique Alain Besner, président de la SSVP.
Or, depuis quelques années, l’organisme peine à entretenir les nombreux édifices qu’il détient dans la métropole en raison de difficultés financières.
Infiltration d’eau, problèmes de chauffage, briques qui menacent de tomber sur la chaussée, toit à refaire…La remise en état du bâtiment nécessite un investissement de 300 000$. «Ce déficit d’entretien concerne même notre siège de la rue Champlain, mais là on parle de travaux évalués à plus de 1M$», précise M. Besner qui n’a eu d’autres choix que de mettre en vente l’édifice situé à Montréal-Nord.

Ce sont les mêmes raisons qui ont poussé la SSVP à fermer, il y a presque 2 ans, l’Accueil Chez Frédéric qui était situé un peu plus haut sur l’avenue l’Archevêque.

«On a eu une offre d’achat pour le convertir en logis familiaux subventionnés», précise M. Besner. Le bâtiment du  11624-6 avenue l’Archevêque, sera quant à lui vendu à la Mission Bon Accueil qui devrait s’y installer en début d’année prochaine. L’organisme, dont les représentants n’étaient pas disponibles au moment de rédiger cet article, offrira, entre autres, des services dépannage alimentaire.

«D’où leur intérêt pour la bâtisse qui est déjà équipée d’une chambre froide et d’un monte-charge», partage M. Besner, rassuré de voir que «ce service continuera d’être assuré aux bénéficiaires du quartier».

 «On est dans le flou» 
L’avenir d’Apprendre et grandir est quant à lui loin d’être aussi certain.
À la recherche d’un autre local gratuit, Diane Champagne et son collègue Yves Dumoulin ne comptent plus les portes auxquelles ils ont frappé pour demander asile. «Mais on n’a pas eu de succès jusqu’ici», se désole M. Dumoulin. «Nous ne bénéficions pas de revenus en dehors de nos deux salaires, nous ne pouvons donc pas payer de loyer à l’heure actuelle», ajoute Mme Champagne.
Associée depuis toujours à ce projet, la CSPÎ, qui ne peut pas non plus financer un tel loyer, cherche malgré des solutions. «On nous a proposé de nous installer temporairement dans une classe de l’école Calixa-Lavallée», partage Mme Champagne alors qu’elle vient d’apprendre la nouvelle. «Nous avons plutôt besoin d’un local situé en dehors d’une école et qui ait pignon sur rue, car nos élèves sont des adultes qui ont souvent eu une relation difficile avec le système traditionnel», rappelle Mme Champagne.

Il reste encore quelques semaines à Apprendre et grandir pour trouver une issue de secours sur le long terme.

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