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Sans liquidités ni employés, l’organisme Horizon jeunesse dans le pétrin

Le site web du programme Horizon jeunesse, toujours en ligne au moment de la mise en ligne de cet article. Photo: Olivier Faucher - Métro Média

Endetté, l’organisme Horizon jeunesse n’a plus argent ni employés. Alors que ses activités sont suspendues, le conseil d’administration a lancé une enquête interne afin de faire la lumière sur la gestion des fonds par l’ex-directeur et fondateur de l’organisme. Ce dernier se défend et affirme avoir tout fait pour le sauver.

Au mois de septembre 2019, Pierre-Richard Simon, directeur, rencontre le conseil d’administration du programme Horizon jeunesse afin de leur présenter la situation financière de l’organisme. Les constats sont inquiétants. L’organisme qui offre des activités aux jeunes du quartier depuis des années n’a plus de liquidités.

Surpris par cette présentation, le conseil d’administration décide le 11 octobre dernier de suspendre M. Simon le temps de faire enquête sur de possibles «irrégularités dans la gestion des fonds», comme l’explique Me Martin St-Jean , avocat représentant le conseil d’administration.

Selon ce dernier, M. Simon se serait présenté «pratiquement les mains vides» lorsqu’il a été convoqué le 5 novembre pour s’expliquer et remettre tous les documents de l’organisme en sa possession. Quelques jours plus tard, il a remis sa démission.

Confronté à une situation financière «insoutenable», le conseil s’est résigné à suspendre les opérations d’Horizon jeunesse. Une note avait été laissée devant les locaux où se tenaient les activités pour en informer les parents et les responsables des activités.

Les dizaines d’employés ont subitement perdu leur emploi. Plusieurs d’entre eux n’ont toujours pas reçu leurs dernières paies.

«L’enquête est difficile à mener compte tenu du manque de collaboration de M. Simon et M. Ndiaye [qui était mandaté par M. Simon pour gérer la comptabilité]», soutient Me St-Jean.

M. Simon a été convoqué par la Commission scolaire de la Pointe-de-l’île (CSPI), qui finançait une partie des activités d’Horizon jeunesse, en novembre 2019, afin de fournir des explications, mais l’ex-directeur ne s’est pas présenté.

L’ex-directeur blâme le conseil

Pour Pierre-Richard Simon, les problèmes financiers d’Horizon jeunesse ne devraient surprendre personne. Il affirme qu’elle est une conséquence du sous-financement des organismes de Montréal-Nord. «Ça fait deux ou trois ans que je sonne l’alarme, affirme-t-il, en entrevue avec le Guide. Je faisais des pirouettes parce que l’organisme n’avait pas de financement de base. Je pense que le CA s’est réveillé à minuit moins une».

La perte d’une subvention de 60 000$ a été le coup fatal, selon lui. «C’est ça qui nous permettait de faire le pont entre deux subventions, indique-t-il. Il attribue cette perte à une restructuration chez un bailleur de fonds.

Se disant atteint de la maladie de Crohn, M. Simon soutient avoir signifié en septembre son intention de quitter l’organisme pour des raisons de santé. Il qualifie sa suspension «d’hypocrisie».

L’ancien directeur est d’avis que les membres du conseil d’administration n’en ont pas assez fait pour sauver l’organisme.

En réponse aux allégations d’irrégularités dans la gestion, M. Simon se défend. «On n’a pas mal administré, dit-il. On fait comme ça depuis des années! Si ça avait été à refaire, je l’aurais fait de la même façon.»

Une situation «insolvable»

Alors que de nombreux services ne sont plus donnés par l’organisme depuis le mois d’octobre, une reprise à court terme de ceux-ci est peu probable. «L’organisme est présentement insolvable et n’a aucune source de revenus», informe Me St-Jean.

Les membres du CA entendent «tout faire en leur pouvoir» pour que les parents dont les enfants étaient inscrits aux activités à l’automne 2019 soient remboursés. «Des démarches en ce sens sont en cours», indique Me St-Jean.

Le conseil d’administration n’a «aucune information» sur les paiements non reçus par des employés, selon Me St-Jean. «Compte tenu de l’insolvabilité de l’organisme, un employé qui n’aurait pas été payé ne le sera malheureusement pas dans l’immédiat.»

L’arrondissement de Montréal-Nord a pour sa part entrepris des démarches pour les services pour lesquels Horizon jeunesse était mandaté soient de nouveau donnés.

Pour les camps de jours, l’arrondissement ne s’inquiète pas pour la continuité des services. «Nous sommes à chercher un fournisseur qui pourra remplacer Horizon jeunesse si la situation ne se règle pas dans les délais requis», informe-t-on dans un courriel envoyé au Guide.

L’Espace jeunesse dans l’ouest de l’arrondissement dont Horizon jeunesse était responsable fait quant à lui l’objet d’un appel de proposition pour assurer son animation.

À la CSPI, on n’a pas voulu commenter la gestion interne de l’organisme. «Tout est mis en œuvre pour minimiser l’impact de cette situation sur nos élèves et assurer la poursuite des services auparavant offerts par le programme Horizon jeunesse», a déclaré la directrice des communications, Valérie Biron, dans un courriel. «Je vous confirme que les services offerts par les agents de concertation sont maintenus».

Fondé en 2006, le programme Horizon jeunesse était subventionné pour offrir plusieurs services et activités à des centaines de jeunes de Montréal-Nord. Il était notamment l’un des deux organismes mandatés par l’arrondissement pour offrir des camps de jours «à petit prix». Il offrait les samedis de l’aide aux devoirs ainsi que des activités sportives et culturelles.

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