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De réfugié à pair aidant au sein de son école

Raphael Joseph, 17 ans, est pair aidant à l’école Calixa-Lavallée Photo: Olivier Faucher - Métro Média

Comme l’ont fait des milliers d’autres ressortissants haïtiens, Raphael Joseph a quitté son pays d’origine afin de trouver refuge au Canada. Un défi d’acclimatation et d’intégration pour un jeune adolescent. Trois ans plus tard, cet élève de l’école Calixa-Lavallée fait son chemin dans son nouveau pays d’accueil en aidant les nouveaux arrivants des classes d’accueil.

Pour la deuxième année scolaire consécutive, le jeune homme de 17 ans met à profit son expérience récente d’intégration pour guider ses camarades dans leur nouvelle vie.

«Quand tu rencontres des personnes qui viennent de pays différents ou qui viennent du même pays que toi, le genre de conversation culturelle que vous avez, c’est vraiment top, souligne Raphael. Puisqu’il y a beaucoup d’Arabes, on se fait des petites discussions sur le Coran et sur la bible. On se parle aussi de nourriture, par exemple.»

Au total, l’école Calixa-Lavallée compte une douzaine de classes d’accueil. Les élèves qui les fréquentent augmentent d’année en année. Forcément, le quotidien de Raphael est fait de nouvelles rencontres. D’occasions de socialiser. De découvrir.

«Quand on réussit à ouvrir les horizons des jeunes pour qu’ils puissent se faire des amis, pour nous c’est une fierté», explique le jeune homme.

Une expérience à partager

Après avoir vécu 13 ans en Haïti, Raphael Joseph a quitté son pays d’origine pour rejoindre son père aux États-Unis en 2016. Sa famille et lui ont décidé de venir au Canada l’année suivante.

L’arrivée au Québec n’a pas été de tout repos. Après avoir passé plusieurs jours dans un camp de réfugiés et dans un YMCA, Raphael a pu faire son entrée à l’école Calixa-Lavallée. «C’était bouleversant», relate-t-il.

S’il avait déjà appris le français grâce à son éducation en Haïti, Raphael a tout de même subi un «choc culturel» en apprivoisant la façon de penser au Québec.

«Entre Haïti et les États-Unis, il n’y a pas de grosses différences dans la culture et la religion», explique-t-il. Il donne l’exemple de l’homosexualité, qu’il trouve nettement plus tolérée au Québec. Ces changements n’ont toutefois pas été un obstacle, affirme-t-il, ajoutant s’être adapté «rapidement».

Son intégration dans son nouveau chez-lui se passe bien, à un point tel qu’il n’hésite pas à réciter ses poèmes lors d’événements à la Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord.

Aider les nouveaux arrivants

Ce sont les nouveaux amis de Raphael qui l’avaient convaincu de devenir pair aidant dans le programme de l’organisme Coup de pouce jeunesse qui œuvre au sein de l’école. Il a rapidement eu la piqure pour le bénévolat.

«Il est empathique avec les autres, décrit l’intervenante responsable des pairs aidants, Stéphanie Gagné. Il l’a vécu, donc il sait par quoi ils sont passés. Ça lui donne un lien plus direct avec ces jeunes».

Mme Gagné avait sélectionné Raphael pour le programme après une entrevue avec lui, procédure devenue habituelle en raison du nombre élevé de demandes pour devenir pair aidant.

Un programme récemment récompensé

Le programme de pairs aidants de l’école secondaire Calixa-Lavallée ont remporté un prix «Solidaires» de Centraide Grand-Montréal pour souligner la qualité de leur engagement et leur leurs réalisations. Ces jeunes ont notamment contribué à fortement diminuer le taux de décrochage scolaire de l’établissement.

Instauré depuis 2005, ce programme regroupe des élèves de l’école de 3e, 4e et 5e secondaire et facilite l’intégration de d’adolescents de 1e secondaire, mais aussi des nouveaux arrivants des classes d’accueil. Il est chapeauté par l’organisme Coup de pouce jeunesse de Montréal-Nord.

Ce soutien prend la forme, entre autres, de séances d’aide aux devoirs, d’activités spéciales pour les journées pédagogiques et d’animation dans un local réservé aux pairs aidants et leurs aidés.

Le prix met en valeur l’engagement particulier qu’ont su démontrer la cohorte des 28 pairs aidants de l’année scolaire 2017-2018.

Le programme a su se démarquer dans la catégorie «Relève» grâce à qualité de son engagement et par ses réalisations au sein d’un organisme communautaire, comme groupe de jeunes de moins de 35 ans.

«Ces jeunes [..], malgré leurs propres difficultés (pauvreté, difficultés scolaires, parcours migratoire difficile, réalité familiale particulière, etc.), ont contribué à l’accueil, à l’inclusion et à l’intégration des élèves nouvellement arrivés au secondaire», souligne Centraide dans un communiqué.

En 2006, un an après l’instauration des pairs aidants le taux de décrochage de l’école Calixa-Lavallée s’élevait à 60%.

 

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