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Niveau orange: des leaders religieux dénoncent une «injustice»

Lieux de culte
Photo: Olivier Faucher/Métro

À la suite du passage au niveau d’alerte «orange», les églises, mosquées et autres lieux de culte de la métropole doivent se contenter d’accueillir un maximum de 25 personnes. C’est 10 fois moins que les salles de spectacles, les cinémas et les théâtres. Un traitement «inéquitable», déplorent des leaders religieux, qui demandent au gouvernement provincial de revoir ses règles.

«Nous exigeons des autorités gouvernementales qu’elles reclassifient dès aujourd’hui les lieux de culte», a demandé aujourd’hui le président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, Christian Rodembourg, qui a dénoncé une «injustice» de la part du gouvernement.

Le système d’alertes régionales du gouvernement du Québec place les lieux de culte dans la catégorie «Activités organisées dans un lieu public». Celle-ci inclut aussi les salles louées, les événements festifs, les mariages et les célébrations professionnelles ou scolaires. Un maximum de 50 personnes est imposé à cette catégorie au palier d’alerte jaune, et de 25 personnes au palier orange.

Les salles de spectacles, cinémas et théâtres sont plutôt classées dans la catégorie «Auditoires et audiences dans un lieu public». Celle-ci prévoit une limite de 250 personnes, et ce, peu importe le niveau d’alerte, qu’il soit jaune ou orange.

Incompréhension

À Montréal, cette nouvelle a fait sursauter certains élus municipaux ce matin, dont la conseillère de la Ville Chantal Rossi. «C’est d’un illogisme sans nom, déplore-t-elle. Pourquoi on distingue tant les lieux de culte des autres espaces? Si l’église devient une salle de spectacle pour une collecte de fonds, est-ce qu’on applique le 25 ou le 250?», demande-t-elle.

Mme Rossi, qui œuvre aussi en tant que chanteuse dans plusieurs églises de Montréal, pense qu’on ne devrait pas négliger le rôle des lieux de culte dans le contexte actuel.

«Ce qu’on est en train de faire, c’est d’empêcher les gens d’aller dans leur lieu de culte qui est principalement, surtout un moment où on se parle, un lieu de ressourcement pour beaucoup. Psychologiquement parlant, prier, ça aide énormément.»

Pour l’Archvevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, le gouvernement doit faire la distinction entre ce qui se passe à l’intérieur et à l’extérieur de l’église

«L’enjeu, c’est les fêtes après. Si on parle de l’événement lithurgique lui-même, ce n’est pas plus dangereux que d’aller au cinéma.» Selon lui, les gens «comprennent généralement d’eux-même» qu’il ne faut pas briser les efforts de l’Église en se rassemblant après un événement.

Peu d’exemples de contamination dans les lieux de culte

Au moment mettre en ligne, le ministère de la Santé et des Services sociaux n’avait pas fourni d’explication à Métro.

La directrice de la santé publique de Montréal, Mylène Drouin, a toutefois commenté cette mesure ce matin.

«C’est vrai que pour les lieux de culte, je ne peux pas dire qu’on a eu des éclosions majeures ou des éclosions dans les dernières semaines», a-t-elle convenu. Selon elle, le raisonnement du gouvernement s’appuie vraisemblablement sur le fait qu’il y a «des fois des rassemblements à la fin, après la prière ou après la célébration, qui sont plus de nature socialisante.»

C’est justement ce manque d’exemples d’éclosions qui fait sourciller le vice-président de l’Association musulmane de Montréal-Nord, Abdelaziz Rzik. «Si on peut me prouver qu’il y a un plus gros problème avec les lieux de culte qu’avec les salles de spectacles, on va l’accepter», affirme celui qui gère également la mosquée Noor Al Islam.

Selon lui, c’est plutôt la capacité d’un lieu à faire respecter les distances qui devrait être considéré. «On a 10 000 pieds carrés de superficie. Ce n’est pas comme un lieu à 4000 ou 8000», fait-il valoir.

En outre, M. Rzik soutient être rigoureux quant aux mesures en place au sein de la mosquée. «Les entrées et les sorties sont contrôlées avec un système de puces électroniques, dit-il. On a mis un lavabo pour que les gens se lavent les mains, ils mettent leurs souliers dans un sac de plastique, on leur donne un papier pour mettre sur leur tapis et un masque s’ils n’en ont pas. Ça se passe très bien.»

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