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Montréal-Nord: une locataire lui a fait vivre un calvaire

Sheila Dragon, propriétaire, devant le mur qu'a arraché son ancienne locataire. Photo: Olivier Faucher/Métro

Après une année de «cauchemar», une propriétaire de Montréal-Nord a réussi à faire évincer une locataire qui a partiellement saccagé le logement qu’elle habitait. La victoire est toutefois douce-amère puisqu’elle devra maintenant débourser des milliers de dollars pour réparer les dommages.

La dernière année a été des plus difficiles pour Sheila Dragon, propriétaire d’un édifice de sept logements sur le boulevard Rolland. Habitant elle-même dans l’immeuble, elle a dû vivre pendant près d’un an avec une locataire qui l’a intimidée et qui a vandalisé un de ses appartements.

Le 7 juillet, le tribunal administratif du logement a ordonné l’expulsion de cette locataire pour avoir «installé un climat de terreur», avec ses invités, dans l’immeuble.

«Il y avait du harcèlement et de l’intimidation chaque jour. Elle me traitait « d’ostie de noire »», raconte Mme Dragon.

Les problèmes avec cette locataire auraient commencé dès le jour où elle emménageait dans l’appartement.

Dommages majeurs

Refusant de quitter les lieux, cette locataire se serait vengée en détruisant carrément le logement.

Lors d’une visite de l’appartement, Métro a pu constater de multiples dommages majeurs. Ceux-ci ont aussi été documentés par un huissier de justice.

Un mur presque complet a été arraché et des dégâts d’eau ont été causés intentionnellement. Des comptoirs et des portes ont été défoncés. Le bain a été bouché avec du sable. La plupart des murs ont été tachés de peinture grise. À certains endroits, des insultes à l’endroit de la propriétaire ont été écrites à la main.

«Il faut tout refaire», déplore Mme Dragon, alors que des parties du logement avaient été rénovées peu avant l’arrivée de cette locataire. Elle estime qu’elle devra débourser entre 10 000$ et 15 000$ pour faire les réparations et louer le logement à nouveau.

«Je n’ai pas les moyens. Qu’est-ce que je vais faire pour réparer cet appartement? Pendant ce temps, je perds un loyer», -Sheila Dragon, propriétaire

La locataire nie catégoriquement

En entrevue avec Métro, la locataire évincée affirme être en désaccord avec la décision du juge. «Je ne la comprends pas», dit-elle. Elle évalue ses recours afin de faire renverser ce jugement, qui «salit son nom» à la Régie du logement.

Mme Lavigne-Daraiche nie catégoriquement avoir été une mauvaise locataire et d’avoir tenu des propos racistes. Elle jette plutôt le blâme sur sa propriétaire qu’elle accuse d’avoir mal entretenu l’appartement et explique qu’elle a arraché le mur d’une pièce afin de montrer qu’il y avait présence de moisissure.

Mme Lavigne-Daraiche reconnaît toutefois avoir peint les murs pour se venger. «Je voulais qu’elle paie quelque part. J’ai mis de la peinture. Ma fille et mes amis avaient écrit des insultes».

Mise en garde

Mme Dragon avait fait peu de démarches d’enquête auprès de la candidate locataire. Elle en appelle à la vigilance.

«Dans mon cœur, il fallait que j’aide cette mère monoparentale qui voulait vraiment le logement. Après, j’ai su que toutes les informations qu’elle m’avait données étaient fausses.»

La Corporation des Propriétaires Immobiliers du Québec (CORPIQ) recommande fortement de faire des vérifications approfondies avant de signer le bail. «C’est très important de faire une enquête de crédit et une enquête sur le candidat pour voir s’il y a des antécédents», explique la conseillère aux affaires publiques et gouvernementales, Marie-France Daoust.

La CORPIQ dénonce également le peu de recours s’offrant aux propriétaires victimes des mauvais locataires.

«On a beau avoir une locataire qui quitte, le propriétaire reste avec les dommages, souligne Mme Daoust. Même s’il y a un jugement, il va devoir assumer la réparation de celui-ci. Au Québec, il n’y a rien qui protège un propriétaire immobilier. On est la seule province où le dépôt de garantie est illégal et où on n’a pas le droit d’exiger un dépôt.»

Seulement 6% des propriétaires victimes de dommages obtiennent un jugement leur permettant de récupérer les sommes perdues, selon la CORPIQ.

Ce texte a été mis à jour depuis sa publication afin d’ajouter la version des faits de Martine Lavigne-Daraiche.

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