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Des Nord-Montréalaises dénoncent le harcèlement de rue

Mélina Savard estime que le harcèlement de rue arrive si souvent qu’il est banalisé. Photo: Olivier Faucher/Métro

Compliments non sollicités, insistance et parfois même insultes : c’est la réalité pour plusieurs femmes dans les lieux publics. Des Nord-Montréalaises qui témoignent du harcèlement de rue qu’elles subissent plaident pour une conscientisation chez les hommes du secteur.

«Je trouve qu’il y en a beaucoup, mais on banalise ça. Ça arrive trop souvent. Les gars pensent que c’est normal.»

Mélina Savard aimerait pouvoir toujours se sentir en sécurité lorsqu’elle marche seule ou avec ses amies. Mais le comportement de plusieurs hommes ne lui permet pas. Comme bien d’autres femmes, il lui arrive souvent d’être abordée par des gars parfois insistants.

«Au gym, [ils] viennent te voir, ils te demandent ton numéro. Tu dis non et que tu as un copain et ils insistent. Ils disent que c’est juste pour être amis. Quand quelqu’un te dit non, c’est non», martèle-t-elle.

«Ça n’a pas sa place»

La jeune femme de 21 ans est parmi celles qui ont prêté leur voix à un projet de l’organisme Café-jeunesse multiculturel. Celui-ci dévoilera plusieurs capsules vidéos visant à aborder le problème du harcèlement de rue.

C’est en faisant un vox pop auprès de femmes de Montréal-Nord que la travailleuse de rue Vanessa Desprez s’est rendue compte de l’ampleur du problème.

«Dans la façon qu’elles l’exprimaient, c’était quelque chose d’habituel, qui faisait partie du quotidien, qui était banalisé.»

Séphora Ghoulam a elle aussi participé au projet. Elle explique qu’il est presque impossible d’éviter de recevoir des commentaires à certains endroits.

«Quand il y a un groupe d’hommes posés quelque part, proche d’une école, d’un restaurant ou d’un dépanneur, c’est sûr que tu vas avoir des commentaires.» -Séphora Ghoulam, 22 ans

Selon ses expériences, il est parfois difficile pour une femme de se sortir de la situation.

«La personne peut devenir irritable, commencer à te demander pour qui tu te prends et de te calmer. Des fois, on me traite de conne ou on me dit que de toute façon je ne suis pas belle.»

Changer les mentalités

Selon les femmes à qui Métro a parlé, le harcèlement de rue impose des contraintes dans leur vie : les heures où elles sortent, les rues qu’elles empruntent, les vêtements qu’elles portent. Certaines observent aussi problème est présent partout dans la métropole, mais qu’il semble encore plus fréquent à Montréal-Nord.

«Au centre-ville, ça peut m’arriver alors que je suis bien habillée, mais à Montréal-Nord ça peut m’arriver alors que je suis en joggings», témoigne Mme Ghoulam.

«Je dirais qu’ici, les hommes sont peut-être moins conscientisés. Ils ne se rendent pas compte qu’ils font du harcèlement», pense pour sa part Vanessa Desprez.

C’est justement cette conscientisation que ces femmes souhaitent initier.

«Il ne faut pas insister si la fille n’est pas intéressée, explique Mélina Savard. Dans la rue, quand il fait noir, t’arrêtes à côté d’une fille, ça fait peur.»

«Les hommes vont peut-être se reconnaitre dans les témoignages et se rendre compte qu’ils ne courtisent pas de la bonne façon», pense Vanessa Desprez.

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