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Vers un autre été chaud dans le nord-est de l’île de Montréal ?

Photo: Josie Desmarais/Métro

Alors que les agressions et fusillades se succèdent à Montréal, notamment dans les quartiers du nord-est, des intervenants déplorent une situation potentiellement explosive. L’appel à l’action pour freiner l’escalade de violence est unanime, mais les ressources communautaires et policières sont loin d’être suffisantes.

Le 29 mai, un homme de 22 ans est atteint par des projectiles d’arme à feu en plein jour à Montréal-Nord. Les suspects s’enfuient à bord de leur véhicule. Le jeune homme, lui, ne se relèvera pas. 

Cet homicide, le dixième de l’année à Montréal, n’est pas le seul événement violent à avoir fait les manchettes ces dernières semaines. Au centre-ville, c’est une agression à l’arme blanche. Dans Rivière-des-Prairies, un véhicule utilitaire sport est criblé de balles. À Montréal-Nord, une fusillade dans un parc. À Villeray, des coups de feu entendus dans un secteur résidentiel. 

La situation est «critique et à deux doigts d’exploser», alarment des intervenants d’Équipe RDP, un organisme œuvrant aux rapprochements communautaires et à la prévention de la délinquance chez les jeunes.

Après plus d’un an de pandémie et de mesures de distanciation, les organismes devront travailler d’arrache-pied pour rebâtir les liens qui se sont effrités avec les jeunes. Les équipes d’intervenants vont accentuer leur présence auprès de ceux-ci «de manière constante et signifiante», promet Pierreson Vaval, directeur d’Équipe RDP, mais elles ne seront pas suffisamment nombreuses pour répondre à la demande, faute de temps et d’argent.

«Les financements ponctuels tardifs ne suffisent plus, souligne-t-il. Il faut près d’un an à mettre sur pied de telles initiatives, les aides financières se doivent d’être constantes.»

De son côté, Will Prosper, co-directeur de Hoodstock, organisme communautaire œuvrant auprès des jeunes de Montréal-Nord, pointe du doigt les réseaux sociaux. «La glorification des armes à feu est monnaie courante et contribue à la surenchère de la violence.»

Lutte aux armes

Selon la criminologue Maria Mourani, se procurer une arme sur Internet est d’une «facilité déconcertante».

«Les jeunes, particulièrement, ceux des gangs règlent leur conflit de cette manière. Il existe également de plus en plus des jeunes qui s’arment pour se protéger», explique-t-elle.

Annoncée en décembre 2020, l’Équipe dédiée à la lutte contre le trafic d’armes (ELTA) du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a été mise sur pied précisément pour s’attaquer aux réseaux de ventes d’armes à feu. Or, selon une enquête de Radio-Canada, cette équipe n’est actuellement composée que de 12 policiers, soit huit de moins que ce qui avait été prévu pour la première phase de son déploiement. 

David Shane, porte-parole corporatif du SPVM alerte sur plusieurs points. «Les ressources utiles aux corps de police sont humaines, matérielles et financières», souligne-t-il. Depuis trois mois, l’ELTA ferait son possible.

Le budget 2021-2022 présenté par le gouvernement Legault prévoyait déjà la participation du gouvernement du Québec. Cinq millions de dollars sont censés être injectés dans ELTA d’ici deux ans par le gouvernement.

Le SPVM indique être «en discussion» avec le ministère de la Sécurité publique afin d’obtenir davantage de financement.

M. Shane insiste tout de même sur le fait que ce groupe est «opérationnel», ajoutant qu’outre l’ELTA, plusieurs corps de police travaillent ensemble sur cette problématique. 

«Depuis le 7 mars nous avons comptabilisé près de 150 demandes de support pour différents dossiers en cours», indique le sergent Patrick Marinier du PDQ-39 à Montréal-Nord.

Chaque brigade est amenée à travailler et mettre en commun ses informations. Qu’il s’agisse du service des renseignements, de la division des stupéfiants ou du crime organisé.

Caroline Bourgeois, mairesse de RDP-PAT et responsable de la Sécurité publique au comité exécutif de la Ville de Montréal, se dit «vivement préoccupée» par la situation. «Le travail entre tous les paliers d’autorité publique doit continuer. Il faut que cela devienne une priorité nationale.» 

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