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Rapport du coroner: pas de blâme, mais une suggestion pour Cité Rive

Photo: Photo gracieuseté - Carole Francoeur

Le coroner Jacques Ramsay ne peut statuer si la mort de Rita Harvey, cette femme de 88 ans décédée en chutant d’une fenêtre du neuvième étage de la résidence Cité Rive, en juillet 2014 , est un suicide ou un accident. Il se demande toutefois si un garde-corps ou un mécanisme de blocage de la fenêtre aurait permis d’éviter cette tragédie.

Après une soirée bien arrosée et une nuit de sommeil, Mme Harvey a voulu ouvrir la fenêtre, le 14 juillet, vers 8h. Sa cousine, qui a dormi sur place, a vu que Mme Harvey était absente et la fenêtre grande ouverte. Elle s’est penchée au-dessus de la fenêtre et a vu le corps de l’octogénaire gisant sur le toit du deuxième étage de l’établissement, situé à la frontière des arrondissements de Montréal-Nord et de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles.

Même si le coroner indique clairement dans son rapport que la Régie du bâtiment du Québec s’est rendue sur les lieux et a statué que «les fenêtres respectent le Code national du bâtiment», il se permet de faire une suggestion.

«Sans en faire une recommandation explicite, j’invite certainement le propriétaire [de la résidence] à considérer l’ajout d’un garde-corps ou d’un mécanisme de blocage de la fenêtre à la faveur des travaux de rénovation qu’il entreprend périodiquement», a-t-il écrit dans le document rédigé en mai, dont TC Media a obtenu copie.

Normes plus sévères
Après le décès de Mme Harvey, la direction de l’établissement, qui héberge 1200 résidents, a demandé à la Régie du bâtiment du Québec de s’assurer que les fenêtres étaient conformes, ce qui a été confirmé.

Les premières tours de cette résidence ont été construites en 1995. Le Code du bâtiment stipulait alors que lorsque l’appui de la fenêtre était à 450 mm ou moins du sol, l’établissement devait installer un garde-corps ou alors un mécanisme de blocage permettant de limiter l’ouverture de la fenêtre à 100 mm.

C’est à cette norme que se conforme la résidence Cité Rive.

En 2005, le Code national du bâtiment a resserré la règlementation. Depuis, l’appui de la fenêtre doit être à au moins 900 mm du sol, sans quoi, un garde-corps ou un mécanisme de blocage doit être mis en place.

Selon Marie-Claude Masson, porte-parole de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ), ceci ne concerne que les bâtiments construits après 2005. Elle ajoute toutefois qu’un propriétaire doit s’y conformer s’il entreprend «une transformation majeure du bâtiment».

La sécurité: une priorité
Lorsque questionné à savoir si l’établissement avait l’intention de mettre en place des mesures pour éviter d’autres décès par défenestration, le directeur des opérations, Anicet Morzadec, répond que la sécurité est «prioritaire».

«Dès que l’on entreprend de modifier nos infrastructures ou que l’on veut changer quelque chose, la première question que l’on se pose c’est si c’est sécuritaire.
Nous allons poser des questions aux architectes et aux ingénieurs, car ce sont eux les professionnels de la construction», ajoute-t-il, se disant «sensible aux suggestions du coroner».

Il n’est toutefois pas en mesure de promettre que des garde-corps ou un mécanisme de blocage des fenêtres seront installés dans le futur. La direction n’a pas non plus évalué les coûts associés à de tels ajouts.

«Il faut aussi que les résidents soient d’accord. Je ne crois pas que la majorité souhaite qu’on bloque leurs fenêtres. Ils ne sont pas en prison, ici», souligne M. Morzadec.

Notons que, comme le coroner l’indique dans son rapport, il s’agit du deuxième cas de mort par défenestration à Cité Rive.

M. Morzadec affirme que dans ce cas, survenu il y a une douzaine d’années, c’était un geste délibéré. La défunte avait écrit une lettre de suicide avant de passer à l’acte.

Éviter d’autres accidents
Carole Francoeur, la fille unique de la défunte, veut éviter à d’autres un sort similaire.

«Je ne veux pas blâmer la résidence, mais il faut faire quelque chose pour éviter d’autres décès».

Mme Francoeur reconnaît que sa mère a déjà été alcoolique et a déjà eu des troubles d’anxiété ainsi que des pensées suicidaires par le passé. Toutefois, elle assure qu’elle allait beaucoup mieux dans les dernières années et qu’elle planifiait même une croisière en 2016.

La fille de la défunte favorise donc la thèse de l’accident.

Selon les informations du coroner, rien ne permet toutefois d’écarter la thèse du suicide, ni celle de l’accident, notamment en raison de l’alcool consommé la veille du décès.

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