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Le «trottoir-dépotoir» de l’avenue Chartrand

Photo: Photo TC Media - Jean-Marc Gilbert

Aux prises depuis des dizaines d’années avec ce qu’ils appellent le «trottoir-dépotoir», une trentaine de propriétaires de l’avenue Chartrand, à Montréal-Nord, en ont ras-le-bol de voir, au quotidien, des montagnes de déchets s’accumuler de l’autre côté de la rue, au pied des habitations à loyers modiques (HLM) de la Place Normandie. Les autorités, conscientes de la problématique, planchent sur une solution permanente.

«Nous avons une contemplation d’ordures sept jours par semaine. Tu ouvres le rideau de ton salon et c’est la première chose que tu vois», décrit l’un des nombreux propriétaires de résidences, rencontrés par TC Media.

Les locataires de la Place Normandie, qui abrite 168 logements, ont trois endroits pour déposer leurs déchets, sur l’avenue Chartrand. Le problème, c’est qu’ils le font «à toute heure du jour ou de la nuit, tous les jours».

Or, le règlement indique clairement qu’il faut déposer les déchets en bordure de trottoir, sans l’obstruer, entre 21h la veille et 8h le matin de la collecte. Dans ce secteur, les collectes d’ordures ménagères se font le mardi et le vendredi.

Les contrevenants s’exposent à des amendes variant de 50 à 500$.

«Une fois que le camion d’ordures est passé, il reste souvent des déchets au sol et le soir même, les gens recommencent à déposer leurs sacs», dénonce le voisinage.

Au pied d’une murale
Un de ces lieux de dépôt de déchets est au pied des murales peintes sur un mur extérieur d’un immeuble de la Place Normandie. «L’arrondissement a dépensé une fortune pour ces murales. C’est inacceptable qu’on y trouve une situation si scandaleuse. C’est écoeurant», témoigne un résident.

«C’est pas un cadeau ce qu’on a ici. Et en plus, ça sent mauvais. Nous payons des taxes», ajoute un autre.

L’ensemble des propriétaires rencontrés se disent gênés de recevoir des amis ou des proches à la maison.

Puisque plusieurs propriétaires sont des aînés, la section nord-montréalaise de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées (AQDR), appuie leur démarche.

«Lorsqu’ils voudront vendre leur maison, elle n’aura plus du tout la même valeur», dénonce la présidente Françoise Parc.

Nombreuses plaintes
Les résidents disent s’être plaint à plusieurs reprises, soit par le biais de la ligne 311 ou en contactant directement le maire de l’arrondissement et les travaux publics.

Preuve que le problème ne date pas d’hier, TC Media a mis la main sur une pétition datant de 2004, signée par une trentaine de propriétaires de l’avenue.

«Certains occupants défient quotidiennement le règlement municipal. Des dépôts d’ordures ménagères se font à toute heure du jour et de la nuit. Des enfants, des oiseaux, de la vermine et des fouilleurs de sacs s’en livrent à cœur joie», peut-on lire dans le document datant de plus de 11 ans.

Des bacs semi-enfouis dès le printemps

Même si les contrevenants s’exposent à des amendes, l’arrondissement a plutôt l’intention de mettre l’accent sur la sensibilisation plutôt que les contraventions en attendant l’arrivée des bacs semi-enfouis, au printemps, qui devraient «régler le problème une fois pour toutes.»

Montréal-Nord travaille avec L’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM), responsable de la Place Normandie, pour trouver une solution permanente.

«On prend le problème à bras le corps depuis le début de l’été, affirme Michel Lemay, chef de la division des communications de l’arrondissement de Montréal-Nord. Nous avons demandé à l’OMHM de procéder à l’installation de bacs semi-enfouis.»

Ces bacs, d’une capacité de 5000 litres (l’équivalent de 14 bacs roulant) sont à 60% dans le sol et 40 à l’extérieur. Ils sont munis de couvercle, ce qui empêche la propagation des mauvaises odeurs.

Selon les informations transmises par l’OMHM à l’arrondissement, un appel d’offres aura lieu d’ici la fin de l’automne, le temps de régler certains détails techniques et de choisir le type de bacs. On espère pouvoir les installer dès le printemps 2016.

Il s’agit, pour l’OHMH, d’un investissement pouvant aller jusqu’à 250 000 $.

Questionné à savoir pourquoi l’arrondissement a mis tant d’années avant d’agir, M. Lemay explique que, jusqu’à ce jour, l’entrepreneur responsable de la collecte d’ordures ménagères pour ce secteur ne disposait pas d’une flotte de camions permettant de soulever ces bacs semi-enfouis pour les vider.

«Dans le nouveau contrat de collecte que nous allons accorder, l’entrepreneur doit être en mesure de la faire», dit-il.

Sensibilisation
D’ici à ce que les bacs soient aménagés l’arrondissement et l’OMHM entendent «informer et sensibiliser les gens au respect des lieux». Les autorités ne souhaitent pas, pour le moment, imposer systématiquement des amendes.

«Une lettre sera envoyée très bientôt aux gens de la Place Normandie car, effectivement, le règlement n’est pas respecté», admet Chantal Roby, chargée de communication pour l’OMHM.

«Malgré les efforts récurrents, nous n’avons pas été en mesure de sensibiliser les gens», ajoute-t-elle, assurant toutefois que la salubrité est un cheval de bataille important pour l’OMHM.

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