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Décrochage scolaire à Montréal-Nord: une lutte par le dialogue

Photo: Romain Schué / TC Media

Alors que Montréal-Nord compte le plus fort taux de chômage de l’île, une ingénieure en génie chimique, native de l’arrondissement, multiplie les conférences pour tenter de convaincre les adolescents de rester à l’école. Une initiative qui porte ses fruits.

Au premier abord, Carmel-Antoine Bessard semble bien éloignée des difficultés économiques de l’arrondissement. Sourire franc et tenue colorée, cette diplômée l’université McGill et de l’École nationale d’administration publique (ENAP), ceinture noire également de taekwondo, paraît être un modèle linéaire de réussite. Pourtant, tout aurait pu basculer quelques années plus tôt.

«Prendre ma place dans ma famille, en tant que fille, n’était pas évident, explique la Montréalaise d’origine haïtienne qui a grandi sur l’avenue Garon. J’ai connu des quartiers en difficulté, des soucis avec mes parents, fugué et quitté leur domicile à 15 ans. Je ne suis pas une femme parfaite. Réussir était ensuite ma seule option pour pouvoir payer ma chambre et l’électricité.»

«Une crise sociale»
Un exemple personnel qu’elle cite régulièrement lors des différentes conférences qu’elle mène épisodiquement depuis 2008 et plus régulièrement depuis peu. Pour celle qui se rêvait «diplomate, historienne ou espionne», ces interventions dans les écoles de Montréal-Nord s’avèrent indispensables.

«Le décrochage scolaire est une crise sociale mais ces jeunes ne se rendent pas compte des conséquences de leur départ, surtout s’ils vivent toujours chez leurs parents. Mais à 20 ou 30 ans, c’est horrible et découvrent la vie qui les attend. Moi, je ne suis pas plus spéciale qu’un autre de ces enfants. Je suis juste allée chercher les outils pour acquérir des compétences.»

33%
Le nombre d’élèves qui quitteraient l’école Calixa-Lavallée avant la fin de leur secondaire contre 50% en 2008, selon l’établissement.

Une initiative saluée par le directeur de l’école Calixa-Lavallée. «Conserver les élèves en classe est un enjeu majeur, assure Dominic Blanchette. En 2008, près de la moitié des étudiants quittaient l’établissement avant d’avoir leur diplôme. Ce chiffre se réduit et il faut continuer d’abattre ces barrières. Il faut livrer des messages d’espoir et ils sont souvent mieux perçus par les jeunes lorsqu’ils proviennent d’organismes ou de personnes extérieures qui ont connu des difficultés.»

Rendre l’école plus joyeuse
Alors que le taux de chômage atteignait 14,1% de la population nord-montréalaise en 2011, Carmel-Antoine Bessard, bénévole pour l’opération Retour à l’école de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, aimerait faire des émules.

Son but ? Solliciter les parents «pour qu’ils ne culpabilisent par leurs enfants» en cas de problèmes scolaires et «créer un mouvement.»

«Si d’autres personnes pouvaient s’engager, prendre du temps, on pourrait pousser ces jeunes à rendre l’école plus joyeuse et en sauver quelques-uns. Si plusieurs chandelles s’allument, leur chemin s’éclaire. L’école m’a permis de découvrir d’autres horizons, de sortir de chez moi, de rêver. Ceux qui la quittent sont marginalisés et se retrouvent en détresse sociale, financière et psychologique. Il faut trouver des solutions.»

Le dialogue semble déjà en être une.

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