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Condos, voisins et promoteur immobilier

Verville Marie-Hélène - TC Media

Les immeubles du projet Cour Jolicoeur à l’ouest du boulevard Saint-Jean ne sont pas encore construits, mais font déjà des vagues auprès des voisins immédiats. C’est qu’un des constructeurs du projet, Construction Ala’a, n’a pas respecté des ententes prises avec ces résidants.

Les résidants habitent deux immeubles qui se font face sur la place Jolicoeur, et sont représentés par deux associations de condos différentes.  L’un de huit logements, et l’autre de cinq. Ils partagent ensemble une rue privée, qui sert de stationnement. Construction Ala’a souhaite construire 13 logements, sur le lot situé au bout de cette rue privée. Gestion Gamarco est propriétaire d’une partie du lot où se trouve actuellement l’immeuble à huit logements et souhaite y construire autre immeuble de huit logements.

En juin 2010, les deux associations de condos ont signé des ententes avec Construction Ala’a pour établir les servitudes. Le constructeur souhaitait utiliser la rue privée qui sert de stationnement aux gens des deux immeubles de la place Jolicoeur, pour y passer les grues, les pelles et autres engins nécessaires à la construction d’une bâtisse. Il souhaitait également connecter son bâtiment à venir sur les systèmes d’aqueduc, d’égout et  le drain situés sur la propriété des résidants actuels.

En échange, il promettait entre autres au syndicat de l’immeuble de huit logements de construire de nouveaux balcons aux propriétaires de l’association avant septembre 2011, de fournir également un montant de 5000$ à garder en féducie chez le notaire. Tout cela devait se faire avant les travaux de connexion et de début de la construction. Il a également promis au syndicat de condos de cinq logements de nouveaux comptoirs pour leur cuisine, et le déneigement de la rue privée pour trois ans.  Ces deux ententes ont été prises devant notaire.

Promesses non-tenues

Or, ce qui semblait une bonne idée au moment de la signature de l’acte notarié est en train de virer au cauchemar pour les résidants, affirme Richard Dubé, président de l’association des condos Jolicoeur. Son syndicat de copropriété de l’immeuble de huit logements a même engagé un avocat pour tenter d’arrêter les travaux. C’est que les travaux de connexion sur le réseau existant ont été exécutés en octobre, selon les résidants. Pourtant, les balcons attendent toujours en pièces détachées à même le gazon de la copropriété. Ils devaient être rénovés pour septembre. Et les sommes promises en garantie ne se sont pas rendues jusqu’au notaire, plaident les résidants.

Cette semaine, le syndicat de copropriété de l’immeuble à cinq logements tentait de faire respecter l’entente de déneigement, tel que prévu. Après moult rebondissements, le syndicat a décidé de payer de sa poche l’entreprise de déneigement, quitte à se faire rembourser par Construction Ala’a plus tard. C’est qu’après avoir passé un énième appel à Construction Ala’a pour qu’elle contacte enfin l’entreprise de déneigement, le syndicat de copropriété a appris mercredi que Construction Ala’a acceptait de payer seulement pour la rue, et non pas pour les places de stationnements de l’immeuble. Pourtant, lorsque appelé ensuite par les résidants de l’immeuble, le propriétaire de construction Ala’a aurait de nouveau promis de tenir sa promesse.

Les résidantes de l’immeuble de huit logements, Judy Cohen et Sharon O’Connor craignent surtout que le constructeur ne respecte pas également l’autre partie de l’entente, qui consiste à réparer les dégâts éventuels de rue privée après la fin des travaux. Aussi, elles craignent que le nombre d’espaces de stationnement ne soit pas suffisant une fois les bâtiments érigés. Selon Judy Cohen, le constructeur aurait promis de paver quatre espaces de stationnement supplémentaires, juste à côté, mais ce ne sera pas possible. Ces espaces seront vraisemblablement  utilisés par les prochains propriétaires d’un autre logement à construire juste à côté du leur. Le syndicat de l’immeuble de cinq logements fait aussi état d’une promesse semblable, celle de paver deux espaces près de son immeuble. Cela ne figure pas dans les documents notariés, par contre.

Le propriétaire de Construction Ala’a, Samer Elsewify, a accepté de parler au journal Cités Nouvelles. Selon lui, tout va bien. «Je respecterai mes promesses, évidemment. Je n’ai aucun problème, ces gens sont mes voisins», explique-t-il. Selon lui, les travaux de construction vont débuter lundi prochain et les délais sont normaux dans ce genre de situation.

Arrondissement impuissant

Les résidantes Judy Cohen et Sharon O’Connor se sentent abandonnées par l’arrondissement Pierrefonds-Roxboro. «Je ne comprends pas pourquoi Pierrefonds fait passer les intérêts d’un promoteur avant ceux des résidants qui paient des taxes municipales depuis 14 ans. Ils auraient dû être de notre côté! Il sont toujours du côté du promoteur!», affirme Mme Cohen.  À la Ville, tous les fonctionnaires et les élus interviewés par le Cités Nouvelles disent en cœur la même chose: «Nous ne pouvons rien faire, car il s’agit d’une entente privée».

 Il est encore plus difficile pour la Ville d’intervenir du fait que l’entente pour établir les servitudes communes a été signé à part des documents en litige. Cette deuxième entente, sous forme de trois autres documents notariés, a été signée cette fois par toutes parties, également par l’autre syndicat de copropriété de l’autre immeuble de la place Jolicoeur, situé juste en face.

Des arbres, deux constructeurs et un grand manque communication

Une résidante de la place Jolicoeur regarde le terrain qui sera construit juste à côté de chez elle. Certains propriétaires y  avaient planté des arbres sur la partie commune de ce terrain, pour laquelle ils paient des taxes depuis des années.  Ils ont eu la mauvaise surprise d’assister à la destruction de la végétation qui la recouvrait, sans préavis, disent-ils. Gestion Gamarco, propriétaire de l’autre partie du lot, y fera construire un immeuble de huit logements, l’arrondissement Pierrefonds-Roxboro vient d’approuver les plans. Les futurs propriétaires de cet immeuble feront partie du même syndicat de copropriété. «Avant d’entrer les bulldozers et de tout mettre à terre… Ça nous appartient à nous aussi! Comment peut-il construire sans dire « coucou, je m’en viens »?», affirmait en début de semaine le résidant Richard Dubé.  Rejoint plus tard dans la semaine, le propriétaire de Gestion Garmarco, M. Arduni était le premier surpris de cette destruction. «Je n’ai jamais engagé une firme quelconque pour cela», a-t-il expliqué au journal. Gestion Gamarco a plusieurs années d’expérience dans le domaine. Ils en auraient avertis leurs voisins, affirme M. Arduni.

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