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«Une trahison» pour 48 employés licenciés du Provigo Lucerne

Photo: (Michel Joanny-Furtin / TC Media)

Denis Lapointe aura passé 37 ans de sa vie professionnelle au Provigo Lucerne. L’employé fait partie de la cinquantaine qui perdront leur emploi à compter du 31 janvier. La compagnie a pris la décision de ne pas attendre l’ouverture du nouveau magasin pour fermer son commerce actuel.

Des travaux majeurs prévoient la démolition du Provigo actuel et qu’un nouveau magasin sera construit à même le Carré Lucerne au printemps 2016. Les employés eux devront attendre. Parmi eux, cinq cumulent 200 ans d’ancienneté.

Sentiment d’appartenance
«Après toutes ces années de service, on ressent ça comme une trahison. On nous balaye du revers de la main alors que pour la plupart d’entre nous, il y a un vrai sentiment d’appartenance qu’on ne ressent pas chez les « boss »», dénonce Denis Lapointe.

«J’ai commencé en 1978 à l’âge de 20 ans comme emballeur et commis aux fruits et légumes», se souvient M. Lapointe. «Avec les ouvertures de postes, avec l’expérience, j’ai traversé presque tous les départements. À l’époque, c’était le groupe Dominion qui gérait l’épicerie. Puis Provigo à acheté Dominion, quelques années plus tard», explique-t-il.

Alors que l’enseigne perdait de la vitesse et des clients, cette épicerie est devenu un magasin franchisé pendant six ans, mais toujours sous la bannière Provigo, qui a remonté depuis avant de revenir sous le giron de Lowblaws il y a quelques années. «C’est vrai que depuis que Lowblaws a repris Provigo, c’est plus « rough »», observe Denis Lapointe. Son épouse, Sylvie, a aussi travaillé pendant 25 ans chez Provigo.

«Parmi les 48 employés, nous sommes cinq à cumuler près de 200 années d’ancienneté: deux à 42 ans, une à 40, une à 39, et une autre à 30 ans de boîte. On en a connu des mouvements sociaux», se rappelle-t-il. «On a même connu une période de grève de six semaines en 1985, mais on a toujours trouvé une solution.»

«On a toujours développé des liens humains avec nos clients. Ils nous connaissent tous par nos prénoms. Il y a quelques semaines, on a même célébré l’anniversaire d’un client qui nous visite tous les jours. C’était pour lui toute une surprise le jour même de ses 103 ans! Nous avons aussi participé à beaucoup de commandites, pour les scouts, l’école Saint-Clément, les kermesses, etc., et le fameux kiosque de limonade de Katrin Paradis au profit de Sainte-Justine.»

«On a vu évoluer la clientèle, très anglophone dans les premières années pour devenir peu à peu de plus de plus francophone, et de plus en plus jeune aussi. Nous, on a aussi vu grandir les enfants de nos clients avant qu’ils deviennent aussi des clients qui habitent le quartier. Beaucoup sont tristes de nous voir partir ils sont de tout cœur avec nous et veulent faire quelque chose pour nous soutenir.»

Une épicerie sur deux étages
Le nouveau Provigo se développera sur deux niveaux, le rez-de-chaussée sera consacré à une galerie marchande avec plusieurs boutiques; et l’étage, accessible par ascenseurs et escaliers mécaniques, sera consacré au marché Provigo. Ce bâtiment est actuellement en cours de construction sur l’emplacement de l’ancienne banque Scotia à l’angle de Lucerne et Côte-de-Liesse. «Pour ce site et son nouveau bâtiment, ce genre de bail se négocie au moins pour 30 ans», croit Denis Lapointe.

 

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