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Soeurs missionnaires: tout laisser tomber pour l’inconnu

Photo: Vanessa Limoges /TC Media

Enseigner et soigner dans des zones éloignées ou de conflits armés quelque part entre la Zambie et Cuba, voilà le genre de mission dont s’investissent les Sœurs Missionnaires de l’Immaculée-Conception. Rencontrée par TC Media, Sœur Jeanne Gauvin a accepté de raconter «le plus beau risque de sa vie», les 16 années qu’elle a passé à Hong-Kong, loin de tous ses repères.

«Redonnez-moi mes 20 ans et je le refais demain matin», lance Sœur Gauvin le sourire aux lèvres.

En 1956, Jeanne Gauvin avait 18 ans. «J’étais une adolescente, je trouvais ça fou de risquer ma vie, raconte-t-elle. Mais quand on se débat avec une idée, c’est parce qu’elle a déjà fait son bout de chemin.»

Celle qui a grandi dans un milieu confortable, choyée par ses pairs, s’est embarquée en 1958 dans la plus déboussolante des aventures, mais aussi «dans la plus belle».

Elle suivrait la trace de ses deux sœurs et quitterait elle aussi le pays pour aider son prochain au sein des Sœurs Missionnaires de l’Immaculée-Conception.

Le voyage
La formation est la première étape et la plus éprouvante.

À 20 ans, Jeanne Gauvin quitte le nid familial pour compléter cette formation de six ans. «On devait s’assurer que nous étions solides et prêtes à affronter l’inconnu», explique-t-elle, indiquant que dans cette formation on apprend à être forte à la dure.

Dès lors, Mme Gauvin se met au second-plan. Elle laisse tomber tout ce qu’elle connait, même son nom. Rebaptisée Céline Martin, elle se dédie toute entière à sa nouvelle mission.

Dans les années 60, les professeurs manquent à Hong-Kong. Sœur Gauvin sait depuis le début qu’elle ne choisira pas l’endroit où elle passera les années qui suivront sa formation.

«À 26 ans, ma famille, les arbres, le Québec, tout s’accrochait à moi, mais je devais le faire et tout laisser derrière moi», raconte celle qui reverrait peut-être sa mère quelques décennies plus tard. «À la semaine prochaine, c’est ce que je lui ai dit», se rappelle-t-elle.

En 1964, elle arrive en Chine communiste pour enseigner la cuisine et la religion aux étudiants chinois. Elle s’immerge complètement. Quelques semaines plus tard, elle s’alimente comme les asiatiques, elle fonctionne comme eux.

Nouvellement enseignante, elle se retrouve vite devant des salles de 1000 étudiants, dans le chaos et le tintamarre de la Chine. Elle enseigne la catéchèse avec un micro devant des classes de protestants, de bouddhistes, de taoïstes,etc.

«C’est difficile, tout est un choc, mais même si la vie est difficile, elle est toujours plus belle que difficile», répète-t-elle à chaque chapitre de l’histoire.

Seize ans plus tard, des raisons de santé la pousse à rentrer auprès des siens. Quittant une vie qui est devenue sienne, elle ne parle que très rarement de son autre vie, celle d’Hong Kong. «Si ce n’était pas de ma santé, je ne serais pas ici aujourd’hui pour raconter tout cela, soutient-elle. Je serais toujours là-bas.»

Une histoire outremontaise
Le premier institut religieux missionnaire des Amériques a été fondé à Outremont en 1902 par Délia Tétreault, laquelle a habité l’arrondissement pendant plus de trois décennies.

Elle met alors en place un centre de formation missionnaire pour les filles qui désirent se dédier tout entière à des missions humanitaires.

En 1909, les six premières soeurs prennent leur envol pour Canton en Chine et y restent jusqu’à leur mort.

Désormais, 60 sœurs missionnaires sont toujours installées à Outremont.La maison-mère des Sœurs Missionnaires de l’Immaculée-Conception se trouve toujours au 314 Chemin de la Côte-Sainte-Catherine.

À travers le monde, quelque 560 sœurs viennent en aide aux personnes dans le besoin d’une quinzaine de pays.

Près de 100 jeunes sont actuellement en formation, une formation qui dure désormais plus de 10 ans et qui leur donne désormais le loisir de choisir leur destination.

L’exposition qui raconte l’histoire de Délia Tétreault et de sa communauté, «Du soleil dans les bagages», sera présentée à la Galerie d’Art d’Outremont, du 19 juin au 12 juillet, pour le 150ème anniversaire de naissance de Mme Tétreault. Chaque jour de l’exposition les visiteurs pourront échanger avec une soeur missionnaire.

Les soeurs se trouvent actuellement

  • En Asie: Chine, Hong Kong SAR, Japon, Taïwan, Philippines
    En Afrique: Malawi et Zambie
    Île de Madagascar, dans l’Océan Indien
    En Amérique du Sud: Bolivie et Pérou
    En Amérique centrale: Cuba et Haïti
    Au Canada: Québec et Ontario

 

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