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Remorquage Taz rejette l’accusation de collusion

Jean-Marc Lelièvre, président de Taz Remorquage Inc. Photo: Charlotte Lopez

Le propriétaire de Remorquage Taz inc. se sent « lésé » et se défend d’avoir fixé des prix et départagé des territoires avec ses concurrents, au lendemain de la publication d’un rapport accablant par le Bureau de l’inspecteur général (BIG) qui recommande de résilier ses contrats avec la Ville.

Cette décision est «ordinaire, je ne vois pas où il y a des problèmes. Parler de collusion, c’est de la grosse balloune, ils veulent se donner de la prestance», affirme Jean-Marc Lelièvre, président de l’entreprise de remorquage située dans Montréal-Est.

L’entrepreneur, qui a des contrats dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies – Pointe-aux-Trembles, entre autres, affirme que «la Ville insinue [qu’il fait] de la collusion alors qu’il n’en est rien, car la compétition ne venait pas à PAT», effrayée par «les exigences trop élevées» de la Ville.

Selon la décision rendue publique, Remorquage Taz inc. a usé durant les dernières années de «différents stratagèmes de nature collusoire à l’égard de plusieurs appels d’offres». L’enquête du BIG démontre que les entrepreneurs «ont conclu des arrangements entre concurrents relatifs à la décision de présenter ou non une soumission, au prix auquel soumissionner et au nombre de remorqueuses à inclure dans leur soumission.»

Mais M. Lelièvre n’y voit pas de stratagème.

«Il n’y a pas eu d’intimidation, j’ai appelé mes concurrents banalement, explique Jean-Marc Lelièvre. Ils peuvent mettre le prix qu’ils veulent, le mien est bon et pas trop élevé.»

Lelièvre affirme avoir voulu connaître les intentions de ses concurrents, mais pas dans le but de leur barrer l’accès au territoire. «Il y avait de la place pour tout le monde, il manquait même des fournisseurs pour les derniers appels d’offres.»

Le BIG a recommandé à la Ville de Montréal de résilier les trois contrats en cours de M. Lelièvre et d’écarter tout appel d’offres pendant cinq ans.

Deux autres entrepreneurs ont également été épinglés pour collusion par le BIG.

«Je suis lésé dans cette histoire, les contrats des deux autres [entreprises concernées] sont échus donc elles n’ont rien perdu, le gros perdant, c’est moi.»

De son côté, la mairesse de RDP-PAT, Chantal Rouleau, se dit «parfaitement d’accord avec la décision du BIG. Pour moi, dès qu’il y a des preuves qu’il y a eu collusion entre des soumissionnaires, l’Inspecteur général doit agir.»

L’arrondissement ajoute que ce contrat sera résilié et un nouvel appel d’offres sera lancé d’ici les prochaines semaines.

Une pratique répandue

Le problème de la collusion est généralement associé au domaine de la construction, comme on a pu le constater lors de la Commission Charbonneau. Danielle Pilette, professeure à l’UQAM et spécialiste en gestion municipale, avance que la collusion peut se produire dans «beaucoup d’autres secteurs.»

«À Montréal, les contrats de déneigement exigent de la rapidité, il y a un nombre limité d’entrepreneurs qui accepte de venir dans la Ville de Montréal, en raison notamment de la congestion et du stationnement, donc cela légitimise leur prix plus élevé et la collusion.»

Elle ajoute que le nombre limité de fournisseurs de service favorise les contacts entre concurrents, une pratique banalisée. «Les entrepreneurs pensent intervenir de façon légitime […] mais avant même qu’un entrepreneur appelle la concurrence, c’est déjà de la collusion».

La professeure regrette donc que la Ville de Montréal ne fasse pas assez de prévention concernant ce phénomène récurrent: «Le BIG fait de la réaction, mais il faut de la prévention par des processus, ce qui est fait à Montréal n’est pas suffisant.»

Selon elle, il est nécessaire de mettre en garde et prévenir les entrepreneurs et les citoyens, via les sites de tous les arrondissements de la Ville et les services centraux.

 

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